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L’épuisement parental
… ou quand les comportements de mon enfant deviennent le bulletin de mes compétences parentales
Avant même l’arrivée de notre premier enfant, nous nous projetons dans l’avenir avec des images bien précises de notre vie de famille rêvée. Nous nous promettons de faire mieux que les générations précédentes. Pour ce faire, il devient impératif de bien faire nos devoirs et de bien comprendre les étapes du développement de notre enfant et de ses besoins. Toute notre attention est tournée vers cet enfant afin de s’assurer que tout soit parfait, même nous comme parent! C’est notre plus belle réalisation et nous en éprouvons une grande fierté. Toutes les énergies seront déployées et les meilleures habitudes de vie seront adoptées, le tout en fonction de nos propres exigences et celles des meilleures pratiques parentales suggérées par les spécialistes.
Comme parent, nous chercherons des repères pour nous assurer que nous répondrons bien aux besoins de notre enfant. L’évaluation de l’atteinte de nos objectifs sera inévitablement basée sur les comportements et les réactions qu’adopteront mon enfant et l’atteinte de toutes les autres tâches, connexes ou non.
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Le sentiment de compétence s’accroît souvent en fonction de la « réussite » de l’atteinte de ces objectifs… mais l’inverse est aussi vrai. Si l’enfant ne répond pas bien à l’encadrement que je lui offre, cela devient rapidement une source de tension, d’anxiété et de stress. Plus les efforts déployés à mettre en place les moyens prescrits ne donnent pas les résultats attendus, plus le sentiment de compétence diminue. Le stress, la fatigue et la culpabilité deviennent alors le pain quotidien du parent. Malgré tous les efforts et sacrifices, le parent peut se retrouver devant la réalité frustrante de se sentir coupable, à bout, épuisé et en manque de ressources. C’est devenu une évidence, c’est impossible et insoutenable de continuer dans ce sens.
Que faire lorsque l’on se retrouve devant cette réalité ?
Il est impératif de faire le deuil de ce parent parfait et performant dans tout ce qu’il entreprend.
Cela implique d’abord de reprendre le contrôle de sa santé et de sa vie et de briser l’isolement. Il sera important d’aller chercher l’aide nécessaire auprès de professionnels compétents, avec qui il sera possible d’être soutenu dans son rôle de parent et de redéfinir le projet famille.
Rencontrer d’autres parents qui ont un vécu similaire, qui ont vécu de tels tourments, est un autre moyen efficace de permettre au parent de mieux comprendre ce qui se passe et de savoir qu’il n’est pas seul face à de telles épreuves. Ce dernier pourra trouver, dans ces contacts, réconfort et bâtir de nouveaux repères. La rencontre entre parents permet de partager ses émotions et de développer d’autres stratégies pour améliorer notre qualité de vie. Ce réseau de parents permettra de se sentir soutenu dans les défis quotidiens.
Avant d’être un parent, il y a un homme, une femme et un(e) conjoint(e). Il ne faut jamais oublier que c’est grâce aux individus et au couple que nous sommes que nous avons pu vivre le privilège de devenir parent.
Il faut se rappeler que les « supers » parents ça n’existe pas et que la mère de Caillou est utopique.