ARTICLE
Les bienfaits du coloriage pour les enfants et les adultes & grille d’observation à l’usage des parents
Dans cet article, nous analyserons l’activité de coloriage qui plaît généralement aux enfants et aux adultes qui s’y adonnent. Considérons d’abord les observations positives pour ensuite nous intéresser aux observations négatives reliées au coloriage afin de nous interroger et voir s’il y a lieu de proposer des pistes pour en préserver les bienfaits.

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- Les observations positives
Le coloriage favorise l’expression de soi et l’équilibre émotionnel
En coloriant ses propres dessins ou des formes pré-dessinées, la personne, enfant ou adulte, exprime sa part de lumière et d’ombre. Elle peut purger ses émotions négatives, transformer des problématiques en modifiant son point de vue. Le coloriage permet de plonger en soi-même, d’explorer sa bulle intérieure et son jardin secret. Il permet aussi l’expression positive et non violente de ses émotions, favorisant ainsi l’autorégulation.
Le coloriage permet de faire le vide mental
En se déposant pour colorier, la personne laisse ses soucis de côté. Elle se libère de sa charge mentale. Elle dit au revoir aux tensions pour un temps. Elle recharge sa batterie d’énergie positive. Tout ceci a un impact positif sur le cerveau.
Le coloriage permet de mieux gérer l’anxiété
Il favorise la détente bienfaitrice. Il est à ce titre un cousin de la méditation. Des effets anti-stress sont observés. La tension artérielle et le rythme cardiaque se calment. L’hormone du stress, le cortisol, baisse alors que les hormones pour l’humeur et le bien-être augmentent (la dopamine et les sérotonines). Le plaisir est alors activé. On observe des effets positifs sur la gestion de l’anxiété. Il y a un lâcher-prise sur les soucis du quotidien, en établissant une distance entre soi et ses soucis.
Le coloriage comble le besoin d’apaisement
Le calme peut être ressenti. La personne, enfant ou adulte, peut se centrer, se rassembler, focusser. Elle expérimente un état de repos bienfaisant. Elle n’est pas éparpillée comme elle peut l’être en d’autres moments de la journée. L’esprit turbulent s’apaise durant le coloriage.
Le coloriage peut rehausser l’estime de soi
Devant la réussite de la tâche du coloriage, la fierté se développe. Un sentiment de compétence s’installe. La personne perçoit la beauté du travail accompli lorsqu’elle s’est appliquée, peu importe le choix de couleurs et de formes choisies et malgré les imperfections.
Le coloriage peut augmenter la capacité d’attention
En effet, au lieu d’être disparate, la personne se concentre sur son travail. Elle démontre le souci du détail. Elle recherche souvent la symétrie, l’harmonie des couleurs, la beauté de l’ensemble. Elle développe sa patience. Voilà un bon « gym » pour les neurones du cerveau!
Le coloriage développe la dextérité manuelle
Par le travail de minutie que le coloriage implique, la motricité fine se développe. Le geste devient de plus en plus précis. Les lignes des dessins sont respectées de plus en plus. Cela a un effet structurant face aux limites à intégrer dans différentes situations. Les doigts bougent avec plus de souplesse.
Le coloriage développe un sentiment de liberté et de spontanéité
Jouer avec les formes, les couleurs, les textures, les lignes favorise un esprit ludique où la présence au présent est valorisée, la concentration sur l’ici-maintenant. Ces qualités sont tant recherchées dans la vie de tous les jours quand on se trouve engagé dans une course contre la montre. Le coloriage permet un temps d’arrêt bénéfique.
Le coloriage permet de se créer une « bulle », un « cocon » sécuritaires
Peu importe où la personne est, une fois l’environnement physique permettant le coloriage trouvé, elle peut se retrouver dans son monde et commencer à jouer avec les motifs, les couleurs, les lignes, les traits, les formes. Si la personne vit une situation stressante, cette escapade dans sa « bulle » est salutaire.
Le coloriage crée des conditions propices aux échanges enfant/enfant, enfant/adulte
La position physique adoptée pour colorier exige que l’on soit arrêté(e) physiquement et que l’on se concentre sur des gestes de motricité fine. Comme nous ne sommes pas en mouvement, cela crée des conditions propices aux échanges informels par la disponibilité qui est engendrée par cette activité.
- Les observations négatives
Le coloriage peut proposer des dessins avec des formes qui dépassent le stade graphique de la personne
Ainsi, par exemple, le dessin à colorier peut devancer l’enfant, l’amener à se comparer en percevant son incapacité à réaliser lui-même de telles formes. Il peut alors perdre confiance en l’image qu’il peut représenter lui-même et ne pas se sentir « bon » lorsqu’il se trouve devant une page blanche. Il se décourage et ne veut plus colorier son propre dessin. Il demande à l’adulte de faire le dessin à sa place et perd ainsi de son autonomie. Il développe une dépendance face aux formes des autres. Son estime de soi est à la baisse. Sa frustration augmente. Ces signes sont à observer attentivement pour éviter que le coloriage devienne négatif. En conclusion, seront données quelques pistes pour tenter de résoudre ce problème.
Le coloriage peut proposer un plaisir trompeur
En effet, si la personne perd le désir de représenter ses formes à elle à sa manière originale et unique, la créativité s’en trouve amoindrie. La créativité est justement une faculté d’invention, d’imagination, d’innovation et d’originalité dans la manière d’associer des choses, des idées, des situations. Elle aide à résoudre divers problèmes en imaginant des solutions créatives. Préserver ce don est essentiel! Les vraies capacités de l’enfant ou de l’adulte doivent donc plutôt être mises en valeur au lieu de proposer un plaisir trompeur en suggérant des formes trop avancées.
Le coloriage peut amener la personne à se décourager devant les limites qu’elle observe
Dans le même sens de ce qui est dit plus tôt, le découragement peut faire en sorte, par exemple, qu’un enfant déchire son travail, le couvre au complet pour ne pas qu’il soit vu par les autres, ou encore le jette à la poubelle. L’enfant vivant une frustration peut même pleurer. Voilà d’autres signes à surveiller pour préserver les bienfaits du coloriage et éviter un désintérêt graduel face à cette ressource. Apprendre à reconnaître ses limites et à les accepter. Apprendre aussi à s’améliorer en se pratiquant assidûment. Voilà une voie à suivre plus prometteuse et positive.
Conclusion : comment préserver les bienfaits du coloriage?
- Porter une attention spéciale aux formes suggérées. Proposer des formes comme des mandalas qui présentent peu de formes concrètes d’objets connus ou, s’ils en présentent, que ces formes ne dépassent pas le stade graphique de la personne ; l’idée étant de ne pas susciter de comparaison dévalorisante et de promouvoir la créativité de la personne. Les mandalas présentent des motifs le plus souvent abstraits à partir de lignes, de formes simples, agencées de manière à créer un cercle qui converge vers un centre. Le mandala invite à la recherche d’harmonie et de symétrie dans les couleurs, les motifs, les formes, les lignes, sans susciter de comparaison avec autrui. La correspondance avec des éléments de la réalité n’est pas évidente du tout dans les mandalas pour adultes. Elle l’est davantage dans les mandalas pour enfants d’âge scolaire alors que les dessins pour les enfants du préscolaire se limitent souvent à des formes variées dans un cercle. Donc choisir des éléments de la réalité ou de l’imaginaire qui sont représentés simplement, de manière sommaire est une bonne idée pour promouvoir la créativité. Cela permet d’éviter les observations négatives citées plus haut et renforce les observations positives. (On trouve des cahiers à colorier avec des mandalas dans les centres de matériel artistique et dans les librairies).
- Offrir souvent des feuilles vierges pour colorier ses propres formes et dessins qui respectent le stade graphique de la personne.
- Éviter de faire à la place de l’enfant. Plutôt l’encourager à bien observer ce qu’il veut représenter en vous décrivant les formes qu’il perçoit.
- Faire comprendre que la pratique assidue et la persévérance permettent d’améliorer les images que l’on produit et que, pour tous les bienfaits ressentis dans le coloriage, le jeu en vaut bien la chandelle! Encourager tous les progrès en les décrivant avec des mots simples.
- Bien équiper la personne pour faire du coloriage : bons crayons avec une variété de couleurs, feuilles de différentes grandeurs et couleurs, beaux livres à colorier des mandalas (présentés dans les références), etc.
- Toujours bien observer la réaction de l’enfant lorsqu’il fait du coloriage et l’aider à se resituer quand les observations deviennent négatives.
Pour analyser la situation de l’enfant qui fait du coloriage et décider des interventions à appliquer, voici une liste à cocher qui présente des observations positives et négatives reliées au coloriage. Quand le parent perçoit des observations négatives, il est recommandé de réagir pour rectifier le tir en aidant l’enfant à se resituer dans le plaisir.
Observations positives :
- Le plaisir de la personne
- L’enthousiasme et l’engagement pour créer ses propres formes
- L’enthousiasme et l’engagement pour agencer les formes proposées dans le coloriage
- La fréquence de cette activité
- La durée de cette activité
- L’appréciation de l’équipement utilisé
- L’autonomie, l’indépendance
- La fierté face à l’image produite et face à ses propres formes
- La détente et le calme ressentis
- La dextérité manuelle démontrée
- La confiance en soi face à ses propres images et face aux images produites
- La créativité dans le choix des couleurs, des formes, des textures, etc.
- L’originalité
- L’imagination
- L’acceptation des limites et de l’imperfection
- La persévérance à la tâche
- L’attention et la concentration sur la tâche
- L’application à la tâche
- La recherche d’harmonie dans les couleurs
- La recherche de symétrie dans l’image
- L’imagination
- La minutie
- La fierté
- Le sens de l’observation
- Le plaisir de se relier aux autres enfants ou adultes
Observations négatives :
- La comparaison de ses formes avec celles proposées qui sont plus avancées
- La dévalorisation de soi
- La perte de confiance en soi
- Le découragement
- La dépendance face à l’adulte
- La frustration ressentie
- Le conformisme et le manque de créativité
- Le désintérêt
- La tristesse exprimée
- La non-acceptation des limites et le perfectionnisme
- Le jugement négatif sur son travail
- La dévalorisation du travail de l’autre
Rappel des interventions à privilégier :
- Valoriser les formes créées par la personne en les décrivant
- Valoriser la créativité dans les agencements de formes, couleurs, textures, traits, lignes, symétrie etc.
- Bien équiper la personne qui fait du coloriage (papiers, crayons, cahiers, etc.)
- Choisir des cahiers à colorier avec des formes abstraites ou sommaires
- Offrir souvent des feuilles vierges
- Privilégier l’autonomie et éviter de faire à la place de la personne
- Encourager la pratique assidue, la persévérance
- S’intéresser au coloriage de la personne et décrire les progrès
- Aider l’enfant à se resituer quand les observations deviennent négatives
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
Sophie Tremblay, Plaisirs santé, 12 bienfaits de colorier, novembre 2018 (sur le Net)
Clément Arbrun, Terrafemina, Les étonnants bienfaits du coloriage pour les enfants, juin 2020. (sur le Net)
Coloriage art-thérapie, Mandalas, Équilibre, Éditions ADA,2021
Coloriage Art-thérapie, Mandalas, Simplicité, Éditions ADA, 2021
Coloriage Art-thérapie, Mandalas, Vitalité, Éditions ADA, 2021
Graffy Pop Mandalas Animaux, Avenue Mandarine (pour enfants 6 ans et plus)
Graffy Pop Mandalas Magie, Avenue Mandarine (pour enfants 6 ans et plus)
Mandalas 3-6 ans, Éditions 1.2.3 Soleil, 2015 (pour enfants de 3-6 ans)
Les plus beaux mandalas pour enfants : 85 dessins à colorier détendu, tranquille, concentré et équilibré, Éditions Macro Junior, 2018 (pour enfants de 3 ans et plus)