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Le vestiaire du cours de natation
Je ne suis pas particulièrement croyante, mais si je l’étais, je n’aurais pas à chercher bien loin pour trouver la punition divine qu’on m’a réservée pour 34 ans de vilaines paroles, de mauvaises pensées, de péchés de gourmandise, d’orgueil et j’en passe. La douleur de l’accouchement, les nuits écourtées et les mamelons maganés par l’allaitement? Non non. La punition divine dont je parle, la vraie, c’est le vestiaire du cours de natation.
Le vestiaire du cours de natation. Mais quelle horrible plaie.
Je ne veux rien entendre sur les vestiaires haute technologie de quelque ville fortunée (ou chanceuse) avec ses tapis en mou-mou de golf antidérapant qui élimine de lui-même la glu de pieds produite par les enfants. Ça vous étonnera, mais mon humble vestiaire FAMILIAL de piscine n’est même pas si gluant que ça. Moins que celui où je posais mes pieds, enfant, au Village Vacances Valcartier. Je suis prête à parier que, des années plus tard, ce vestiaire sent encore autant l’eau de Javel. Hey fly.
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La pire affaire du vestiaire du cours de nat’, ce sont nous, les parents. Les enfants ne sont même pas si pires, ils font leur job d’enfant. Ils explorent, ils n’ont pas envie de se mettre en maillot pour aller dans l’eau semi-frette, ils jouent avec un cadenas, se l’échappent sur le pied, pleurent… bref. Ce sont des enfants.
Mais les parents. Comme de pauvres esclaves malheureux. Les mamans dans leurs tankinis aux motifs de bateau de croisière, les papas au chest blanc comme celui du valeureux Bouli… bon, il y a bien quelques exceptions, ces parents en shape qui font suer tout le monde et viennent au cours de natation dans des maillots qui devraient être réservés aux défunts défilés Victoria Secret…
Bref, ça crie comme des perdus aux enfants de se DÉPÊCHER. Même pas avant le cours, parce que, t’sais, pas fous, eux non plus ils n’ont pas envie pantoute de se tirer à corps perdu dans l’eau chlorée à la température qui redresse la posture. Mais après le cours. Parce qu’ils sont pressés d’aller quelque part, de finir la douche qui lavera leur progéniture du vilain chlore, de les habiller trop chaudement en les laissant pieds nus marcher dans la glu (je répète, elle est pas si pire).
La question s’impose : ces enfants ont-ils rendez-vous avec Justin Trudeau pour parler de la crise climatique à 10 h 45 un samedi matin?
Vous trouvez que j’exagère? À peine. J’ai déjà entendu un père dire à sa fille qu’elle était « niaiseuse » parce qu’elle avait oublié sa bouteille d’eau à la maison. Une mère dire à son enfant de trois ans : « Mais qu’est-ce qui t’es passé par la tête de rester aussi longtemps sous la douche? » Violence ordinaire de parent à boutte.
Croyez-moi, je ne suis pas là de mon bord, à flotter dans mes gougounes, telle une Sainte-Marie-des-Flotteurs. J’enrage, moi avec. De cette tension des activités dites « familiales » obligatoires qui garantissent la sécurité de nos cocos, qu’on se tape un peu tous en même temps, en gang, esclaves du vestiaire familial autant que de la vie de famille qui amène son lot de tâches semi-dull et peu reluisantes dont personne ne parle sur Instagram. ELLE EST OÙ LA PHOTO DE BRAD PITT PIS SES 42 ENFANTS DANS LE VESTIAIRE DU COURS DE NAT?
Fait que 2020, on s’est fait un cadeau. On choke la nat. On va continuer à l’été. Anyway, on vit en ville, on n’en a pas de piscine pis nos amis non plus, fait qu’on a juste à noyer personne avant juin pis tout devrait ben aller.
Natationnement vôtre.
Rédaction :
Singefluenceuse
Mise à jour : 7 janvier 2020
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