Prendre un petit temps d’arrêt quand la tension monte d’un cran, ça fait du bien à tout le monde! L’enfant a la possibilité de se repositionner et le parent prend ce temps pour se distancer du problème et voir clair dans la suite des choses. Deux minutes de tranquillité, c’est magique! C’est une méthode non agressante qui permet de se décoller d’un problème quelconque, en évitant du même coup que les situations dégénèrent autant pour le parent que pour l’enfant.
Comment instaurer l’habitude des « Deux minutes de tranquillité »?
D’abord, il faut commencer tôt, très tôt même avec notre enfant, dès que l’enfant comprend ce qui se passe dans un moment de désorganisation. Probablement vers 2 ans, quand le langage se développe et que les interactions sociales peuvent générer des conflits et des émotions plus intenses. Pour prévenir la désorganisation justement, le parent déclare une pause « Deux minutes de tranquillité ». La pause doit vraiment durer autour de deux minutes. Le parent trouve un lieu confortable où l’enfant peut s’installer en toute sécurité et sans stimulation. Car on veut qu’il se recueille et qu’il pense à son affaire. Il s’assoit ou reste debout mais il garde le silence. Cela peut être vécu partout : à la maison, bien sûr, à l’épicerie, au restaurant, au parc, en visite chez quelqu’un, au centre d’achats, etc.
Comme la méthode est simple, elle n’exige pas que l’on se casse la tête. Il s’agit juste de trouver un petit coin tranquille où l’enfant peut s’installer confortablement pour se recentrer, reprendre son souffle, faire le point, avant de poursuivre l’activité en cours.
Quand déclarer un « Deux minutes de tranquillité »?
Le « Deux minutes de tranquillité » est proposé quand la soupe commence à devenir chaude. Il ne faut surtout pas attendre que la situation s’envenime et que l’enfant se désorganise vraiment. Dès les premiers signes avant-coureurs d’une surexcitation ou d’une désorganisation, le parent suggère « Deux minutes de tranquillité ». Quelques signes précurseurs de la désorganisation sont : le ton qui monte, les cris, les touchers invasifs, la surexcitation, la dépossession, les gémissements, les pleurs, les pleurnicheries, les bouderies, l’agitation, les tiraillements, les poussées, les bousculades, les énoncés de l’enfant « NON » et « Arrête! », etc. Cet arrêt basé sur l’observation du parent d’un possible excès, cet arrêt est non négociable. Il doit devenir une habitude que l’on prend de s’arrêter avant que les choses se gâtent. On ne discute pas avec l’enfant à savoir s’il s’arrêtera. La fermeté et la constance sont ici de mise. Ça doit être perçu par l’enfant comme un rituel duquel on ressort gagnant.
Éviter de proposer le temps d’arrêt comme une menace
Pour éviter que le temps d’arrêt soit perçu comme une menace par l’enfant, il faut éviter d’attendre que la situation dégénère, comme il est dit plus tôt, éviter de dire « Si tu continues, tu vas te retirer! ». À ce moment, l’enfant perçoit le « Deux minutes de tranquillité » comme une punition. Il s’objectera à coup sûr et la situation se dégradera : cris, pleurs, gestes brusques, etc. Nous perdons là l’esprit même de cette mesure qui se veut pacifique et réconfortante. L’enfant doit percevoir que c’est pour son bien qu’on s’arrête et que la direction est de retrouver le plaisir dans l’activité en cours. Le parent peut faire observer à l’enfant les bienfaits du « Deux minutes de tranquillité ». Lui faire remarquer qu’on a plus de plaisir après cet arrêt. Le « Deux minutes de tranquillité » ne doit pas se faire en isolement dans la chambre car, à ce moment, c’est certain que l’enfant va se sentir en punition.
Le plaisir est le guide pour savoir quand intervenir
Le plaisir ressenti par le parent et le déplaisir sont les guides pour savoir quand intervenir. Le plaisir de l’enfant aussi. Quand le plaisir s’évanouit pour faire place au déplaisir, il est temps de déclarer fermement et calmement qu’on va s’arrêter un petit moment. Comme il est dit plus tôt, ne pas attendre que ça dégénère. L’enfant doit sentir qu’on n’est pas « contre » lui et qu’on ne le contraint pas. Il doit sentir qu’on est « pour » lui, pour l’aider à retrouver l’équilibre, la sécurité et le plaisir. Éviter de communiquer de la colère et de l’impatience. Bien observer, bien écouter si on a du plaisir ou non et suivre son intuition.
Nul besoin de verbaliser beaucoup autour de l’évènement
Rarement y-a-t-il lieu de revenir sur l’évènement car la mesure n’est pas agressante et n’implique pas de charge émotionnelle quand elle est prise en temps opportun. Il s’agit d’une mesure de prévention. Dans le cas où la charge émotive est mobilisée de manière plus intense, un bref retour verbal peut être nécessaire pour s’assurer de la compréhension de l’enfant des limites qui ont été dépassées et des actions nécessaires pour éviter une reprise du conflit, en s’orientant vers des solutions positives. (À cet effet, voir l’article paru dans viedeparents.ca : « Comment aider les enfants à résoudre leurs conflits?)
Un exemple vécu
C’est l’anniversaire d’une petite fille de 4 ans. La famille a décidé d’aller au restaurant avec les grands-parents pour célébrer l’évènement. La petite fille est très contente! Elle portait ce jour-là sa robe de « fleurine » comme elle l’appelait. Elle avait porté cette robe lors d’un mariage où elle était la bouquetière. Au restaurant, ils réservent un accueil spécial aux enfants qui célèbrent leur anniversaire. La petite fille est donc installée au bout de la table. Une photo est prise d’elle. Elle est très excitée! Elle attrape de ses petites mains des sachets de sucre sur la table. Elle parle fort. Elle bouge beaucoup sur sa chaise. Elle s’étire pour prendre d’autres sachets de sucre et, finalement, elle déchire quelques sachets et en renverse le contenu sur la table, en criant sa joie!
La maman est mal à l’aise. Elle voit bien le débordement de joie. Mais c’est la fête de la petite! Comme l’excitation est à son comble et que le moment devient désagréable, la maman se penche vers la petite fille et lui dit à l’oreille « Deux minutes de tranquillité! »
Quelle n’est pas la surprise de tous les convives de voir la petite fille baisser le regard, assise au bout de la table. Elle se recueille. Elle reprend son souffle et se recentre. Elle a compris que ce n’était pas une punition. C’est un arrêt temporaire pour se retrouver ensuite et revenir au plaisir. Les grands-parents ont vu la désorganisation apparaître. Ils ont vu la petite baisser le regard pour revenir ensuite à la fête mieux disposée et cela, sans agressivité ni hostilité. Les grands-parents étonnés ont demandé à la maman « Mais qu’est-ce que tu lui as dit? ». « Deux minutes de tranquillité! » a répondu la maman. Les grands-parents étaient très surpris de l’effet de cette mesure!
Conclusion
Quand le parent n’attend pas pour réagir et proposer « Deux minutes de tranquillité » à l’enfant qui donne des signes précurseurs de désorganisation, les résultats peuvent être fameux! Si la mesure est connue tôt de l’enfant, elle s’inscrira dans son expérience comme quelque chose de positif qui ramène au plaisir. Le sens de l’observation du parent est important pour identifier les signes précurseurs. L’écoute de soi et de son plaisir/déplaisir est nécessaire pour savoir quand intervenir. Le calme, la fermeté sont des attitudes qui favorisent une intervention positive.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Illustration Niko Henrichon
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