La guerre génère de la peur chez les enfants et suscite de nombreuses questions chez eux dès que la capacité de langage se développe. Ils ont besoin du soutien de leurs parents pour comprendre et assimiler les évènements. Même l’enfant très jeune peut ressentir l’inquiétude des adultes. Il convient de le rassurer en lui disant qu’il n’est pas la source de cette inquiétude. En vieillissant, l’enfant devient plus curieux et il perçoit davantage les problèmes qu’entraîne la guerre.
Adopter un langage adapté à l’âge de l’enfant et choisir le bon moment
Quand le jeune enfant pose des questions ou fait des commentaires sur la guerre, le parent peut lui renvoyer la question pour voir ce qu’il comprend des évènements. Il pourra ensuite enchaîner en donnant des informations véridiques adaptées à l’âge de l’enfant et à sa compréhension actuelle. Il pourra aussi corriger les informations inexactes. Le parent peut avouer ne pas avoir de réponse à une question de l’enfant. Il pourra dire à ce moment qu’il va chercher une réponse et revenir en parler. Il convient aussi de choisir le bon moment pour aborder le sujet de la guerre, un moment où la disponibilité est assurée et surtout pas avant de se coucher.
Nommer les émotions ressenties par l’enfant
Écouter l’enfant et valider son ressenti en le nommant et en se montrant empathique. Il faut éviter de considérer le sujet tabou en gardant le silence sur les évènements qui nous touchent comme adultes et qui touchent l’enfant. Plutôt se montrer ouvert à la discussion. Faire parler l’enfant au sujet de ce qu’il a vu, entendu, pensé et lui permettre d’exprimer ses peurs. Répondre honnêtement aux questions sans édulcorer la vérité, sans minimiser l’inquiétude ressentie. Établir un lien de confiance avec l’enfant.
Dire la vérité et parler des conflits dans l’histoire humaine
Dire que de tout temps, les humains se sont combattus pour défendre des idées, des territoires avec des frontières, des cultures, des manières de penser, des religions. De tout temps, accepter les points de vue différents de l’autre, respecter les frontières du territoire de l’autre, être tolérant face à la différence de l’autre ont été des tâches parfois difficiles à petite échelle comme à grande échelle.
Les bagarres, les mésententes, les chicanes, les disputes, les conflits, les combats sont des expériences humaines qui se fondent justement sur une difficulté à reconnaître et à accepter la différence de l’autre. Quand un manque de communication s’ajoute à l’intolérance, les conditions sont réunies pour qu’un conflit surgisse.
À grande échelle, la propension à ne pas respecter la différence de l’autre, à envahir son territoire en dépassant les frontières pour prendre plus de place et plus de pouvoir, cette propension engendre la guerre. L’être humain a la capacité d’accomplir de grandes choses mais il s’agit là de sa part d’ombre qui nous indique le chemin qu’il faut parcourir pour résoudre nos conflits pacifiquement.
Ramener les faits observés à plus petite échelle
Pour avoir plus de prise sur la réalité des conflits et pour développer plus de pouvoir, il convient de ramener les faits à plus petite échelle. Comme on l’a dit, ce qui se passe en plus grand se passe aussi à petite échelle. Parler avec l’enfant des attitudes adoptées dans la famille, dans la cour d’école, à l’école même, dans l’entourage, dans la communauté. L’intimidation observée à l’école constitue un exemple flagrant de conflit non résolu. Comment on s’y prend pour résoudre nos conflits? Quelles attitudes développons-nous nous-mêmes?
Devenir un vecteur de paix soi-même
Comme enfant et comme adulte, s’encourager à développer des attitudes qui favorisent la paix comme :
À titre individuel, échapper au conflit sévère en développant son humanité. Aider à construire la paix dans son monde à soi. Faire partie de la solution en refusant d’adopter des attitudes belliqueuses et en allant chercher de l’aide professionnelle au besoin. Des attitudes comme :
Garder l’espoir vivant
Tout en discutant avec les enfants de leurs perceptions des conflits armés et de la guerre, garder l’espoir vivant. Dire qu’il y a, malgré la guerre, une solidarité humaine qui se manifeste, des actions courageuses qui sont posées, des gestes d’aide qui sont offerts et appréciés. Dire qu’à petite échelle, on peut garder cet espoir vivant en adoptant avec nos semblables des attitudes pacifiques comme il a été question plus tôt. Plusieurs adultes sont impliqués pour rétablir la paix et ils font tout en leur pouvoir pour résoudre les conflits.
Sortir des stéréotypes bons/méchants
Situer le conflit dans son histoire et dans son contexte. Ne pas encourager les jugements bons/méchants. Plutôt chercher à comprendre les motivations profondes.
Bien situer l’espace et le temps où se situe le conflit armé
Utiliser une mappe-monde ou un globe terrestre pour situer visuellement le conflit. Rassurer l’enfant, s’il y a lieu, en lui faisant voir la distance qui le sépare du conflit.
Filtrer l’information qui atteint l’enfant et s’appuyer sur des sources fiables
Assurer la proximité avec l’enfant face à l’écran quand il est question du conflit et que l’enfant (plus vieux) s’y intéresse. Limiter le flot d’informations et servir d’intermédiaire entre les images projetées et les messages médiatiques. Atténuer autant que possible l’impact des médias. Consulter des sources fiables d’information.
Proposer des moyens concrets pour extérioriser le ressenti de l’enfant
Faire appel à l’univers de l’enfant. Lui proposer des livres où il est question de conflits (ex. : les contes). Discuter à partir de ces lectures. Proposer à l’enfant de dessiner ce qu’il ressent. Lui proposer de faire une affiche ou d’écrire un poème sur la paix.
Continuer la routine quotidienne et se concentrer sur le positif de la vie
Se distraire avec des activités appréciées de l’enfant. Des jeux, des chants, des jeux de rôles peuvent aider à garder l’énergie positive. Continuer de bien prendre soin de soi.
Contacter un professionnel si l’angoisse de l’enfant est importante
Si la peur se transforme en source d’anxiété et d’angoisse, il y a lieu de consulter un professionnel de la santé mentale pour aider l’enfant.
Conclusion
Le sujet de la guerre est un sujet grave, difficile à aborder parce qu’on peut se sentir impuissant face à une telle réalité. D’où l’importance de ramener à plus petite échelle le sujet des conflits pour développer plus de pouvoir personnel et chercher à développer soi-même des attitudes pacifiques.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
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