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Les mamans se cachent pour pleurer

Peut-être vous souviendrez-vous des jours passés en pyjamas, du matin au soir, à vous suivre à la file indienne, des instruments de cuisine dans chacune de vos petites mains bien tendues dans les airs, en faisant des tours du salon à répétition en chantant à tue-tête des comptines de Passe-Partout.

Peut-être vous souviendrez-vous des dîners, trop souvent pareils, passés à écouter des histoires avec les oreilles, que l’on connaissait par coeur mais que vous me demandiez tout de même à chaque jour.

Peut-être vous souviendrez-vous de vos mains noircies et de vos bas remplis de sable parce que vous avez joué jusqu’au souper comme des chiots dans la cour encore poussiéreuse du printemps gris. Peut-être vous souviendrez-vous des jouets éparpillés dans toutes les pièces de la maison, du panier de lavage toujours plein et de vos joues écarlates quand vous vous réveilliez de siestes trop longues.

Peut-être vous souviendrez-vous des casse-têtes complétés sur la table de la salle-à-dîner quand le bébé allait enfin se coucher le soir, ou des histoires que je pouvais enfin prendre le temps de vous lire parce que Théodore n’était pas en train de lancer vos Legos dans la toilette ou de grimper sur la table à café. Mais peut-être vous souviendrez-vous aussi de mon regard, présent mais sans étincelle. De mes oreilles, attentives mais pas toujours. De mes réponses, teintées d’un enthousiasme forcé. De mes mains qui, trop souvent, se portaient à ma poitrine, alors que je tentais de calmer mon souffle qui s’emballait. Des joues humides que vous veniez caresser lorsque vous arriviez en courant pour me parler de votre nouvelle construction de blocs, mais que je vous croyais loin, plus loin.

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Lorsque je pensais avoir le temps, pour une minute ou deux, d’ouvrir la casserole à pression pour en faire sortir le trop-plein de vapeur qui s’accumulait.

Lorsque, pour survivre, je me donnais, soixante, parfois quatre-vingt dix secondes pour expirer. Pour expirer l’épuisement d’être maman, cuisinière, éducatrice, femme de ménage… tous les trois en même temps, le jour comme la nuit, sans la moindre interruption pour aller souffler chez une amie ou flâner dans une librairie. Même pas le temps d’une douche.

Pour expirer la colère, la dévastation, la peur, cette peur qui m’a fait perdre toutes les livres que les derniers mois m’avaient permis de redonner à mon corps fatigué, tellement fatigué de vous avoir porté, allaité, enfanté, tous les trois un à la suite de l’autre depuis les cinq dernières années. La peur pour moi, la peur pour vous, mais surtout pour notre Liam aux poumons de papier mâché, la peur pour vos grands-parents, la peur pour les miens, pour ceux qui me sont chers qui sont au front de cette crise, dont votre tante, qui travaille d’arrache-pied pour protéger les enfants qui sont confinés chez eux, mais dont la maison s’avère souvent plus dangereuse que le virus lui-même.

Pour expirer l’épuisement, mental et physique, que j’avais travaillé si fort pour enterrer cette année, et qui, plus que jamais, me suivait maintenant au pas dans cette maison, et qui me tenait à la gorge à chaque fois que je vous entendais vous chicaner ou me tenir tête.

Je parlais à mon ami Alex de ce baluchon de larmes que je portais au dos lorsque le confinement a commencé et que je sentais se gonfler, et il a réfuté que, bien au contraire, je devais pleurer devant vous, vous exposer mes failles, mes inquiétudes.

J’ai compris ses mots, je les ai saisis. Mais je sais aussi que vous me lisez, je sais que vous prenez le pouls de votre maman à travers sa respiration, la forme de son dos, la largeur de ses sourires.

Vous savez mieux que quiconque que je suis fatiguée, que je ne suis pas aussi solide que la maison du troisième petit cochon, surtout pas moi.

Que mes yeux vitreux vous racontent le récit d’une maman aimante, dévouée, mais aussi sensible et brisée par toute cette histoire. Alors non, vous ne me verrez pas pleurer. Mes larmes, je les garde bien au chaud, dans le fond de ma gorge, et je les réserve pour mes chaudrons ou le lave-vaisselle, quand je vous sais assoupis sous vos couvertures. Et si je ne peux pas les retenir et que l’envie est trop pressante, je partirai dans le garage chercher un ingrédient pour le souper, ou descendrai au sous-sol partir une brassée de lavage que j’ai oubliée.

Faute des oreilles d’Ivah et des bras de Sandra, des mains de Noémie et des paroles de Sandy, mes électroménagers sont les témoins de mes faiblesses.

Merci pour tes conseils Alex, et peut-être pas l’an passé, peut-être pas l’an prochain, mais aujourd’hui, sur fond de pandémie, les mamans se cachent pour pleurer.

Anne-Françoise Garneau

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