ARTICLE
Mon enfant a des comportements agressifs….que faire?
L’agressivité peut manifester un manque d’autocontrôle chez le jeune enfant qui n’a pas encore développé l’autorégulation de ses émotions. « L’inhibition », comme il est discuté dans l’article de Vie de Parents « Les crises de colère : que faire? », se développe entre 1 et 3 ans et ce développement se poursuit jusqu’à l’âge adulte. Ainsi, les comportements agressifs de l’enfant culminent entre 2 et 3 ans (1). Après 3 ans, on observe une diminution avec les habiletés langagières et les habiletés sociales qui marquent un progrès significatif. Plus l’enfant vieillit, plus les parties de son cerveau qui freinent l’agressivité l’aident à se contrôler. (1)
L’agressivité est le contraire de la bienveillance. Comme il s’agit de faire face à une énergie qui se situe aux antipodes de ce que nous désirons dans notre intervention, le défi à surmonter par l’adulte est grand! « Être un modèle de bienveillance pour nos enfants » est difficile dans ces circonstances. L’énergie négative présente dans l’agressivité de l’enfant peut nous atteindre profondément et nous bouleverser au point où tous nos beaux principes prennent le bord. L’enfant bouscule, frappe, mord, tire les cheveux, donne des coups, brise des jouets, etc. Comment demeurer bienveillant en observant la polarité opposée qu’est l’agressivité?
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- Ressentir en soi l’agressivité éveillée sans y adhérer. Préserver une distance émotionnelle mais reconnaître l’énergie négative en développant la contenance. Accueillir avec des limites l’agressivité éveillée en soi comme faisant partie du vécu humain de tous et chacun. La recevoir en se maîtrisant. Cette attitude est fondamentale car nous donnons là à l’enfant un modèle de maîtrise sur lequel il peut compter et face auquel il pourra apprendre à se repositionner. Éviter de projeter soi-même de l’agressivité (regard hostile, touchers brusques, cris, etc.).
- Énoncer clairement l’interdit de faire mal. Éviter de faire la morale. Plutôt décrire le comportement et ses effets négatifs. Faire comprendre à l’enfant. Développer son raisonnement. « Quand tu frappes ton frère, ça fait mal ! Ton frère pleure et fuit pour ne pas jouer avec toi. Il craint que tu lui fasses mal à nouveau! C’est interdit de faire mal ! ».
- Outiller l’enfant victime. Aider l’enfant victime à verbaliser ses émotions, ses besoins, ses désirs. Lui apprendre à dire « Non » de manière convaincante. « Non! Je n’aime pas ça quand tu…. », « Non, ça fait mal! », « Je suis triste! ». L’aider à faire respecter son territoire. Développer son affirmation. L’aider à prendre une posture assurée et non affaissée, pour dire ce qu’il a à dire. L’aider à développer des techniques d’autoprotection et d’auto-défense (Ex. : Karaté, Judo, Aïkido, etc.).
- Outiller l’enfant qui a agressé. L’aider à verbaliser ses émotions, ses besoins, ses désirs. « Je voudrais…. », « J’aimerais…. », « C’est à moi ! », « Non, je ne veux pas ! ». L’aider à développer ses habiletés sociales : apprendre à accepter le Non de l’autre, apprendre à tolérer les frustrations, apprendre à contenir ses émotions, apprendre à demander « Est-ce que je peux prendre ce jouet ? », apprendre à respecter le tour de chacun, etc. Éviter de « Tout donner » et de « Tout faire » selon la volonté de l’enfant pour ne pas encourager des comportements exigeants de « tyran ».Essayer de comprendre pourquoi l’enfant est agressif et l’aider à verbaliser.
- Vivre le processus de résolution de conflits. (Voir l’article paru dans Vie de Parents « Comment aider les enfants à résoudre leurs conflits? »). Orienter vers la réparation du mal causé : « Que faire pour réparer le mal que tu as fait ? » « Résolution de conflits entre les enfants»).
- Toujours distinguer le comportement de la personne. Nous pouvons dire « Ton comportement est dérangeant ! » Mais il faut éviter de dire « Tu es dérangeant ! », « Tu es méchant! ». Ne pas viser la personne, autant pour des comportements positifs que négatifs. « Ce que tu as fait est très bien ! » au lieu de « Tu es fin ! ». Et plus on décrit en détails le comportement, meilleure peut être la compréhension de l’enfant.
- Proposer des jeux énergiques pour dépenser l’énergie débordante. Encourager l’enfant à pratiquer des sports, à dépenser son énergie activement.
- Proposer des jeux sensoriels. Proposer des jeux d’eau, de sable, de pâte à modeler pour pétrir, écraser, découper. Faire entendre une musique douce peut aider à calmer les esprits.
- Utiliser des histoires, des contes où l’on observe des comportements agressifs. Discuter avec l’enfant des comportements observés et de leurs conséquences négatives. Inventer des scénarios et discuter avec l’enfant pour développer son raisonnement.
- Souligner, apprécier les bons coups et les progrès. Quand l’enfant fait des efforts pour se maîtriser, le reconnaître et le souligner en le verbalisant. Malgré l’agressivité perçue, préserver une vision globale de l’enfant qui est positive et qui comporte de l’espoir.
- Chercher de l’aide professionnelle, au besoin. Si le problème perdure, consulter un professionnel pour vous faire aider dans votre intervention.
- Avec les tout-petits, parler de touchers doux et de touchers qui font mal. Faire expérimenter la douceur, en touchant, par exemple, une peluche douce. Bien séparer les espaces pour que chacun ait son territoire. Confirmer la place de chacun, « Ceci est ta place ! ».
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Référence :
- Solène Bourque, psychoéducatrice, Revue Naître et Grandir, Août 2016, L’enfant agressif.