Le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) est un trouble diagnostiqué au niveau médical avec plusieurs outils diagnostics, dont le DSM-5 (APA, 2013). Ce manuel permet d’établir les critères diagnostics en lien avec plusieurs troubles de santé mentale, dont le trouble le trouble oppositionnel avec provocation. Dans le DSM-5, le TOP est caractérisé par une humeur colérique et irritable, un comportement querelleur et provocateur ainsi qu’un esprit vindicatif. Bien sûr, ces caractéristiques doivent être présentes de façon intense et fréquente pour pouvoir en arriver à un diagnostic. Sachez que même si votre enfant présente des comportements d’opposition mais n’a pas de diagnostic en ce sens, les conseils de cet article peuvent tout de même être pertinents. Il faut aussi savoir que certaines périodes d’affirmation sont considérées comme normales dans le développement de l’enfant (terrible two, fucking four, adolescence, etc.) et ne sont pas nécessairement signes de la présence d’un TOP chez votre enfant.
La création du lien
Avec un enfant opposant et provocateur, le parent est souvent appelé à intervenir dans les situations négatives et de façon négative (punitions, conséquences, retrait, etc.). Ce genre d’intervention peut être difficile pour maintenir le lien d’attachement avec l’enfant. C’est pourquoi il faut prévoir des activités et des interventions qui vont encourager positivement le lien que vous avez avec lui. Une simple période de jeu ou une activité quotidienne faite avec l’enfant peut permettre de développer un lien positif. Même si l’enfant opposant peut parfois rendre une période de jeu difficile, laissez-le avoir le contrôle sur le jeu qu’il veut faire et sur les règles. Ces moments privilégiés doivent avoir lieu de façon régulière et ne doivent pas être perçue comme une récompense pour l’enfant. Il doit comprendre que vous serez là pour lui, peu importe son comportement.
La mise en place d’une routine
Peu importe les difficultés de l’enfant, ce dernier a besoin d’une routine. Même les enfants n’ayant pas de problématiques particulières ont besoin d’une routine, alors imaginez l’importance de la routine auprès des enfants vivant des difficultés importantes! La routine, de par sa définition, rend prévisibles les différents moments de la journée et les différentes demandes qui seront associées à ces moments. Idéalement, la routine est imagée (à l’aide de pictogrammes ou de photos prises à la maison) et est la même pour tous les jours de la semaine. Les changements doivent être annoncés quelques temps à l’avance. Prenez le temps de regarder la routine de la journée à chaque matin. Après quelques jours, demandez à votre enfant de vous expliquer la routine. Au cours de la journée, vous pouvez questionner votre enfant sur ce qui s’en vient, afin de développer la planification et la gestion de l’anxiété.
L’opposition : un jeu qui se joue à deux
Vous êtes-vous déjà opposé avec vous-même? J’espère bien que non. L’opposition se joue à deux, votre réaction est donc en lien direct avec la réaction de votre enfant. Le but n’est pas d’ignorer les comportements d’opposition de votre enfant, mais plutôt de ne pas y répondre de la façon dont lui le souhaite. Par exemple, votre enfant peut tenter de vous provoquer en frappant son jeune frère et en vous regardant délibérément, et parfois même en souriant. Naturellement, vous auriez tendance à vous mettre en colère. C’est ce que l’enfant opposant cherche à faire. En lui donnant ce qu’il veut, vous nourrissez, sans vous en rendre compte, les comportements provocateurs et opposants. Loin de là l’idée d’ignorer le geste de violence commis par votre enfant envers votre autre enfant, mais plutôt de gérer votre colère et votre non-verbal et agir de façon conséquente avec votre enfant. L’argumentation et les explications qui n’en finissent plus ne donnent généralement pas beaucoup de résultats positifs.
Les interventions rapides à privilégier
Le calme reste la clé. Votre enfant doit sentir que vous êtes en contrôle. Un ton autoritaire doit être utilisé dans certaines situations, mais jamais crier ou hurler après un enfant n’est bénéfique (bien qu’il soit normal que cela arrive quelques fois). La technique du disque rayé est payante avec un enfant opposant. Vous donnez une consigne, il s’y oppose. Vous répétez la consigne, avec les mêmes mots et le même ton de voix, il continue de s’y opposer. Après trois répétitions, toujours sur le même ton de voix et avec les mêmes mots, annoncez la conséquence qui sera appliquée. Répétez la consigne un maximum de sept fois avant d’appliquer la conséquence. Utilisez un décompte au besoin (Je compte jusqu’à 5 et tu dois avoir rangé tes souliers). Laisser des faux choix à l’enfant peut aussi être une option (Tu as une tâche à faire aujourd’hui. Veux-tu ranger ta chambre ou faire la vaisselle?).
La cohérence
En tant qu’intervenants et professionnels dans le domaine de la relation d’aide, on ne le répétera jamais assez. La cohérence entre ce que vous dites, dans ce cas, vous annoncez une conséquence imminente, et ce que vous faites, est primordiale. Votre enfant apprendra rapidement à ne pas obéir malgré vos menaces s’il sait que vous ne les appliquez jamais, ou que très rarement. La cohérence parentale est aussi très importante. Entendez-vous avec votre conjoint(e) à savoir quels comportements vous souhaitez travailler et quelles conséquences et récompenses vous allez mettre en place.
Le système d’émulation
Il est important de privilégier les interventions positives auprès des enfants ayant un TOP. Le système d’émulation (ou système de récompense) est une façon de souligner les bons coups de votre enfant. Parfois, les enfants ayant un TOP réagissent aux commentaires positifs que l’adulte en « sabotant » ce compliment par un comportement répréhensible. Le système d’émulation est une façon indirecte de féliciter l’enfant pour les efforts qu’il fait. Bien sûr, le système de récompense fera effet un temps seulement, mais ce sera déjà ça de gagné. Souvent, le système d’émulation n’est plus nécessaire parce que les récompenses et les conséquences se font automatiquement, et parce que le comportement de l’enfant s’est amélioré avec le temps.
Enfin…
Les premières fois où vous mettrez en application ces conseils, il se peut que vous ayez droit à des crises de larmes et d’opposition majeures, parce que votre enfant réagit à ce que vous mettez en place. Toutefois, en voyant que vous êtes en contrôle de la situation et que vous ne dérogez pas de vos demandes, votre enfant comprendra qu’il en sera ainsi et acceptera plus facilement d’accéder à vos demandes. Aussi, un soutien familial doit être privilégié dans le cas d’un TOP, que ce soit au privé (psychoéducation, neuropsychologie, psychologie, etc.), en CSSS ou même à la DPJ dans certains cas. N’ayez pas peur d’aller chercher de l’aide, les enfants ayant un TOP peuvent demander beaucoup d’énergie et de patience. Des services spécialisés peuvent vous aider à trouver des causes plus profondes à l’opposition de votre enfant, et agir de façon plus adéquate envers celle-ci. Plus tôt on intervient, moins de conséquences néfastes seront vécues par votre enfant.
Par Fondation les petits trésors - 28 septembre 2022
Vous souvenez-vous d’avoir joué avec un coin-coin lorsque vous étiez enfant? Entre amis ou en famille, il s’agissait d’un moment...
Lire l'articlePar Jocelyne Petit - 2 février 2021
Nos enfants vivent à nos côtés un processus d’humanisation, c’est-à-dire qu’ils cheminent pour devenir des personnes autonomes et responsables, engagées...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 6 novembre 2020
Il est normal pour un parent de s’inquiéter pour son enfant et d’avoir le cœur un peu serré lorsque celui-ci...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 18 août 2020
Depuis quelques semaines, nous sommes happés de plein fouet par une vague de dénonciation. Qu’il soit question d’artistes, d’influenceurs ou...
Lire l'articlePar Office de la protection du consommateur - 28 juillet 2020
Collaboration Office de la protection du consommateur Encore un jouet qui finira aux oubliettes! Il lui faut les mêmes...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 11 juillet 2020
Découvrir que son enfant possède un ami imaginaire peut générer chez l’adulte son lot de questions : Est-il normal? Dois-je ignorer...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 28 mai 2020
Apprendre à jouer seul est aussi important que d’apprendre à jouer en groupe. Plus les enfants seront en mesure...
Lire l'articlePar Maude Lemieux - 22 mai 2020
Votre petit a des difficultés au niveau de son développement langagier et vous avez décidé de consulter en orthophonie? Il...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville - 25 mai 2018
Le mensonge est une sorte de passage obligé chez les enfants. À un moment ou à un autre, tous les...
Lire l'articlePar Caroline Dufresne - 1 mai 2018
La majorité des enfants vont expérimenter les cauchemars entre l’âge de 2 et 10 ans. Certains occasionnellement alors que pour...
Lire l'articlePar Geneviève Harvey-Miville - 13 février 2018
«Je t’aime», quelques petits mots bien simples, mais tout sauf anodins. On peut même dire qu’ils sont primordiaux au sein...
Lire l'articlePar Sarah Barbeau - 5 septembre 2017
Vous avez un petit poupon dans vos bras, et vous vous dites que vous avez encore beaucoup d’amour à offrir....
Lire l'articlePar - 18 septembre 2024
On entend de plus en plus parler de l’anxiété de performance... En quoi se distingue-t-elle du stress ? Comment se...
Lire l'article