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Lorsque la parentalité bienveillante est synonyme de pression
Depuis plusieurs années, l’idée de fonder une famille vient souvent avec la pression de réussir avec ses enfants. Pour certains, il s’agit de l’aboutissement ultime, c’est pourquoi la recherche de nouvelles façons de faire est constante. Pour cette raison, plusieurs sont interpellés par la philosophie de la parentalité bienveillante. Selon le dictionnaire Larousse, le mot « bienveillance » signifie : « Disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui ». Avec ce modèle de pensée, les parents sont soucieux d’offrir un environnement positif à leurs enfants, sans violence, où ceux-ci auront la possibilité d’apprendre de leurs erreurs et de vivre leurs émotions, le tout dans le respect et l’empathie. Pourtant, parentalité bienveillante ou non, n’est-ce pas là le mandat de tout parent?
Dans le cadre de ma pratique, il m’arrive régulièrement de conseiller aux parents de mettre l’éducation bienveillante de l’avant. À titre de coach familial, je vois tout le potentiel de ce type d’éducation. Cependant, je mesure aussi tout le poids et la détresse qu’elle peut causer, parce que pour certaines personnes, ce sont tous les fondements déjà en place qui sont à revoir. Si vous abandonnez toutes vos pratiques du jour au lendemain, il est possible de vous sentir envahi par l’idée de devoir tout reconstruire et de réussir à tout prix. Les différents médias, tout comme une bonne partie de la littérature, exposent des modèles de parents confiants, calmes et pour qui l’éducation bienveillante a sauvé leur famille. Alors, lorsque ce n’est pas le cas, un sentiment de culpabilité apparaît, tout comme la peur de ne pas réussir sa mission de parents, c’est-à-dire éduquer et former les meilleurs citoyens de demain!
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Pour en revenir à la définition de départ du mot « bienveillance », tentez dans un premier temps d’être compréhensif envers vous-même. À travers la bienveillance, il ne faut pas perdre de vue votre réalité. Parfois, simplement essayer de garder la tête hors de l’eau demande déjà beaucoup d’énergie. Laissez-vous la chance d’apprendre de vos erreurs et d’ajuster l’objectif fixé au besoin, afin de vous permettre de prendre un pas de recul.
Lorsque la parentalité bienveillante est efficace, il est tout à fait normal de vouloir partager cette philosophie. Cependant, sans le vouloir, vous pourriez faire preuve de maladresse en partageant vos trucs et astuces à d’autres parents qui réussissent moins bien. Même sans méchanceté, vos propos sont susceptibles d’angoisser davantage les parents, qui les interprètent comme un manque de persévérance de leur part.
Quelle est donc la solution? De même que pour les autres sphères de la vie, je propose l’équilibre. Apprenez à marier certains styles de parentalité, afin que l’éducation mise de l’avant vous ressemble et soit en harmonie avec vos réalités personnelles et familiales. Travaillez un objectif à la fois, en avançant par petits pas. Cette façon de faire vous permet de voir les réussites et d’éprouver, comme parent, un sentiment de compétence, vous donnant ainsi confiance en vous. Partez de ce que vous êtes pour créer un environnement familial à la hauteur de vos espérances. Être parent ne s’apprend pas sur les bancs d’école et les apprentissages varient d’une famille à l’autre. Acceptons la différence!
Geneviève Harvey-Miville, maman, T.E.S et coach familial à Coaching familial – Les Z’imparfaits