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S’écouter comme parent et trouver le juste milieu
Entre la trop grande bienveillance et l’intolérance se situe « le juste milieu ». Pour trouver « le juste milieu », il s’agit de réunir en soi deux forces : une force pour accueillir l’enfant et son ressenti et l’autre force pour affirmer des limites claires. S’écouter soi-même tout en écoutant l’enfant assure une intervention bien dosée.
Ne pas s’oublier
L’important est de ne pas s’oublier en prenant soin de l’enfant. Tenir compte de son ressenti personnel et s’y appuyer pour intervenir. Quand le parent ressent de la frustration, de l’impatience, de l’irritation, c’est le signe qu’une limite a été dépassée et qu’il convient de se manifester pour éviter que la situation s’envenime ou dégénère.
Intervenir face à l’enfant qui pleurniche
Par exemple, quand l’enfant pleurniche parce qu’il se fait dire « non » à une demande quelconque, l’adulte qui s’écoute peut sentir une irritation. Le moment n’est pas agréable pour personne. Si, pour consoler l’enfant, le parent le cajole et lui donne des bisous et des câlins, le message de la limite ne passe pas. Pourquoi l’enfant arrêterait-il de pleurnicher puisque cela lui attire plein d’attention? S’écouter comme parent et ne pas s’oublier signifie de tenir compte du ressenti d’irritation et de s’y appuyer pour communiquer une limite claire. En cajolant l’enfant, la limite est confuse même en disant « non ». L’enfant continue de pleurnicher et il pourrait avoir tendance à répéter ce comportement. On peut dire que le parent s’est oublié en passant par-dessus son ressenti. Son intervention devient trop bienveillante.
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Trouver le juste milieu
Le juste milieu amènerait le parent à accueillir le ressenti de l’enfant et le sien en disant, par exemple, « Je comprends que tu aimerais…. », « Cela sera possible…(préciser le moment) ». Accueillir et affirmer clairement la limite « Non, pas en ce moment! ». Ensuite, cesser de mettre de l’huile sur le feu en cessant d’accorder plein d’attention à la pleurnicherie. Vaquer à une occupation énergisante. Démontrer que l’émotion négative de l’enfant ne prend pas toute la place pour le parent. Devenir sensible à ses propres sensations, besoins, désirs, émotions tout en étant réceptif au vécu de l’enfant.
Se libérer de la peur de brimer l’enfant
Par peur de brimer l’enfant, des parents se pilent dessus et font des pieds et des mains pour éviter de frustrer l’enfant. Rendent-ils service à l’enfant? L’enfant a besoin d’apprivoiser la frustration en étant confronté à des limites. Cet apprentissage est sain et nécessaire.
Éviter d’accumuler une énergie négative
Le parent qui s’oublie risque d’accumuler une énergie négative et finir par dire avec une attitude exaspérée : « C’est un pleurnicheur! », en étiquetant l’enfant. Quand on se coupe de l’émotion, l’intervention devient trop molle. Et quand on se laisse ensuite envahir par l’émotion, l’intervention devient trop dure. Le « juste milieu » se situe entre ces deux pôles où on s’appuie sur l’émotion en la contenant, sans en être envahi. Pour cela, il faut s’écouter!
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation