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Y’a toujours ben des limites!
Détrompez-vous : je ne vais pas vous entretenir des limites qu’on doit imposer à nos enfants (même si, sans vouloir te dire quoi faire, faire de la moto tout-nu à 6 ans un jour de canicule, c’est mollo comme idée). Je vais plutôt parler de nos limites à nous, les parents. Un mot que je connais depuis presque toujours, que j’emploie régulièrement, mais auquel je réfléchis pour la première fois ces jours-ci.
La réflexion s’est amorcée grâce à la lecture du merveilleux essai Les retranchées, de Fanny Britt, publié récemment chez Atelier10. Ce recueil de réflexions paraît six ans après Les tranchées, un premier essai de la même autrice (oui, oui, j’utilise autrice) sur le sujet de la maternité. Cette fois, Fanny Britt réfléchit la famille, la « mère néo-libérale dans sa robe de lin », le rapport avec son père et tout plein d’autres enjeux sur la famille qui vit à l’ère d’Instagram, de la comparaison avec LE MONDE ENTIER et de la performance. Une lecture que je vous recommande dès maintenant, s’il en reste des copies à votre librairie de quartier!
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Dans un chapitre en particulier, elle raconte la fois où elle a accepté, suite aux pressions de son plus jeune garçon, d’accueillir un chien dans la famille. Malgré la fatigue, malgré l’angoisse, malgré son feeling de « Ch’pas sûre que ce soit une super idée ». Eh bien, une semaine plus tard, moult angoisses plus tard : le chien a déménagé pour retrouver une propriétaire qui était carrément en amour avec lui. Et la culpabilité intense a pris sa place chez Fanny Britt.
Pourquoi? Parce qu’elle avait atteint sa limite. Et je sais pas pour vous, mais moi (et elle, d’ailleurs) j’ai le feeling que le mot limite, dans notre monde, a un peu perdu son sens. Normalement, la limite, c’est là où on s’arrête, non? Ben check ça : c’est devenu une manière de se DÉPASSER.
Vous me croyez pas? Allez voir une couple de pubs de marques de sport. Allez voir des annonces qui vous conseillent de prendre un bon Guru (et son énergie naturelle, ouais ouais, j’ai vu neiger) au lieu d’aller faire une sieste. Vous êtes brûlés? VOUS DORMIREZ QUAND VOUS SEREZ MORTS.
Je me ferai peut-être lancer des tomates (ou des cannes de Guru va savoir), mais je vous écris aujourd’hui pour vous donner la permission d’arrêter de voir vos LIMITES comme des DÉFIS et des OCCASIONS DE VOUS DÉPASSER. Plus de gens que jamais grimpent l’Everest. Ouin, pis? S’il y a une chose plus absurde que faire la file pour ACHETER un téléphone, c’est ben d’aller faire la file pour grimper une montagne.
Toi, tu trouves ça rushant, un chien? C’est correct.
T’es pas sûr que tu as envie d’avoir un autre enfant? T’es pas sûr que t’en veux, tout court? C’est ben beau!
Ça te fait chier qu’on célèbre la fille qui allaitait durant les pauses de son ultra-marathon? Moi avec.
Tu as pas envie de travailler 35 heures semaine, même si tu aimes ta job? All right.
Tu te sens fatigué à l’idée d’inscrire un de tes kids à un cours de natation en sachant que tu vas devoir aller porter ton autre à un cours de karaté dès que tu vas revenir? Fine.
T’as pas le goût ben ben de faire un potager éducatif pour montrer à ton enfant les bénéfices de cultiver des haricots bios chaque été? Ça s’peut!
T’aimes pas ça aller à la fête familiale du CPE? Donne-toi un break.
T’as atteint ta limite. Pis c’est ben correct de même. Des fois, on n’est plus capables de pas dormir, on n’en peut plus des crises, on est à boutte de répéter, des fois on dit NON au lieu d’une consigne positive en forme de chanson. Pis ça va. On fait de notre mieux.
Aux yeux d’Instagram, c’est ben clair que ce sera jamais assez.
On fait un deal : quand Instagram nous paiera un salaire annuel, viendra garder nos enfants pour qu’on aille au restaurant, arrosera nos géraniums, nous fera une épicerie bio pis coupera les griffes de notre chat, on lui rendra des comptes. OK?
Rédaction :
Singefluenceuse
Mise à jour : 11 juin 2019
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