BLOGUE
Oui, je ne vais pas bien.
La santé mentale c’est tabou. Tout le monde en a une. On s’en occupe ou pas à tous les jours et de façon différente d’une personne à l’autre. Alors ça devrait être normal de s’en parler ouvertement, mais non.
Je contribue à ce tabou dans les dernières semaines. Je tais cet arrêt de travail, je ne le mets pas sur la liste de mon nouveau bien que je sois à la maison depuis plus d’un mois maintenant. Je n’en parle pas, bien qu’on me pose parfois la question. Le négatif moi, je ne me garroche pas pour le crier sur tous les toits. Je ne mélange pas non plus mes états d’âme à ma vie professionnelle. La fille qui faisait semblant que tout allait bien, c’est moi! Pas parce que je ne fais pas confiance à mes collègues, mais bien parce que mes résidents n’avaient pas à subir ou à être témoin de cette détresse. Il y avait assez d’angoisse et de stress relié à ce virus de cinq lettres et deux chiffres…
Publicité
Alors oui, je veux que ce soit normalisé cette santé qui fait partie de nous. Oui c’est pour ça que j’ai plein de temps pour marcher. Oui je prends du temps pour moi à tous les jours parce que depuis que ma fille est née je ne l’avais jamais fait. Je réduisais de jour en jour cette réserve d’aide et de don de soi à mes dépends. Je perdais des clés, des lunettes de soleil, j’oubliais des brassées dans la laveuse, je commençais quelque chose et je ne le finissais que dans la journée suivante. Je consacrais toute mon énergie positive à ce travail de don de soi et mon clan en payait le prix fort. Pas de patiente, des repas botchés parce que c’était le dernier de mes soucis et des accès de colère souvent disproportionnés.
Donc non je n’étais pas au top de ma forme quand vous m’avez vu dernièrement. Non je ne dors pas encore super bien ou suffisamment. Non je ne mange pas trois repas par jour, j’ai pas faim.
Mais chaque jour je fais de l’exercice physique pour essayer de vider cette anxiété qui se tapisse au creux de mon sternum. Je souris sur une photo qui passe parce que parfois je vois la lumière dans les êtres humains qui m’entourent et que le bonheur peut aussi venir avec une santé mentale qui déraille.