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Notre vie à trois et le trouble de l’attachement
Le 26 octobre 2014, nous avons commencé officiellement notre vie à 3. Nous avons fait sa connaissance au bureau d’État civil de la ville de Xi’an. En quelques minutes, nous avons rencontré sa nounou, qui s’occupait de lui à l’orphelinat; elle nous a demandé si on avait des questions, notre accompagnatrice a traduit celles qui nous venaient en tête, puis on nous a mis Thiago dans les bras et elle est partie.
J’ai laissé son papa le prendre, car je ne m’en sentais pas le courage. Il était tétanisé et ne bougeait presque pas. Il regardait autour de lui sans comprendre ce qui se passait. On a un peu joué avec lui, on lui a donné à manger, même si on savait qu’à l’orphelinat la nourriture n’était pas très variée… ni en grande quantité. Il a mangé tout ce qu’on lui a proposé. Puis, nous sommes partis à l’hôtel. Tout un choc d’arriver à deux et de repartir à trois avec un petit garçon dont on ne connaît rien. Oui, je sais, c’est pareil quand on accouche, mais là, ce petit être a déjà une vie. Une longue vie de 2 ans sans vous. Il ne sait pas ce que c’est une maman, un papa, ou qu’on prenne soin de lui aux moindres pleurs. Pendant les 5 premiers jours, il se laissait faire, ne bronchait pas. Puis au bout de la 5e nuit, les terreurs nocturnes ont commencé. Les caractéristiques des terreurs nocturnes sont des cris et des pleurs de l’enfant pendant son sommeil. Dès qu’il s’endormait et qu’il rentrait dans la phase du dodo profond, il se mettait à hurler et pleurer. On ne devait pas le réveiller, mais simplement lui parler pour lui faire comprendre qu’on était là et qu’on serait toujours là, mais ça le réveillait et donc, toutes les 1 h 30-2 h00, les crises recommençaient. Ces terreurs ont duré pas loin de 6 mois. Épuisant pour nous.
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Au bout de 2 semaines, nous sommes enfin rentrés à la maison. La vie réelle commençait avec moi à la maison et papa au travail. On nous avait prévenus que les enfants adoptés pouvaient souffrir de trouble de l’attachement et c’est exactement ce qui est arrivé à Thiago. Ce trouble vient de son inconscient à repousser principalement la mère, car son cerveau se rappelle que c’est sa mère qui l’a abandonné. Il m’a donc testé pendant plus de 2 ans et continue maintenant quand il est anxieux. Soit il ne voulait pas m’appeler maman, soit il ne me nommait pas, mais tirait sur mon vêtement pour me demander quelque chose, soit il m’appelait Papa par exprès. Passer toute la journée avec un petit bout de 2 ans à qui vous consacrez votre journée et qui vous ignore ou réclame son papa sans arrêt, c’est très difficile psychologiquement.
Avec le temps, j’ai pris l’habitude d’être son plan B, son plan A étant son papa. Par moments, c’est encore très démoralisant, mais on travaille avec lui et il me fait de plus en plus confiance, ainsi qu’aux gens qui l’entourent. Je sais que je ne suis pas la seule à vivre ce trouble, mais peu de parents en parlent, et c’est dommage, car on a besoin de soutien!
Flox 83300
Rédaction :
Flox83300
Mise à jour : 5 juillet 2019
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