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Observer le développement de l’enfant 0-12 ans par tranches d’âge : c’est fascinant! (Partie 2)
Le développement de l’enfant, c’est fabuleux ! Devant le déploiement progressif des différentes habiletés de l’enfant, l’émerveillement de l’adulte surgit, avec parfois même des larmes aux yeux tellement c’est beau ce qu’on observe dans ce développement continu ! Essayons de retracer ici les grandes lignes de ce développement pour être encore plus en mesure de l’apprécier. Bien sûr, nous savons que chaque enfant est unique et qu’il ne s’agit pas de comparer les enfants entre eux, encore moins de tenter de précéder les étapes que l’enfant franchit naturellement, en manifestant comme adulte de l’empressement ! Non! Nous sommes ici pour observer ce qui se déroule devant nos yeux de manière spontanée et organique, reconnaissant à chaque enfant son rythme propre et son unicité.
*Pour lire l’article sur la période 0-2 ans par la même auteure, c’est ici!
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LES 2-6 ANS
Beaucoup d’acquisitions motrices et physiques surviennent entre 2-6 ans : en voici quelques-unes (1), (2).
- Sauter avec les deux pieds à 30 centimètres de distance
- Botter un gros ballon
- Montrer des signes de préférence pour l’une des 2 mains
- Monter un escalier en posant les 2 pieds sur chaque marche en tenant la main courante
- Mettre ses souliers (à l’envers quelquefois)
- Courir aisément
- Grimper sur un meuble et en descendre
- Tenir un verre d’une main
- Utiliser un ustensile pour manger
- Tourner les pages d’un livre une à une
- Sauter avec les deux pieds à 40—60 centimètres de distance
- Sauter sur place sur ses 2 pieds
- Monter l’escalier en alternant les pieds cette fois
- Faire avancer un objet roulant avec le pied
- Courir avec souplesse en variant la vitesse
- Pédaler sur un tricycle
- Contrôler sa vessie et ses intestins (varie selon la maturité et l’intérêt de l’enfant)
- Attraper un ballon avec son corps
- Enfiler un vêtement simple. S’habiller presque seul
- Verser un liquide d’un pichet qui n’est pas trop lourd
- Manger seul avec une cuillère, puis avec une fourchette
- Utiliser des ciseaux pour découper
- Empiler des blocs
- Sauter avec les deux pieds à 60-80 centimètres de distance
- Varier le rythme de marche et de course
- Sauter sur un seul pied
- Attraper au vol un ballon qui rebondit
- S’habiller seul
- Construire des édifices avec des blocs
- Manger proprement
- Découper avec des ciseaux des formes complexes
- Tenir un crayon entre le pouce et l’index
- Découper en suivant une ligne avec les ciseaux
- Garder l’équilibre sur un seul pied
- Sauter avec les deux pieds à 70-90 centimètres de distance
- Sauter sur un pied sur une distance de 5 mètres
- Attraper une balle qui rebondit seulement avec les mains
- Descendre un escalier sans aide en alternant les pieds
- Enfiler des perles
- Attacher des boutons, utiliser une fermeture-éclair, attacher ses lacets de souliers
- Distinguer la main droite de la main gauche
- Utiliser toutes sortes d’ustensiles et d’instruments
- Maîtriser sa bicyclette
- Enfiler une aiguille et faire quelques points
- Marcher sur une ligne droite
Des acquisitions sur les plans social et affectif aussi sont observables. La prise de conscience de soi se développe dans la comparaison avec les autres au sujet de la taille, de l’âge, du sexe, des caractéristiques physiques. La conscience d’être un garçon ou une fille s’accentue. Les comportements d’attachement, si manifestes dans la période 0-2 ans, deviennent moins observables en situation détendue, bien que l’attachement aux personnes qui prennent soin de l’enfant demeure important. La séparation avec les parents est plus facile. La connaissance de « la permanence de l’objet » aide en ce sens, à savoir que l’enfant de cet âge sait que ses parents existent même s’il ne les voit pas. Le désir d’autonomie et de faire seul s’impose. Les jeux avec les pairs prennent de l’importance et le « tour de rôle » commence à être compris et accepté. La patience devient observable. Les maladresses sociales perdurent dans une agressivité principalement physique. L’aide de l’adulte est requise pour régler les conflits.
La connaissance de soi, de ses goûts, de ses préférences, se raffine. Les besoins physiques ressentis peuvent être verbalisés. Des choix sont faits et exprimés. La reconnaissance de ses forces et des limites ressenties est verbalisée aussi. Les sentiments sont exprimés verbalement ou non. La sensibilité à la peine des autres se développe. La conscience d’appartenir à une famille aussi. La présence d’autres enfants est appréciée pour jouer. Le sens du partage s’accroît peu à peu. Des manifestations d’altruisme sont perceptibles. Les premiers signes d’amitié individuelles sont remarqués. Avec la maturité, l’agressivité devient plus verbale que physique. La colère devient mieux maîtrisée. Les formules de politesse sont utilisées. Et, avec le temps, la définition de soi se fonde davantage sur les propriétés physiques et les habiletés particulières.
Le « Je » est de plus en plus utilisé pour parler de soi-même et il se distingue du « tu ». L’empathie se manifeste clairement dans des comportements observables. Le jeu prend énormément d’importance tout au long de cette période : jeux symboliques, jeux d’assemblage et jeux de règles simples. La compagnie des amis aide l’enfant à se développer sur le plan social et affectif. Plus l’enfant mature, plus il perçoit les groupes auxquels il appartient : l’école, la garderie, le quartier, etc.
Des acquisitions sur le plan du langage sont observables.
Des améliorations notoires se révèlent au cours de cette période. Les phrases se complexifient en augmentant le nombre de mots, en variant le genre et le nombre, en utilisant des temps passés, présents et futurs. Des prépositions, des pluriels, etc. s’ajoutent aux énoncés de l’enfant. Des phrases négatives et interrogatives apparaissent (2). Puis, des conjonctions « et », « mais » sont utilisées pour traduire la pensée de l’enfant. Le masculin et le féminin servent à différencier les sexes. Des comptines et des chansons connues sont retenues. Les livres d’histoire sont fort appréciés. Des questions nombreuses viennent pimenter la conversation avec l’enfant.
Quant au langage graphique où l’enfant s’exprime dans ses créations, il passe du stade du gribouillis à des stades plus avancés (Voir l’article paru dans Vie de Parents « La créativité de l’enfant : un cadeau de la vie à préserver »). Ces étapes naturelles sont à respecter et surtout, il ne faut pas chercher à les devancer pour vraiment permettre à l’enfant de bâtir sa propre confiance dans les images qu’il peut lui-même représenter. Disons simplement ici que, en maturant, l’enfant s’exprime de manière toujours plus personnelle, originale et créative quand il est respecté dans le développement de son langage graphique.
Des acquisitions sur le plan cognitif sont observables.
L’enfant agit dans « l’ici-maintenant » et l’action prime sur la pensée. Il perçoit et ressent de manière immédiate. Il peut utiliser des images, des actions et des mots qui représentent des objets, des personnes, des situations. Des symboles sont utilisés dans le jeu de l’enfant de plus en plus. Dans le jeu symbolique, la fonction des objets est détournée. Le bâton devient un balai, un cheval, etc. Les jeux de déguisement et de « faire semblant » prennent toute leur importance.
Les objets sont classifiés selon leur fonction. Une classification peut se faire à partir des formes, des tailles, des couleurs, etc. L’enfant participe au rangement en trouvant la place pour chaque chose. L’enfant de ces âges s’intéresse aux casse-têtes de plus en plus difficiles. Plus l’enfant vieillit, plus il devient conscient du danger et plus il peut faire des choix pour se protéger.
La résolution de problèmes simples s’installe. L’intérêt pour les lettres et les chiffres aussi et ce, de plus en plus en maturant. Les notions de lieux et de temps sont bien maîtrisées (en-dessous, au-dessus, avant, après, etc.)
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation.
Référence
- Kathleen Stassen Berger, adaptation de Marie Luth Des Lierres, Psychologie du développement, Éditions Modulo. 2000
- Helen Bee, Denise Boyd, adaptation française par François Gosselin, Les âges de la vie, 3 e édition,Éditions Erpi, 2008
FSSS CSN, Le portrait évolutif de mon enfant, production syndicale, 2020