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Mon jeune serait-il anxieux?
Avant tout, il est important de différencier le stress de l’anxiété. Le stress est une réaction normale du cerveau lorsqu’il perçoit un danger. Le stress permet à l’être humain de survivre et est présent dans notre système depuis l’apparition de l’homme. Bien sûr, les causes du stress ont évolué avec le temps, mais les réactions sont les mêmes : transpiration, augmentation de la température corporelle, des battements cardiaques, hypervigilance, etc. Après que la situation de danger soit passée, le cerveau envoie un signal au corps qu’il peut se calmer.
L’anxiété est, quant à elle, une réaction face à l’anticipation d’un évènement, qui pourrait avoir lieu ou non. C’est donc la peur qu’il se passe quelque chose qu’on ne souhaite pas. L’anxiété est de plus en plus présente dans notre société, particulièrement chez les enfants et les adolescents. On se retrouve dans une société de performance, et les exigences que l’on demande à notre progéniture d’atteindre peuvent parfois dépasser leurs capacités. À un moment ou à un autre de la vie, beaucoup de gens ressentiront de l’anxiété, peut-être sans savoir ce que c’est réellement.
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Les causes de l’anxiété
La présence d’anxiété peut s’expliquer par plusieurs facteurs : le vécu personnel, la génétique, la culture d’une société, l’environnement dans lequel on vit, etc. Quand on se rend compte que notre enfant est anxieux, il est souhaitable de se questionner sur l’origine de son anxiété, afin de mieux intervenir sur la cause. Est-ce que vous et/ou votre conjoint(e) étiez anxieux étant petits? L’êtes-vous toujours? Portez attention aux comportements et aux paroles que vous utilisez devant votre enfant, car peut-être que vous lui transmettez votre anxiété sans le vouloir.
Comment déceler l’anxiété chez mon enfant/ado?
Chaque personne a sa propre manière de vivre l’anxiété. Certaines personnes le vivent de façon très mentale, c’est-à-dire que leur comportement change peu et qu’il y a peu de symptômes physiques. Toutefois, ces personnes peuvent être envahies par des pensées en lien avec des inquiétudes et des peurs (je vais couler mon examen, je vais faire rire de moi, est-ce que j’ai bien verrouillé la porte avant de partir? etc.). Même si l’anxiété ne se voit pas physiquement, elle est très exténuante psychologiquement, parce que le cerveau est constamment en état d’alerte.
D’autres personnes vont ressentir des symptômes physiques : maux de ventre, nausées pouvant aller jusqu’à des vomissements, constipation ou diarrhée, augmentation ou diminution de l’appétit, difficultés de sommeil, maux de tête, difficulté à respirer, évanouissements dans les cas les plus intenses, etc. Chez les enfants et les ados, on peut souvent remarquer qu’ils ont mal au ventre avant de se rendre à l’école le matin ou le soir au coucher. Il peut être difficile de savoir si c’est un réel malaise physique ou si c’est une réaction du corps face à l’anxiété. Nous verrons plus loin quels moyens nous pouvons utiliser pour le savoir.
Chez certains enfants et adolescents, on peut aussi remarquer un changement de comportement et d’humeur. Ils pleurent facilement, sont irritables, font des crises de colère, s’opposent. Chez les ados, dans les cas plus extrêmes, on peut remarquer qu’ils se renferment socialement, se mutilent, ou peuvent commencer à consommer de la drogue et de l’alcool.
Comment être certain que c’est de l’anxiété?
Comme l’anxiété peut se présenter sous plusieurs formes, il est important d’éliminer les autres causes avant d’arriver à une telle conclusion. Si votre enfant présente des symptômes physiques, il serait souhaitable de consulter un médecin afin de vérifier que la source des malaises ne soit pas un réel problème physique.
Quand votre enfant présente ce que vous croyez être de l’anxiété, prenez le temps de le questionner sur ce qu’il ressent. Dit-il qu’il craint que quelque chose n’arrive demain à l’école? Nomme-t-il qu’il a peur qu’il lui arrive quelque chose la nuit? Ce que vous croyiez être une crise d’opposition est peut-être une crise d’anxiété.
Comment puis-je aider mon enfant/ado?
Si votre enfant présente des symptômes physiques importants, il est impératif qu’il apprenne à se calmer grâce à différentes techniques :
- Respiration : l’enfant se concentre sur sa respiration, qui doit être régulière (3 secondes d’inspiration et 3 secondes d’expiration). Faites-le avec lui au besoin.
- Visualisation positive : demandez à votre enfant/ado de penser à un souvenir qu’il apprécie particulièrement, à un endroit où il se sent bien, etc. Demandez-lui de décrire ce qu’il voit, ce qu’il ressent. Vous pouvez aussi lui demander de réfléchir à comment pourrait bien se dérouler l’évènement qu’il anticipe tant, et de répéter le scénario dans sa tête au besoin.
- Décompte : demandez à votre enfant de compter jusqu’à 10 ou 20 ou selon ses capacités. Ses pensées se concentreront sur autre chose que sur ce qui le préoccupe. Pour les plus grands, on peut compter à rebours, ou faire des bonds de 3.
- Faites verbaliser votre enfant sur ses craintes, ses appréhensions, ses peurs. Parfois, ils ne sont même pas en mesure de savoir ce qui les fait réagir ainsi, donc une discussion sur le sujet peut les aider à mettre des mots sur leurs pensées.
- Si votre enfant est en crise, restez calme. Il n’y a rien de pire qu’un enfant en crise géré par un parent en crise. Gardez un ton calme, guidez-le vers des techniques pour se calmer, amenez-le dans un endroit calme. Lorsque la crise est terminée, il se peut fort bien que votre enfant/ado soit épuisé, puisque c’est très demandant physiquement. Proposez-lui donc un moment de repos ou une activité calme pour reprendre ses esprits.
- Respectez la routine. Une routine permet à l’enfant de savoir ce qui va se passer, donc le rend plus calme quotidiennement.
- Ne portez pas de jugement sur ses peurs ou ses réactions. Votre enfant/ado sait déjà qu’il ne se sent pas bien, il n’a pas besoin qu’on lui rappelle que ses peurs sont « ridicules », « niaiseuses » ou infondées. Il va se sentir encore plus mal de ressentir des choses alors qu’on lui dit qu’il ne devrait pas.
- De l’aide du CISSS, des services à l’école ou au privé peut être très pertinente dans le cas de l’anxiété. L’intervenant qui travaillera avec vous et avec votre enfant pourra l’aider à nommer ses émotions, à valider ses craintes, et à contrôler ses pensées envahissantes. Il pourra aussi lui donner des trucs concrets pour gérer son anxiété au quotidien, et pourra vous outiller en tant que parent, afin de mettre votre enfant le plus à l’aise possible dans son environnement.
- N’hésitez pas à aller chercher de l’aide au point de vue médical si nécessaire. Bien que la médication contre l’anxiété ne soit pas privilégiée d’emblée chez les enfants et les adolescents, sachez qu’elle existe et qu’elle peut être utilisée avec une surveillance médicale étroite.