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La question épineuse de l’image corporelle : que transmettons-nous à nos enfants? (Partie 2)
Pour lire la partie 1 : Cliquez ici !
Dans la première partie, nous avons vu deux manières différentes de percevoir l’image du corps d’une personne : le corps perçu comme un objet et le corps perçu comme habité par un sujet. Nous allons maintenant proposer des interventions qui peuvent aider l’enfant à bien prendre soin de son corps pour développer une identité corporelle saine et une image du corps positive.
Des interventions pour aider l’enfant :
- Réfléchir sur le modèle que l’on représente comme adulte. Se repositionner au besoin pour entretenir une meilleure relation à son propre corps. (L’insatisfaction quant à notre apparence peut se transmettre à l’enfant)
- Discuter avec l’enfant de la perception de son image corporelle. Informer l’enfant des subterfuges utilisés par la publicité et le cinéma : images retouchées, utilisation de doublures prépubères, chirurgies plastiques, maquillages pour camoufler, etc. Discuter avec l’enfant de la diversité des formes corporelles, diversité des tailles et des couleurs. Discuter des stéréotypes que la société suggère pour éveiller son esprit critique.
- Renseigner le jeune sur les aliments plus énergisants et plus bénéfiques pour le corps sans pour autant interdire les autres.
- Éviter les commentaires désobligeants sur l’apparence et sur l’image corporelle d’une personne, y compris pour l’enfant. (Ex. : rondelet, fluette, boulotte, etc.)
- Encourager l’enfant dans ses différents projets où il exprime ses intérêts (Voir l’article paru dans Vie de Parents : « L’encouragement : un ingrédient essentiel! »)
- Aider l’enfant à acquérir et à préserver une bonne estime de lui-même avec ses limites et ses possibilités. (Voir l’article paru dans Vie de Parents : « L’estime de soi : un trésor à transmettre de génération en génération ».)
- Développer l’attention et la sensibilité aux sensations corporelles pour aider l’enfant à discriminer différents besoins, désirs, émotions. Mettre des mots sur les sensations. Donner à l’enfant le vocabulaire de son corps. L’aider à distinguer la sensation de faim et celle de satiété. L’aider à équilibrer son ouverture et sa fermeture selon son ressenti.
- Par des jeux, chansons, comptines, développer la conscience des différentes parties du corps en les nommant. Si l’enfant l’apprécie, lui proposer un massage dès le plus jeune âge, en nommant les différentes parties du corps.
- Questionner l’enfant sur ses goûts pour qu’il développe des repères internes.
- Respecter la morphologie de chacun sachant que l’hérédité joue un rôle important.
- Aider l’enfant à développer une image positive de son corps où il apprécie tout ce qu’il peut faire grâce aux habiletés qu’il déploie. Encourager l’enfant dans des activités physiques qui lui plaisent.
- Délimiter le territoire propre à l’enfant. L’aider à délimiter sa bulle, son espace, son territoire. Lui assigner un territoire.
- Encourager l’autonomie de l’enfant pour qu’il se distancie du regard des autres sur son corps et qu’il vive le processus de séparation et de différenciation que la vie suggère dès le plus jeune âge. Encourager l’enfant à prendre soin de lui en s’automaternant et s’autopaternant.
- Aider l’enfant à faire face aux émotions négatives qui, autrement, pourraient le porter à faire des excès divers comme trop consommer ou, au contraire, se fermer et à rejeter la nourriture, par exemple.
- Aider l’enfant à apprendre à gérer sa colère. Ne pas nier cette émotion qui doit être intégrée comme faisant partie de la vie relationnelle. (Voir l’article paru dans Vie de Parents; « Les crises de colère des enfants; que faire? ».
- Garder la gourmandise de l’enfant en éveil sans s’y perdre. Apprivoiser la gourmandise en favorisant un plaisir sain avec la nourriture.
- Éviter d’offrir un aliment comme réponse à tout inconfort. Plutôt mettre des mots sur les maux.
- Dans la discussion avec l’enfant, ne pas créer de tabous. Accepter les questions et les observations de l’enfant et en profiter pour lui communiquer des valeurs de diversité et de respect.
- Accompagner l’enfant en le soutenant dans les différents sevrages que la vie lui suggère (quitter le sein maternel, quitter le biberon, se séparer de ses parents, etc.). Appuyer le processus de séparation.
- Interroger souvent l’enfant pour qu’il exprime ce qu’il pense et ce qu’il perçoit. L’accompagner dans la construction de sa vision en développant sa confiance en soi pour qu’il s’appuie sur ses références internes.
- Enseigner le processus de résolution de conflits en 6 étapes (Se calmer, nommer le sentiment, comprendre le problème, reformuler le problème, demander des solutions aux enfants, encourager les enfants). Ce processus est bien expliqué dans un article paru dans Vie de Parents : « Comment aider les enfants à résoudre leurs conflits? »
- Encourager l’enfant à dire non quand ça ne lui convient pas, quand, par exemple, des gestes déplacés sont posés à son endroit. L’aider à dire non aux influences extérieures néfastes qui peuvent faire mal au corps.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
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