L’autre jour, un membre anonyme de ma belle famille (ce blogue est anonyme aussi, mais d’un coup que je serais démasquée…), à peine arrivée dans un party de famille, a vu mon enfant de 2 ans manger des fruits avec appétit (ok, un après l’autre à la chaîne comme s’il y avait famine) et a dit :
« C’est un bon mangeur, hein? »
Pis ça m’a fait pogner les nerfs. J’ai ravalé et répondu, un peu sèchement : « Ben, il mange des fruits là, ça veut pas dire qu’il mange des tonnes de nourriture tout le temps ».
Je vais prendre dans ma cour que je suis une personne sensible, parfois même susceptible. Ok. Je vais aussi dire que je suis potentiellement de mauvaise foi, un peu, avec les commentaires que les gens se permettent sur mon enfant et ceux des autres. C’est un autre sujet, mais : ON PEUT TU PARLER DU BEAU TEMPS PIS DE LA RELIGION PLUTÔT QUE DE SES SIESTES SANS CESSE SVP?
Donc. J’ai exprimé mon malaise à mon chum sur le chemin du retour. Il n’en a pas fait grand cas. Je me suis donc sentie comme si j’étais tranquillement en train de virer folle. Peut-être ai-je atteint ma capacité maximale? Suis-je devenue une personne constamment à boutte? Ça fait ça, vider le lave-vaisselle à la chaîne, regrouper des paires de bas et payer des souliers qui mesurent 10 cm PLUS CHER que tes propres souliers d’adulte.
Et puis, comme la voix d’un ange descendu du ciel, je suis tombée sur un article formidable qui parlait des étiquettes. En gros : mettre une étiquette, quelle qu’elle soit, à un enfant, c’est catégoriser son identité. Et ça vaut aussi pour les étiquettes positives. Il faut plutôt discuter le comportement et les gestes. Par exemple, on dira « Wow, tu aimes vraiment beaucoup tes fruits ce matin » versus « Tu es un bon mangeur ». Les étiquettes renforcent un comportement et enferment l’identité de l’enfant et la perception qu’il a de lui-même.
Je me souviens d’une fois, lorsque j’étudiais pour devenir comédienne, j’avais dit à mes professeurs : « Oui, mais moi, j’ai tendance à ne penser qu’à moi, vu que je suis enfant unique. » Ma professeure m’avait dit : « Tu trouves? Moi j’ai quand même l’impression que tu es plutôt délicate envers les autres. »
En y réfléchissant, je réalise que j’avais intégré le fait d’être centrée sur moi-même et égoïste parce que j’étais enfant unique surtout parce qu’on m’avait beaucoup répété ces généralisations sur les enfants uniques. Ce qui ne veut ABSOLUMENT pas dire que je n’ai jamais de comportements égoïstes. Mais est-ce que ça fait de moi une personne complètement égoïste?
J’en vois qui lèvent les yeux au ciel : « On ne peut plus rien dire! » « Mon Dieu, il faudrait avoir lu 50 livres pour comprendre un enfant alors qu’on en élève depuis le début de l’humanité! »
Je comprends. C’est vrai que c’est tannant, cette mine d’informations, cette science discutée (et discutable parfois) du comportement de nos enfants. Mais j’aurais à exposer, en contrepartie, que c’est sûr que tu peux TOUTE DIRE quand tu meurs à 32 ans du scorbut. Ça créé pas trop de conflits sur le long terme, quand t’as pas d’entourage parce qu’il fait moins trente pis que ta calèche est brisée pour aller t’engueuler avec le voisin. Arrivé le printemps, tu dois être de bonne foi en maudit au party sur le parvis de l’Église, pis quand ben même mononcle Gilbert s’exprime sur comment t’élève tes 24 enfants, t’es déjà trop saoûle sur la bagosse pour l’entendre. Bon.
Mais pour moi, ça fait du sens : me semble que c’est moins blessant de se faire dire « Tu as agi de la mauvaise manière » que « Tu es une mauvaise personne ». Non? Pourquoi se catégoriser? Pourquoi se dire « Mon enfant EST comme ci et comme ça »? L’identité, ça se modifie selon notre âge, le contexte social. À preuve : comment se fait-il qu’on arrive à ne jamais sacrer devant nos enfants et nos propres parents et que ça fuse de toutes parts quand on sort avec nos amies? 😉
J’ai envie d’essayer. Offrir à mon bébé une meilleure perception de lui. Qu’il ne s’en veuille pas autant que sa mère de ne pas être parfait en tous points. Et de clarifier avec lui, une fois pour toutes, que même si on agit moins bien, ça ne fait pas de nous une mauvaise personne.
Rédaction :
Singefluenceuse
Mise à jour : 11 juin 2019
Par Les Alternatives Éducatives inc. - 30 mars 2018
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