Oui, c’est le titre d’un film d’horreur. Pour moi, ce film d’horreur, c’est la garderie.
Bon. Je m’explique. Je ne suis pas la mère qui a tant de mal à se détacher (temporairement) de son enfant. On pourra se reparler aussi du fait que je suis la mère qui culpabilise d’absolument tout, incluant le fait de ne pas avoir de mal à se détacher de son enfant.
C’est pourquoi, quand toutes mes amies maman me textent des bonhommes qui pleurent et des coeurs pour m’encourager alors que mon premier bébé, appelons-le Manchedepelle, entre à la garderie… ben je n’ose pas leur dire que j’abrite un terrible secret.
Pour vrai, je suis contente que mon bébé d’amour entre en garderie. Je le vois bien, depuis quelques semaines, qu’il a plus envie de jouer que de venir faire des commissions au Pharmarprix. On a chacun nos intérêts. Moi, j’aime travailler, j’adore ça, et j’ai bien hâte d’y retourner. J’aime ça boire du café et avoir des discussions d’adulte. Lui, il aura aussi son petit bureau pis sa gang, avec qui il pourra parler dans mon dos tranquille. C’est un premier pas vers l’indépendance et ça me réjouit.
Mais attention. Ça ne veut pas dire que l’entrée en garderie ne me stresse pas pantoute. Au contraire. C’est juste que mon stress est ailleurs. Mon stress, c’est les autres.
Les autres enfants. Les autres parents.
Dans mes pires cauchemars, son groupe est peuplé de mini-matamores qui crient fort et marchent avec leurs gros souliers de géant à côté de mon doux bébé délicat qui aime regarder des livres.
Mon bébé, il joue doucement. Il crie, des fois, bien sûr, mais il inspecte ses jouets méticuleusement, tranquillement. Y’est focus, qu’est-ce tu veux que je te dise.
J’étais comme ça et son père aussi. Et je me souviens pertinemment que j’aimais beaucoup la compagnie des adultes étant petite. Et le silence. Et jouer seule. La garderie, pour moi, c’était comme me faire passer un papier sablé dans face, sur fond de Metallica. Guantanamo, quoi.
J’ai bien changé depuis, je suis comédienne et je suis pas mal sûre que mes voisins peuvent vous raconter ma dernière visite chez le médecin tellement je parle fort quand je la détaille à mon chum. Mais quand même. J’apprécie mon temps seule. J’ai besoin de silence. C’est pour ça que la maternité, moi, ça m’a un peu passé un papier sablé dans face (on a des moments papier de soie aussi, donc ça va).
Dans mes pires cauchemars, on rencontre les autres parents des «amis de la garderie», pis ils se présentent sous deux formes: les SOCIABLES, qui veulent qu’on s’organisent des barbecue tous les samedis soirs avec les enfants pour qu’on puisse comparer leur développement et échanger sur les marques de thermomètres rectals qu’on s’est achetés, et les SUPER BÊTES, qui ME regardent comme si j’appartenais au clan des sociables juste parce que j’ai amené des biscuits à la réunion de parents et me détestent parce que j’ai eu le temps de me laver les cheveux. Comme quoi, on est plein de contradictions.
On dit que la garderie, c’est une adaptation. Pis je pensais ben que ce serait une adaptation pour lui, de un, puis pour moi… mais pas pour ces raisons-là. Je sais que c’est normal, qu’il va se faire des amis et qu’il doit socialiser et tout. Mais d’un autre bord, je peux difficilement lui demander de tripper quand moi, passer une journée à la garderie à me faire «stimuler»… ce serait mon pire cauchemar (pour vrai, encore aujourd’hui, j’haïs jouer à des jeux. Je dessinais des cartes de crédit quand j’étais petite. Trouvez ça triste comme vous voulez, on est comme on est).
Je souhaite donc à Manchedepelle de s’adapter, de se connaître et de se respecter. Si Matamorus te pile dessus, mon homme, t’as ben le droit de pas être son BFF. Maman comprend.
Rédaction :
Singefluenceuse
Mise à jour : 7 septembre 2018
Par Les Alternatives Éducatives inc. - 30 mars 2018
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