Aidons nos enfants à s’assumer

Dès que j’ai su que j’étais enceinte, comme beaucoup de parent, j’ai eu plusieurs peurs. Une d’entre-elle était la fameuse peur que mon enfant se fasse « écœurer » ! Cette angoisse est présente chez tellement de parent, on espère que les autres seront gentils, que notre enfant aura pleins d’amis, que les adultes surveilleront sans relâche bref, qu’il aura un filet de sécurité énorme autour de lui.

 

Par un beau matin, ma fille de 5 ans me demande de lui faire deux chignons sur la tête. Bien haut avec deux grosses boucles! Avec ses longs cheveux épais, je peux vous dire qu’elle ne passait pas inaperçue. Elle était tellement fière de ses cheveux, elle ne voulait surtout pas les briser en route vers l’école! Elle avait hâte de pouvoir les montrer à ses amis.

 

Lorsque je retourne la chercher, elle est toute échevelée mais le plus frappant, c’est qu’elle semble un peu triste. Oh non, mon angoisse de mère monte, est ce que les amis l’ont taquiné ? Je lui demande si elle a montré sa belle coiffure à ses amis. Elle me répond, la mine basse, que les garçons ont dit que ses cheveux étaient bizarres.

 

La maman lionne en moi avait le goût de trouver les petits laiderons qui avaient osé lui faire de la peine mais, j’ai pris le temps de respirer… beaucoup respirer !

 

La vérité c’est que à moins de suivre ma fille à la trace 24/7, je n’aurai jamais le contrôle son environnement. La réalité est aussi que probablement que les petits cretons de 5 ans ont sûrement simplement été impressionnés par ses cheveux ce matin-là et n’ont probablement même pas voulu la blesser. Ce que je peux faire par exemple en tant que maman, c’est donner la force à ma fille de s’assumer. D’assumer ses cheveux différents, ses vêtements colorés, ses choix!

 

Je l’ai donc regardé droit dans les yeux et je lui ai demandé les cheveux étaient sur la tête de qui ? Elle m’a trouvé bizarre mais elle a dit que sur la sienne. J’ai ensuite demandé si elle aimait ses cheveux ce matin, elle m’a dit oui. Je lui ai donc répondu que c’est la seule chose qui importe ; ses cheveux, elle peut choisir de les mettre comme elle le veut, ils sont sur SA tête.

 

Ensuite, je lui ai montré mon manteau : kaki motif léopard avec des manches en cuire lui disant que probablement beaucoup de personnes le trouvait bizarre, mais que moi je l’aimais. Qu’il était sur mes épaules et que c’est moi qui choisissais si je voulais porter un manteau plate ou un manteau que j’aime. Je lui ai montré mes lunettes, ma boîte à lunch, ma voiture et ma sacoche grise à franges. Elle a bien rit parce qu’elle n’aime pas ma sacoche non plus mais elle comprenait maintenant que l’important, c’est de s’assumer.

 

Il faut arrêter de penser à contrôler l’écosystème de nos enfants mais plutôt tenter de les outiller à y faire face. Cela commence par des petits gestes au quotidien, des petites situations où on leur apprendra à assumer qui ils sont et ne pas laisser les autres dicter leur choix.

 

Le lendemain matin, quand nous nous sommes installées devant le miroir de la salle de bain et que je lui ai demandé ce qu’elle voulait dans ses cheveux, elle me répondit les yeux souriants : deux chignons avec deux boucles.

 

Francesca Grondin

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