*Suite de l’article : La compétition dans la fratrie : comment réagir? Partie 1
Nous l’avons vu, la compétition dans la fratrie engendre des ressentis difficiles à vivre parce qu’ils sont négatifs. De ce fait, ils sont difficiles à reconnaître et à nommer parce que, ce faisant, nous levons le voile de l’idéalisation de la fratrie qui laisse croire à une image harmonieuse et paisible. Nous poursuivons ici la réflexion pour sortir du tabou, faire le deuil de la fratrie idéale et pour trouver des pistes d’intervention pour faire face à cette réalité.
Encourager l’autonomie et faire l’éloge de la différence
Que chaque enfant apprenne à se donner à lui-même ce dont il a besoin, ce qui lui fait du bien, ce qui est bon pour lui. « La fusion nuit à une véritable maturité. » (1, p. 89) Que ce soit la fusion avec ses parents ou avec un ou des membres de la fratrie. Aider chaque enfant à trouver la sécurité en lui-même.
Éviter à tout prix les comparaisons. L’enfant a déjà tendance à se comparer dans la fratrie. Ne pas surenchérir. Ex. : « Ton frère sait garder son matériel plus propre que toi! », « Tu es plus habile physiquement que ta sœur! ».Et, comme on disait plus tôt, éviter de traiter de façon identique les enfants de la fratrie parce qu’ils sont différents.
Adopter un regard bienveillant pour chacun des enfants. Et cela, peu importe leurs ressemblances et leurs différences. Faire ressortir les différences qui les distinguent, même s’ils sont rapprochés ou même s’ils sont jumeaux. Éduquer chaque enfant en valorisant le respect des différences, l’acceptation des différences quelles qu’elles soient. Sans obliger quiconque à aimer l’autre. Mais enseigner le respect en devenant un modèle de bienveillance. (Voir l’article paru dans Vie de Parents « Être un modèle de bienveillance pour nos enfants »).
Aider les enfants à apprendre à se dé-soumettre. C’est-à-dire à sortir des rôles de victime et de bourreau. Qu’ils apprennent à prendre de la distance face aux jugements de l’autre, face à ses exigences. Qu’ils prennent conscience de la tendance à se laisser écraser ou à écraser, à se laisser dominer ou à dominer. Qu’ils admettent que chacun a sa part de responsabilité et l’assumer pour éviter que la souffrance soit renforcée. Accompagner chacun pour qu’il évite de devenir son propre bourreau, en appuyant lui-même là où ça fait mal (1, p. 144).Aider chacun à être soi-même et à laisser l’autre être lui-même, en acceptant la différence. Bref, en vieillissant, qu’ils apprennent à se libérer du regard de l’autre pour que chacun ne se laisse pas atteindre dans son identité propre.
Poser des limites claires et aider chaque enfant à le faire
Affirmer clairement qu’il est interdit de faire mal ! Le cadre doit être clair et solide. Les limites sont importantes pour ramener chaque enfant à la responsabilité qu’il a d’apprendre à se maîtriser et à se contenir. Permettre à chacun de couper ce qui est malsain dans la relation de fratrie. Plus l’enfant grandit, encourager à couper éventuellement le cordon ombilical qui relie aux parents pour grandir et devenir autonome. Oser se séparer pour ne pas maintenir une dépendance fusionnelle ni avec la fratrie ni avec les parents, comme il est dit plus tôt.
Éviter de forcer l’amour dans la fratrie. Instaurer le respect
Laisser chaque enfant assumer ses contrariétés sans le forcer à aimer sa fratrie. Cela permet à chacun d’aimer paradoxalement dans l’avenir, car il se sera senti aimé et accepté. (1, p. 76). L’interdit de compétition et de rivalité est une négation de la réalité. Ce qui nuit à chaque enfant, car chacun se trouve en contradiction avec lui-même. Reconnaître la vérité, au-delà des belles apparences, permet à l’amour fraternel de reprendre ses droits. (1, p. 116) Se détacher pour laisser l’énergie vraie se manifester dans la relation.
Aider les enfants à développer le sentiment d’appartenance. En faisant des activités en famille, en organisant des fêtes où chacun participe à sa guise, en cuisinant ensemble, en faisant des sorties, etc., le sentiment d’appartenance se développe dans ces expériences positives.
Comme parents, faire le travail-sur-soi nécessaire pour se libérer de sa propre fratrie.
Les problèmes non résolus peuvent passer d’une génération à l’autre. Éviter de projeter sur nos enfants nos propres difficultés de fratrie. Aller chercher de l’aide professionnelle, au besoin, pour soi comme parents, ou pour les enfants.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
(1)Virginie Megglé et Alix Leduc, Frères, sœurs guérir de ses blessures d’enfance, Éditions Leduc, 2015.
(2)S. Couturier et M. Poignonec, Le livre de mes émotions, La jalousie, Éditions Gründ, 2018.
(3) Françoise Dolto, Lorsque l’enfant paraît T 01, Éditions Points, 2014.
Par Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 28 mai 2020
Apprendre à jouer seul est aussi important que d’apprendre à jouer en groupe. Plus les enfants seront en mesure...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville - 13 février 2018
«Je t’aime», quelques petits mots bien simples, mais tout sauf anodins. On peut même dire qu’ils sont primordiaux au sein...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville - 25 mai 2018
Le mensonge est une sorte de passage obligé chez les enfants. À un moment ou à un autre, tous les...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 6 novembre 2020
Il est normal pour un parent de s’inquiéter pour son enfant et d’avoir le cœur un peu serré lorsque celui-ci...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 18 août 2020
Depuis quelques semaines, nous sommes happés de plein fouet par une vague de dénonciation. Qu’il soit question d’artistes, d’influenceurs ou...
Lire l'articlePar Office de la protection du consommateur - 28 juillet 2020
Collaboration Office de la protection du consommateur Encore un jouet qui finira aux oubliettes! Il lui faut les mêmes...
Lire l'articlePar Sarah Barbeau - 5 septembre 2017
Vous avez un petit poupon dans vos bras, et vous vous dites que vous avez encore beaucoup d’amour à offrir....
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 11 juillet 2020
Découvrir que son enfant possède un ami imaginaire peut générer chez l’adulte son lot de questions : Est-il normal? Dois-je ignorer...
Lire l'articlePar Maude Lemieux - 22 mai 2020
Votre petit a des difficultés au niveau de son développement langagier et vous avez décidé de consulter en orthophonie? Il...
Lire l'articlePar Caroline Dufresne - 1 mai 2018
La majorité des enfants vont expérimenter les cauchemars entre l’âge de 2 et 10 ans. Certains occasionnellement alors que pour...
Lire l'articlePar Jocelyne Petit - 2 février 2021
Nos enfants vivent à nos côtés un processus d’humanisation, c’est-à-dire qu’ils cheminent pour devenir des personnes autonomes et responsables, engagées...
Lire l'articlePar Jocelyne Petit - 8 février 2021
« Les dictionnaires définissent généralement l’estime de soi comme étant un sentiment favorable né de la bonne opinion qu’on a de...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 16 février 2021
C’est bien connu, chaque enfant est unique. Chaque enfant possède ses forces, ses faiblesses, ses intérêts, ses émotions, etc.… et...
Lire l'articlePar Les Parents, Familiprix - 18 novembre 2020
Dans le tumulte de nos vies, s’arrêter pour prendre soin et penser aux gens que l’on aime sans raison...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 1 mars 2021
Je crois beaucoup au pouvoir des mots, c’est pourquoi il faut à certain moment s’arrêter et réfléchir aux mots employés...
Lire l'article