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Partir pour ne pas mourir

 

Pour certains, ça les foudroie comme un éclair. Pour d’autres, ça s’installe tranquillement, au fil des jours, au fil des petites difficultés du quotidien qui se mettent, tout doucement, à peser. Pour moi, c’était comme ça. J’ai vu la marée descendre, une vague à la fois, et je n’ai pas écouté. Je n’ai pas prêté assez attention à l’eau qui perlait devant mes yeux fatigués, devant mon corps amaigri. J’ai fait comme toutes les mamans. Comme tellement de mamans font, parce qu’on a trop peur de faire autrement. Trop peur du jugement. Trop peur des reproches. Des sourcils froncés de notre entourage. J’ai tourné les yeux et j’ai continué. Métro-boulot-dodo, au meilleur de mes capacités, la tête embrouillée et le corps engourdi. Jusqu’à ce jour d’été où j’ai frappé mon mur. Incapable de me lever, incapable de marcher. Le tsunami était là, et je le regardais s’approcher de la rive, effrayée et confuse. Et, à ce moment précis, j’ai dû prendre une décision. Une décision juste pour moi, pour ma survie. Il ne s’agissait pas de réfléchir à mon environnement, de discuter avec mon entourage, de voir qui je devais sauver en premier ou qui je devrais prendre sur mon dos et dans chaque bras en emboîtant le pas, de consulter mes proches pour réfléchir à la meilleure option.

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Non.

 

À ce moment précis, mon instinct de survie a pris le dessus, et le creux de mon ventre m’a hurlé : il faut que tu partes. Cours. Avance sans hésiter, dirige-toi vers ton refuge. Et, ce jour-là, j’ai décidé de faire confiance à cet instinct de survie, et j’ai acheté un billet d’avion pour l’Italie. Je partirais pour Positano. J’irais rejoindre la carte postale. Les petites maisons multicolores juchées sur les falaises près de la côte. L’eau étincelante de la mer. Les galets sur lesquels les amoureux s’embrassent du matin au soir. Les pizzas remplies de fromage coulant et les gelatos glacées au citron local. C’est là que j’irais pour sauver ma peau. Nulle part ailleurs.

 

Évidemment, dans les jours suivants, j’ai été confronté à beaucoup de remords et de culpabilité. Moi, la maman, la chef de tribu, le capitaine du bateau, comment pourrais-je m’absenter huit jours complets et laisser ma marmaille à un papa qui n’avait pas vraiment expérimenté la vie monoparentale avant? Mais j’ai décidé que je n’allais pas m’en faire. Que les choses seraient peut-être faites différemment, que le panier de lavage toucherait le plafond à mon arrivée, mais je n’allais pas m’en préoccuper, point.

 

Puis je grand jour arriva. Ma sœur déposa à l’aéroport une femme remplie d’inquiétudes et de regrets, qui cherchait, assise quelque part à son terminal, une façon de devancer son billet de retour. J’ai pleuré à l’aéroport. J’ai pleuré et je ne savais pas vraiment pourquoi je pleurais.

 

Maintenant je sais pourquoi.

 

Parce que je fermais un chapitre ce soir d’octobre là, recroquevillée sur mon petit corps fatigué, le sac à dos bien enfoncé contre ma poitrine, les écouteurs dans les oreilles, les mains agrippées les unes aux autres. Il n’y avait pas d’autres mains pour me tenir. Il n’y avait pas d’autres mains pour me retenir non plus. Il n’y avait que les miennes, mes paumes humides qui s’enlaçaient et se lançaient dans le vide.

 

Après deux avions, une nuit sans sommeil et une connexion à Bruxelles, j’ai ouvert mes yeux enflés à quelques minutes de mon atterrissage à Naples, et mon cœur s’est arrêté. J’étais rendue. Sous mes yeux, le relief montagneux et la nature luxuriante de l’Italie m’accueillaient, un beau matin ensoleillé d’automne. Les petites voitures roulaient dans les routes sillonnées des vallons d’un vert profond, les maisons aux toits orange s’entassaient les unes contre les autres le long des rues principales, dans les multiples villages montagnards de la côte. En voyant ce paysage, c’est comme si je réalisais pour la première fois que j’étais partie. Que j’étais en voyage, toute seule, et que j’étais à quelques heures de rejoindre ma carte postale. Ma bouée. Je la voyais à l’horizon.

 

De Naples, j’ai choisi d’être conduite jusqu’à Positano. Je ne voulais pas, pour la première fois de ma vie, essayer de faire coordonner les trains avec les traversiers, et retarder ainsi mon arrivée à destination. Sur le banc arrière de la voiture, j’ai été présentée à l’Italie, à Naples, puis Pompéi, puis nous avons traversé de longs tunnels dans les montagnes, et Francesco, mon chauffeur, m’a indiqué, lorsque nous nous apprêtions à sortir du dernier tunnel, « There, Sorrento. After, Positano ». La voiture a pris un grand tournant, au bord d’un précipice suivant les maisons de pierres et les oliviers, puis comme si la vie ouvrait devant moi un coffre aux trésors, j’ai aperçu Positano. Et, de plein fouet, j’ai été submergée, envahie, par tellement de bonheur, tellement d’amour pour cette ville, comme lorsqu’on rencontre quelqu’un et qu’on a un coup de foudre, qu’on sait que cette personne aura un impact sur la trajectoire de notre vie, qu’après elle, nous ne serons plus jamais pareils.

 

Positano est exactement comme on se l’imagine. À couper le souffle. Trop beau pour être vrai. Une peinture rendue réalité. Un cadeau de la Terre. Il ne faut pas mourir sans venir à Positano. Il faut se marier à Positano, il faut s’aimer. Il faut se dire je t’aime et s’enlacer. Et c’est ce que les gens font ici. Ils s’aiment. Ils ne font que ça. J’ai vu une demande en mariage à Positano. J’ai vu plusieurs photos de mariage être prises sous mes yeux, des amoureux se sourire le regard aussi brillant que l’eau à leurs côtés, j’ai vu de vieux couples se perdre dans le regard de l’autre comme, j’en suis sûre, ils ne s’étaient pas regardés depuis trop longtemps. J’ai vu de jeunes couples collés sur une minuscule serviette de plage, se caresser doucement, toute la journée, à Positano. J’ai vu le jour se lever et la nuit tomber sur ce village aux pouvoirs magiques, tous les jours de mon voyage. J’ai perdu le sommeil. Je n’avais pas le temps de dormir, j’étais à Positano. J’ai marché, tellement marché, et j’ai regardé en silence cette symphonie d’amour et de merveille se dérouler autour de moi. J’ai observé les marchands discuter ensemble, les enfants du coin jouer au soccer autour de moi à la plage, j’ai été accueillie de façon impeccable, on m’a noyé de petites attentions partout où j’allais. Sans le savoir, j’attendais Positano depuis des années, et je pense que Positano m’attendait aussi.

 

Et ici, je me suis retrouvée. Entièrement. J’ai repris mon souffle et j’en ai trouvé un second au passage. J’ai pris le temps de m’excuser à la femme que j’avais tellement négligée aussi. Je l’ai remercié pour toute sa force. Pour sa résilience. Je l’ai félicitée de s’être écoutée.

 

Maintenant, il faut revenir. Et comme ma grande inspiration Elizabeth Gilbert, je suis terrifiée de perdre cet amour propre, ce respect pour soi, à mon retour dans ma vie à moi. Mais je me suis promis que ça ne serait pas la dernière fois. Que c’était le début de quelque chose de nouveau! D’une vie beaucoup plus équilibrée, qui permettait à la femme que je suis et que j’ai retrouvée de vivre librement et de verser des larmes de bonheur encore, assise quelque part dans le monde, sur le bord de l’océan, en mangeant du gâteau à 10 h du matin juste parce que, en écoutant les gens converser et en n’ayant aucune idée de ce qui se dit.

 

Positano m’a donné plus que je n’aurais jamais pu m’imaginer. Et je vous souhaite, avec toutes les fibres de mon cœur apaisé, de vous rendre, vous aussi, à votre Positano à vous, et d’acheter le billet lorsque vous sentirez la marée glisser sous vos pieds.

 

 

 

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