Cette année, des maires et des mairesses se sont mobilisés à la dernière minute afin de prendre une décision de première importance et d’en aviser toute la populace. Parfois encouragés par des regroupements de parents, parfois de leur propre chef, les dirigeants municipaux ont modifié la date d’Halloween pour des raisons météorologiques. Ils ont boudé l’averse et ont récompensé des rafales suffisamment importantes pour provoquer des pannes de courant partout au Québec. Cette année, l’Halloween était une véritable course à obstacles. Ramasser le plus de bonbons possibles (et le moins d’ecchymoses) en évitant soigneusement les bacs à recyclage, cônes orange et autres objets volants non identifiés.
Je sais, cette histoire d’Halloween a pris beaucoup d’ampleur. Vous en avez marre? Malheureusement pour vous : pas moi. Je suis généralement quelqu’un qui se surprend et s’insurge de la polarisation que peut susciter certains sujets qui me semblent bien secondaires. Et pourtant, cette fois, je me suis totalement fait prendre au jeu (qui n’en est pas un). Cette décision de plusieurs maires et mairesses de changer la date de l’Halloween m’a profondément choquée.
Plusieurs des opposants au changement ont vu un lien entre cette décision et l’augmentation des problèmes d’anxiété chez les adultes et les jeunes enfants. D’autres ont fait le rapprochement avec le phénomène des parents hélicoptères (ces parents qui planent au-dessus de leur enfant pour les prévenir d’un éventuel et hypothétique danger et voler rapidement à leur secours). Moi, je vois ça davantage comme le phénomène de l’enfant-roi devenu parent. Dans les statuts ou chroniques des pro-changement-de-date, ça ne prend jamais plus de 2 lignes avant que le chat ne sorte du sac: « en plus, ça va être mieux le vendredi », « c’est déjà une corvée passer l’Halloween la semaine, s’il faut ajouter la pluie », «il y a déjà plein de villes qui font ça la fin de semaine » La météo a bon dos.….Ces parents se soucient peu de tous ces gens qui ont dépensé pour des décorations et des bonbons et qui ne seront pas disponibles le vendredi, de ces regroupements de citoyens (dans les ruelles par exemple) qui ne peuvent pas se réorganiser à 30 heures de préavis, des organismes ou entreprises qui ont prévu des gens en surplus pour organiser des maisons hantées ou donner des bonbons le jeudi soir. (Demander à un bénévole ou un employé s’il veut travailler le vendredi soir c’est comme demander à un vampire s’il veut du pain à l’ail.) Ces gens se disent que, pour eux et leur progéniture, l’Halloween serait mieux sous le vent froid du vendredi que sous la pluie du jeudi. Sur mon mur, une maman saluait ce vent de changement parce que son fils avait le rhume le « vrai » jour de l’Halloween. (Chère maman, je suis navrée pour ton petit homme, mais tu sais qu’il n’a pas fini d’en manquer des événements Fiston, parce qu’il sera malade, ou parce que d’autres autour de lui le seront et auront besoin de son soutien. Éventuellement, demanderas-tu à son meilleur ami de changer sa date d’anniversaire afin que Fiston grippé puisse y participer?)
Suite à cet « enjeu », j’ai eu l’impression de me faire garrocher au visage par l’autre clan tout ce que je pensais d’eux. Je vivais dans un monde inversé? J’avais heurté un miroir en lançant mes flèches? Plusieurs blagues circulent encore sur Facebook nous reprochant d’en avoir trop parlé (« alors que des enfants meurent dans le monde »…ben oui, j’ai lu ça franchement!). Il y a toutes ces nuances sur le même thème. Avec sarcasme, on affiche des photos de pays vivant actuellement des situations économiques ou politiques difficiles, et parmi celles-ci on cache une photo du drame québécois de l’Halloween-remise-au-lendemain ». Mais :
1- Nous n’avions plus le choix d’en faire une priorité si ce n’était que pour informer les autres ou s’informer afin de savoir si nous habitions un quartier « délinquant » ou pas… s’il valait mieux passer le jeudi ou le vendredi?
2- Les favorables-au-changement nous reprochent d’en avoir fait une tempête dans un verre d’eau, mais qui l’a versé ce foutu verre d’eau?
3- Un jeudi 31 octobre, lorsque les réseaux sociaux des parents ne sont pas utilisés pour grogner contre la température ou les changements, ils servent à afficher des petits monstres ou de belles citrouilles, pas à dénoncer Jovenel Moise ou Bouteflika. Les parents n’ont pas pour mission de réparer les injustices mondiales, surtout pas le soir de l’Halloween, pourquoi auraient-ils dû le faire cette année?
4- Par contre, que nos élus municipaux se mobilisent et entrent dans nos chaumières pour nous interdire d’exposer nos sirènes et nos astronautes sous la pluie, ça m’énerve!! Il ne me semble pas avoir voté pour ça! J’ai la naïve conviction qu’ils sont capables de mieux, de s’attaquer à des enjeux sociaux ou économiques plus sérieux.
Avec mes enfants, j’ai passé l’Halloween le 31 octobre comme je le fais depuis maintenant 10 ans. Et cette Halloween ne se méritait même pas le prix citron côté météo. J’ai connu pire, au moins 2 fois.
Est-ce que les maires se doivent de prendre des décisions sur cet enjeu « prioritaire » et d’imposer leur décision aux citoyens par des recommandations?
Selon moi, la pluie en octobre et les horaires chargés des parents ne sont pas des enjeux sociaux et ne méritent pas qu’on impose un changement social. Par contre, on pourrait faire de grandes choses si cette belle mobilisation citoyenne était employée pour d’autres motifs que servir nos nombrils.
Mélissa Meunier
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