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Le deuil du dernier bébé
On l’entend fréquemment cette phrase-là : « J’ai plus de bébé, déjà! ».
Pour quelqu’un qui a accouché il y a moins d’un an, faut dire, par moments, c’est dur à comprendre. Moi, perso, j’ai si hâte qu’il soit plus autonome. Aussi, j’imagine qu’il y a des personnalités plus « bébé » que d’autres. Comme ma tante, qui, après deux filles magnifiques de 8 et 10 ans, fondait en larmes chaque fois qu’elle évoquait la possibilité de ne pas avoir trois enfants. Un an plus tard, elle avait trois filles.
L’humoriste Léa Stréliski disait récemment dans une chronique sur celles qui ne veulent pas d’enfants (je sais, paradoxal) que c’était d’abord et avant tout un sentiment, cette affaire-là. Elle, son utérus affichait trois. Elle en voulait trois, et à deux, elle avait le feeling que quelqu’un manquait.
Mais comment faire quand on est arrivée à notre compte, qu’on décide de fermer la shop? J’ai beau faire ma tough, mais j’ai moi aussi un petit pincement au cœur chaque fois que je range un vêtement trop petit dans un sac destiné à la friperie, ou plutôt, dans la boîte de « à garder si on en a un deuxième ».
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Un ami me disait récemment qu’avoir des enfants ou ne pas en avoir, c’est un deuil inévitable dans la trentaine. Tu en as, tu dois faire le deuil de ta vie d’avant, d’une partie de ton sommeil, de ta liberté. Tu n’en as pas, tu dois faire le deuil d’avoir quelqu’un qui t’appellera Maman, Papa, et de souper avec tes ados plus tard. Le deuil du dernier bébé est donc, en somme, un deuil supplémentaire. Comme finir le secondaire, quitter un emploi, vivre une rupture. On laisse le souvenir de la petite enfance avec ses vertiges positifs comme négatifs derrière…
C’est la très avisée Maria Von Trapp (ou plutôt, sa version américanisée fictionnelle) qui disait que « Quand Dieu ferme une porte, il ouvre une fenêtre ». Ben c’est ça. Une fois la porte sur la phase bébé fermée, il y a tout un monde qui s’ouvre à nous. Plus de moments partagés, d’apprentissages… et, inévitablement, d’autres deuils. Perso, les plus belles affaires qui me sont arrivées dans ma vie sont arrivées après un deuil (allô, la maternité après une vingtaine de liberté à dépenser dans tous les restos de la ville, que dis-je, du monde!). Pas vous?