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Les effets de la pandémie sur les enfants et leurs parents
La pandémie crée des conditions de stress pour tout le monde, enfants et adultes.
Quel est ce stress vécu par les enfants et leurs parents ?
Le stress des enfants de 5 ans et plus
- Le stress de perdre des amis qui déménagent pour aller dans des régions où il y a moins de contaminations. Ces déménagements imprévus avant la pandémie ont lieu alors que rien ne vient préparer ce saut vers l’inconnu, tant pour les enfants qui déménagent, que pour leurs amis qui les voient partir du jour au lendemain, sans pouvoir leur dire aurevoir. La coupure est abrupte. Les enfants vivent là une perte importante car ils étaient attachés à ces amitiés qui ne pourront vraisemblablement pas être reprises, puisque les coordonnées de ceux qui sont partis ne sont pas connues de ceux qui restent. Ces séparations sont vécues par les enfants comme une perte et engendrent de la tristesse réelle.
- Le stress de ne pas pouvoir fréquenter des amis dans leur maison. Selon les consignes en vigueur, les rencontres entre amis se font à l’extérieur, sauf lorsqu’ils fréquentent l’école et la garderie. Donc, pas moyen de rentrer chez un ami pour voir ses jouets et les partager. Les rencontres extérieures se font souvent en présence des adultes dans des lieux organisés (parcs, patinoires, etc.). Impossible de se retrouver juste entre amis, quand on est petit. Les enfants peuvent avoir des difficultés à socialiser et à créer de nouveaux liens à cause des consignes sanitaires en vigueur (masques, distanciation).
- Le stress de ne pas pouvoir voir ses grands-parents souvent et la famille proche. Les déplacements entre régions n’étant pas recommandés, les visites aux grands-parents qui habitent une autre région se font très rares. Cela est aussi vrai s’ils demeurent proche. Même si le lien est sauvegardé, le manque se fait quand même sentir.
- Le stress de voir ses grands-parents contaminés ou toute autre personne proche. Plus l’enfant vieillit, plus il comprend que ses grands-parents font partie des gens à risque. Il craint alors de les perdre ou qu’ils soient très malades.
- Le stress de devoir vivre beaucoup dans sa bulle, avec des règles nombreuses des parents. La vie n’est vraiment plus la même qu’avant la pandémie. Le temps passé en famille s’est accru considérablement. La vie de famille est organisée par les parents qui, pour s’en tirer, adoptent plusieurs règles. Cela peut être vécu comme contraignant pour les enfants.
- Le stress de ne pas pouvoir se déplacer loin pour vivre des expériences autres, comme des sorties intéressantes. Les enfants jeunes ne peuvent plus accompagner leurs parents à l’épicerie. Ils peuvent encore moins voyager au loin pour vivre des expériences qu’ils apprécient, comme aller à la mer, découvrir de nouveaux horizons, etc. Les projets de voyages sont très limités. Cela diminue les occasions de plaisir.
Les signes de stress chez les enfants se manifestent par de l’anxiété, de la dépression, de l’ennui, des problèmes de sommeil, de l’irritabilité, de l’isolement, des conflits plus nombreux avec les membres de la famille.
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Le stress des parents
- Le stress lié à la surcharge de travail sans possibilité d’avoir de l’aide extérieure. Ce stress est immense ! C’est une véritable mise à l’épreuve ! Les parents doivent performer dans une multitude de rôles et de tâches : être parents, cuisiniers, éducateurs, professeurs, accompagnateurs de leurs enfants dans leurs jeux, faire des travaux ménagers, etc. Toutes les responsabilités reliées à la maison et aux enfants leur reviennent. Ils doivent « tout » faire et ce, sans demander de l’aide à l’extérieur ! Ils sont submergés par les responsabilités nombreuses. Ils peinent à garder la tête hors de l’eau, tant la lourdeur des tâches les affecte.
- Le stress d’être isolé dans sa bulle familiale sans contact physique avec des proches. Le confinement engendre un repli sur soi et sur ses ressources familiales disponibles dans sa bulle. Quand des conflits surgissent entre les membres de la bulle familiale, la tension monte et il n’y a pas d’autre lieu pour digérer et évacuer. Les échanges vivifiants avec l’extérieur manquent considérablement, même si les parents prennent certains moyens pour communiquer avec leur réseau. Ils sont si occupés à gérer leur vie familiale qu’ils manquent souvent de temps pour faire quoique ce soit d’autre.
- Le stress d’avoir très peu de temps à soi pour recharger la batterie. Du temps pour soi, il en manque terriblement! Il faut répondre à toutes les demandes liées à la vie familiale. Cela demande un don de soi incroyable !
- Le stress de voir ses parents ou ses proches contaminés. Comme pour les enfants, cette crainte est réelle. Les informations transmises sur la pandémie font craindre le pire pour les aînés. Les parents sont donc préoccupés par cette épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête d’êtres chers.
- Le stress de vivre plein d’émotions négatives et d’avoir les émotions dans le piton! Des zones grises sont à traverser. Des zones brumeuses où on ne perçoit pas le haut de la montagne ni la lumière au bout du tunnel. On nous parle d’arcs-en-ciel mais on perçoit plus les nuages, la lourdeur de la scène qui se joue devant nos yeux. On voudrait être « cool » mais ce n’est pas « cool » ce qu’on vit comme parents! Le sentiment est plus au « Bof! » qu’à la joie!
- Le stress de devoir tenir la tête hors de l’eau et de ne pas sombrer malgré les émotions négatives. Les moments de réjouissances entre amis et avec la famille élargie sont super limités. Les fêtes traditionnelles sont fêtées dans la bulle familiale plutôt que dans une communauté. Le manque de liens se fait sentir. Et malgré tout, il faut garder la tête haute et poursuivre sa route. On nous parle de « marathon ». On ne sait plus trop comment participer à ce « marathon »! La sensation d’accablement se fait sentir. La traversée est vraiment difficile ! Mais souvent, on ne veut pas que les autres soient témoins de notre détresse. Alors, on tient le fort !
- Le stress d’avoir de la difficulté à trouver de l’écoute pour nos émotions négatives. Quand on ose parler de nos sensations et de nos sentiments négatifs, ce n’est vraiment pas facile de trouver une oreille attentive. Les autres sont également aux prises avec des émotions négatives et leur disponibilité peut en être réduite.
- Le stress de voir le travail modifié ou arrêté. La pandémie a un gros impact sur la vie professionnelle. Si on travaille, la situation est quand même transformée avec le télétravail qui s’installe au beau milieu de toutes les autres responsabilités qui incombent aux parents. Si le travail est arrêté, plusieurs émotions font surface : incertitude, anxiété, humiliation de devoir se reposer sur l’aide gouvernementale pour survivre financièrement. Ce stress en lien avec la vie professionnelle est énorme !
En complément, lisez “Des pistes de solution pour développer la résilience et faire face à la crise”
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation