Ce soir, j’ai pu enfin ouvrir une page vierge et y taper ces mots. J’ai pu manger mon souper en regardant le ciel tourner de bleu à rose sans la moindre interruption. Ce soir, la maison était parfaitement silencieuse à 20 h tapant, pas le moindre bruit provenant des trois chambres où mes trois garçons s’endormaient, sans que j’aie besoin de faire une douzaine d’interventions différentes : amener du lait, chanter une chanson, accompagner un pipi, répondre à des questions sans fin, replacer des couvertures, redonner des câlins et des bisous à tout le monde et jouer à la chaise musicale jusqu’à 22 h. Les enfants ont soupé tranquillement, les deux plus grands ont joué sans le moindre cri pendant que j’endormais le bébé doucement, je n’ai même pas eu besoin de sortir de ma chaise berçante en panique parce que l’un deux pleurait ou parce qu’une chicane avait éclatée. J’ai déposé le bébé dans son lit et il s’est tout de suite assoupi paisiblement. Je suis allée au salon plier du linge à côté de mes cocos qui étaient occupés à jouer aux constructions ensemble, sans chicane, sans cris, sans coups. Puis, je leur ai dit que c’était le temps du dodo, et ils se sont dirigés vers la salle de bain pour brosser leurs dents comme de grands enfants. On a lu une histoire collés dans le lit, puis je les ai couchés chacun leur tour et la soirée s’est terminée.
C’était la première fois. La première fois depuis que j’ai trois enfants que je ne me suis pas sentie lessivée à la fin d’une journée. Que j’ai eu la pensée, l’envie d’écrire et que j’avais l’énergie pour le faire. La première fois que j’ai vu la lumière au bout du tunnel. Que j’ai pensé que le vent tournait. Que la vie deviendrait sans doute plus facile un jour, et que j’aurais éventuellement de plus en plus de soirées pour faire le vide. Réfléchir. Faire errer mes pensées en regardant le ciel. Ne pas juste prendre ma douche en vitesse et en sortir encore pleine de savon pour recoucher un enfant levé, et me dépêcher à aller m’allonger au cas où l’un deux me réveillerait la nuit.
Une soirée où tout a roulé. Je n’ai rien changé, rien planifié, c’est juste arrivé. Une soirée où rien n’est allé de travers. Le bien que ça m’a fait. Et le calme que j’ai ressenti. Et la sérénité qui m’a rempli la tête ce soir-là m’a fait tellement de bien. J’avais envie de leur dire merci aux trois, merci de m’avoir permis de vivre sans anicroche ce soir de mai où il faisait beau, où ça sentait le bon printemps humide dans la cour, où les oiseaux gazouillaient sur le perron, et où j’ai respiré. Expiré. Soufflé. Je vivrai en attendant la prochaine soirée où je pourrai fermer toutes les portes des chambres et avoir ce petit bout de soirée à moi, dans une maison pleine d’enfants, mais pourtant bourdonnante de silence, où je regarderai les avions atterrir avec en musique de fond le bruit du réfrigérateur qui vibre. Je n’avais jamais remarqué ce son avant ce soir-là.
Je vous souhaite, à vous chers parents de jeunes enfants, la surprise d’une soirée où tout se déroule exactement comme dans vos fantasmes de papa et de maman aimants, mais fatigués, qui aimeraient juste un moment pour écouter les électroménagers fonctionner, et décrocher. Pour laisser vos pensées voguer et votre corps décompresser, accompagné par l’émouvante symphonie du silence.
Anne-Françoise Garneau
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