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Une crise à l’épicerie : que faire?
L’épicerie regorge de gâteries qui éveillent le désir de l’enfant. Quand l’enfant attend dans la file pour accéder à la caisse, il en a « plein la vue ». Devant le refus du parent d’accéder à ses demandes, l’enfant peut faire une crise. Que faire durant ces moments où tous les yeux sont tournés vers soi et son enfant ? Et que faire pour éviter les crises ?
- Préparer la visite à l’épicerie en prévenant l’enfant à l’avance qu’il verra plein de produits et qu’il sera « tenté » de les avoir tout de suite mais que cela ne sera pas possible. Verbaliser la frustration que l’enfant aura de ne pas obtenir tout ce qu’il voit et désire. Lui demander s’il est capable de se « maîtriser » pour « résister à la tentation » ou si c’est trop difficile pour lui ? Si c’est au-dessus de ses moyens, il vaut mieux éviter ce type de sortie avec l’enfant.
- S’entendre avec l’enfant que, cette fois, on va acheter des aliments nutritifs mais que, une autre fois, il pourra choisir une gâterie. Si l’enfant insiste lors d’une visite sans gâterie, lui dire : « Une bonne fois, nous reviendrons pour en acheter! ».
- Reconnaître et verbaliser le désir de l’enfant. Mettre des mots sur le désir de l’enfant et sur la « tentation » qu’on a quand on voit des aliments qui nous attirent. « Les friandises attirent ton attention ! », « Tu aimerais avoir ces friandises ! ». L’enfant se sentira compris. Il y a des chances qu’il se calme. Verbaliser aussi ses émotions : « Tu es triste ! », « Tu es fâché! », « Tu es frustré! ».
- Verbaliser les « tentations possibles » avant d’arriver à la caisse. Parler de la frustration que l’on peut ressentir à voir plein de gâteries quand on ne peut pas en prendre. Parler du contrôle que l’on a à développer devant une telle abondance. Aviser l’enfant : « Nous entrons dans une zone de gâteries! ».
- Éviter de se montrer impressionné par la crise. Cela est difficile pour le parent qui se sent observé et peut-être même jugé. Demeurer calme et bienveillant autant que possible. Respirer par le nez.
- Éviter de céder à la crise. Si l’enfant obtient ce qu’il désire en faisant une crise, il y a de gros risques qu’il recommencera le manège en d’autres occasions. Faites comprendre à votre enfant que vous reconnaissez son désir (no. 3) mais que « Nous allons résister à la tentation aujourd’hui! ».
- Prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de l’enfant. Le déplacer au besoin. Surveiller votre toucher pour qu’il ne soit pas rude ou qu’il ne manifeste pas d’impatience. Circonscrire certains mouvements des pieds et des mains de l’enfant. Chercher un endroit calme, à l’extérieur de l’épicerie ou dans un coin tranquille.
- Orienter l’enfant vers du positif. Parler à l’enfant de ce que vous faites après qui peut être plaisant pour lui : « Quand tu auras terminé ta colère, nous irons…. ». Aider l’enfant à se resituer dans une perspective où il ne perd pas « tout » et où le plaisir est encore présent.
- Considérer qu’apprendre à gérer ses frustrations est un apprentissage essentiel. Considérer que la capacité de résister aux tentations est un apprentissage qui sera utile tout au long de la vie. Cette vision a avantage à être perçue dans votre intervention tout au long de la crise et même avant. Mais cet apprentissage est plus difficile pour un tout-petit car « l’inhibition », qui est la capacité d’autorégulation permettant de régler et de maintenir un équilibre interne, en dépit des évènements extérieurs, est en voie de développement. C’est entre 1 et 3 ans que le cortex préfrontal du cerveau se développe et ce, jusqu’à l’âge adulte (voir l’article paru dans Vie de Parents « Les crises de colère : que faire ? »)
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
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