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Les crises de colère des enfants : que faire?
Les jeunes enfants ne maîtrisent pas leurs émotions. « L’inhibition » qui est cette capacité d’autorégulation permettant de régler et de maintenir un équilibre intérieur, en dépit des évènements extérieurs, est en voie de développement. Entre 1 an et 3 ans, le cortex préfrontal, qui est la partie du cerveau qui permet de gérer ses impulsions et ses émotions, se développe et ce, jusqu’à l’âge adulte.
Alors que faire si l’enfant fait une crise de colère ?
- Ne pas paniquer. Attention ! Comme parents, vous allez être touchés ! Pour ne pas entrer dans la spirale de la colère de l’enfant, il ne faut pas se fusionner à l’énergie négative de l’enfant, ni prendre la colère sur soi, sur ses épaules. « Il m’a fait toute une colère ! » démontre cette position trop proche du problème de l’enfant, pas assez détachée. Savoir que l’on passe soi-même un test sur sa capacité à contrôler ses émotions et ses impulsions, comme adulte. Il devient très important de ne pas laisser drainer son énergie. Établir une distance émotionnelle saine : « Il fait une crise de colère! ». Cette crise ne vous appartient pas ! Demeurer calme et bienveillant. Ne pas se montrer impressionné et intimidé par la colère de l’enfant. Accueillir en soi l’énergie éveillée et bien la contenir. Éviter de communiquer soi-même de la colère : regard fâché, serrer le bras, avoir des gestes brusques, crier, etc. Représenter autant que possible un modèle de maîtrise de soi et de ses émotions. C’est la première étape !
- Parler peu durant la crise. L’enfant n’est pas réceptif à ce moment. Ça peut jeter de l’huile sur le feu si vous cherchez à discuter avec lui de ce qui se passe avant que l’enfant ne soit calmé. Vous pouvez dire brièvement : « Nous allons trouver une solution quand tu auras terminé ta colère ! ». Ces paroles peuvent lui donner espoir de se sortir avec votre aide de ce tourbillon d’émotions. Et ces paroles démontrent que vous n’êtes pas trop impressionné par la colère. Vous la reconnaissez, vous la nommez mais vous êtes centré sur la solution, soit l’énergie positive qui s’en dégage. Laissez pleurer l’enfant s’il a besoin de le faire pour se soulager de la frustration vécue. Les larmes peuvent faire du bien.
- Offrir un réconfort physique si l’enfant est réceptif. Vous pouvez lui offrir une peluche pour qu’il retrouve le calme ou encore le toucher pour le réconforter. Si l’enfant refuse tout contact, respecter le « Non » de l’enfant. Si l’enfant a des comportements agressifs, dire : « Je suis ici pour ta sécurité et ta protection. Je ne te laisserai pas faire mal ni à toi, ni à moi, ni aux autres. Je peux t’aider à retrouver ton calme, pour que ça aille bien ! Nous trouverons une solution ! ». Assurer la sécurité de l’enfant pour éviter les blessures.
- Éviter de céder aux crises. Éviter d’accorder à l’enfant selon son désir pour que cesse la crise. Cela encouragerait la répétition des crises. Garder la constance « Non, c’est Non! »
- Vivre le processus de résolution de conflits. Ce processus en 6 étapes est présenté dans Vie de Parents (Comment aider les enfants à résoudre leurs conflits). Je le reprends ici en nommant les 6 étapes :
- Se calmer (des 2 côtés)
- Nommer les sentiments (la colère, la frustration, etc.)
- Comprendre le problème (Tu voulais….)
- Reformuler le problème (Dans le fond, tu…)
- Demander des solutions aux enfants (Quoi faire pour que ça aille mieux ?)
- Encourager les enfants (Bravo, tu as réussi à trouver une bonne solution!)
Mettre des mots sur les émotions, parler de la colère qui envahit, que l’on doit apprendre à contrôler, comprendre ce qui a déclenché la colère, synthétiser (Dans le fond, tu…), chercher des solutions en impliquant l’enfant, appliquer une solution satisfaisante et en évaluant la réussite, dire « Super! »
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- Utiliser des livres d’enfants et des images pour parler des émotions. Il existe sur le marché des livres pour enfants qui présentent des émotions dont la colère. Utiliser des images de personnes éprouvant des émotions est aussi une autre ressource intéressante. Cela démontre à l’enfant qu’il n’est pas seul à éprouver des émotions positives et négatives et qu’on doit apprendre à maîtriser ses émotions. À la fin de l’article sont nommés quelques titres. Vous pouvez aussi utiliser des marionnettes pour jouer des situations de conflits et aider l’enfant à réfléchir sur ces évènements en faisant des liens avec son vécu.
- Encourager ses progrès. Dès que vous observez des progrès dans la manière qu’a l’enfant d’exprimer ses émotions négatives, lui dire que vous appréciez ses efforts, que vous observez que ça va beaucoup mieux !
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références :
Mireille D’allancé, Grosse colère
Cajoline Fini les colères de François Daxhelet
Jacques Salomé, Contes à guérir, contes à grandir, Éditions Albin Michel (Le conte su petit d’homme qui avait une grande colère en lui, depuis qu’il est sorti du ventre de sa maman (p. 211)
Michel Dufour, Allégories 11, (p. 85, 173, 272)
Jacques Salomé, Contes pour grandir de l’intérieur, Éditions Albin Michel Jeunesse.