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Comment aborder les difficultés avec son enfant
Il est difficile pour un parent de voir son enfant vivre des difficultés marquées, particulièrement lorsqu’elles sont visibles aux yeux des autres enfants et adultes de son entourage. Les différences que présentent votre enfant le mettent à risque de vivre de l’intimidation et du rejet si de la prévention n’est pas faite à ce niveau.
Quelles sont les difficultés les plus fréquentes et les plus marquées?
Il est certain que, selon le type de difficultés que rencontre votre enfant, celles-ci peuvent amener des interrogations de la part de son entourage, comme son enseignant ou son éducatrice en service de garde. En voici quelques exemples :
- Désorganisations / crises, difficultés au plan comportemental (gestes de violence, paroles inappropriées, etc.) ;
- difficultés dans le développement du langage ;
- difficultés sur le plan des apprentissages ;
- difficultés de concentration / inattention, parfois associées à de l’hyperactivité et de l’impulsivité ;
- difficultés sur le plan social : conflits avec les pairs, difficulté à soutenir le regard, isolement, intérêts restreints, implication dans une situation d’intimidation, etc. ;
- troubles anxieux : trouble obsessionnel compulsif, crises d’anxiété, etc.
Bien sûr, ce que ne sont que quelques exemples. Certaines difficultés peuvent être plus visibles que d’autres, selon la situation de l’enfant. Il n’en reste pas moins qu’un travail est à faire auprès de votre enfant et de son entourage afin d’assurer une meilleure compréhension des besoins de votre enfant.
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Mon enfant est diagnostiqué : dois-je lui dire ou non?
Si votre enfant a un diagnostic, c’est un choix personnel qui vous appartient de le mettre au courant ou non de son diagnostic. Bien sûr, cela dépend de son âge et de son niveau de compréhension à ce moment. Sachez toutefois que dans les deux situations, il y a des avantages et des inconvénients.
Dans le cas où vous souhaitez lui en parler, l’enfant comprendra mieux ses difficultés, et pourra s’identifier plus facilement aux personnes ayant le même diagnostic. Cela lui permet aussi d’apprendre à expliquer par lui-même les difficultés et les différences qu’il présente. L’enfant peut se rendre compte de ses difficultés, et l’annonce du diagnostic peut le rassurer, en ce sens qu’il peut se déculpabiliser sur l’origine de ses problèmes, tout dépendamment du diagnostic. Toutefois, certaines personnes peuvent trouver stigmatisant d’identifier un enfant selon un diagnostic. En tant que parents, il est normal de craindre que les différents intervenants autour de votre enfant n’étiquettent trop celui-ci et ne s’en tiennent qu’aux difficultés amenées par le diagnostic. De plus, l’annonce d’un diagnostic peut amener une période sensible semblable au deuil, autant chez l’enfant que chez le parent.
Dans le cas contraire, où vous ne souhaitez pas lui faire part de son diagnostic, cela permet à l’enfant de ne pas se catégoriser envers un trouble en particulier. Toutefois, sachez que de ne pas dévoiler le diagnostic à votre enfant lorsqu’il a l’âge de le comprendre peut amener de la frustration à l’adolescence ou à l’âge adulte, quand il pourra comprendre par lui-même l’origine de ses difficultés ou qu’il les questionnera.
Comment aborder les difficultés de son enfant alors qu’il s’aperçoit de ses différences?
- Amenez-le sujet sur l’angle de l’unicité et des différences : toutes les personnes sont uniques, et nous avons chacun nos difficultés et nos forces. Donnez des exemples concrets, avec des enfants de son âge et des adultes de son entourage. Vous pouvez simplement souligner les capacités qui sont différentes (ex. : Papa sait mieux faire la cuisine que Maman) et les différences physiques (ex. : J’ai les yeux bruns alors que ton père a les yeux bleus). Votre enfant comprendra ainsi qu’il est normal d’être différent ;
- Si vous souhaitez nommer le diagnostic (s’il y a en a un), cela peut aider l’enfant à concrétiser ses difficultés (ex. : TDA/H, trouble du spectre autistique (TSA), syndrome de Gilles de la Tourette, trouble anxieux, etc.). Les éditions Midi-Trente présentent une belle collection de livres ‘’Laisse-moi t’expliquer…’’ qui peuvent être utilisés autant pour l’enfant visé que pour les enfants de son entourage : https://www.miditrente.ca/fr/recherche?keyword=laisse+moi+t%27expliquer ;
- Vous pouvez aborder les difficultés selon l’angle des besoins. Par exemple, si votre enfant a de la difficulté à gérer son hyperactivité, vous pouvez lui expliquer qu’il a besoin d’un coin calme pour se recentrer après la récréation. Vous pouvez souligner que tous les enfants ont des besoins, en prenant exemple sur un frère ou une sœur (Thomas n’a pas besoin d’un coin calme à l’école, mais il a besoin qu’on le motive pour travailler) ;
- Répondre aux questions et ne rien laisser en suspens est le meilleur moyen pour que votre enfant accepte ses difficultés.
Comment expliquer les difficultés de votre enfant aux autres enfants?
Les enfants ont, heureusement, une capacité naturelle vers l’ouverture d’esprit. Ils sont curieux et aiment en apprendre plus sur leurs pairs, surtout quand l’un des leurs présente des difficultés marquées. De nos jours, les enfants sont de plus en plus habitués à côtoyer d’autres enfants ayant des difficultés visibles. Dans certaines situations, une intervention de groupe peut être bénéfique afin d’expliquer les difficultés d’un élève en particulier. Cet élève n’a pas besoin d’être nommé, mais le sujet peut être abordé en classe. Si vous souhaitez que ce genre d’intervention se fasse, n’hésitez pas à aller chercher l’aide de l’enseignant ou de l’éducatrice en service de garde et d’un professionnel pour vous soutenir et évaluer si c’est la bonne intervention à faire. Sinon, individuellement, vous pouvez :
- Aborder, encore ici, les difficultés selon l’angle des besoins et de l’unicité. Exemple : Léa a besoin de pictogrammes pour comprendre le déroulement de la journée, tandis que toi, tu peux utiliser l’horaire inscrit au tableau. La collection de livre des éditions Midi-Trente peut être pertinente ici aussi ;
- Les enfants aiment généralement apporter leur aide, que ce soit aux adultes ou aux autres enfants. Vous pouvez expliquer comment vous pouvez aider l’enfant en difficulté ou les adultes qui l’accompagnent. Par exemple : Julie a besoin que ses crayons soient placés de cette façon sur son bureau pour que tout se passe bien, aidons-la à les garder bien placés.
Ce genre d’intervention permet le développement de l’empathie, de l’ouverture d’esprit, de la tolérance et des habiletés sociales, qui sont des qualités primordiales dans le développement des enfants. Des programmes tels que ‘’Vers le pacifique’’ (http://institutpacifique.com/programmes-et-services-en-resolution-de-conflits/programmes-vers-le-pacifique-et-differents-mas-pas-indifferents/materiel-pedagogique/programme-vers-le-pacifique-au-primaire/) permettent de développer ces habiletés et de discuter de l’unicité et des différences.
Que faire si mon enfant des difficultés marquées?
Si votre enfant se trouve en CPE ou en milieu scolaire, l’éducatrice ou l’enseignant peut vous diriger vers les bonnes ressources. Généralement, des techniciens en éducation spécialisée et des professionnels sont disponibles pour vous aider. Vous pouvez aussi vous diriger vers les services du CISSS ou au privé.
Suite à l’aide apportée par ces professionnels, il est possible qu’une démarche médicale doive être entamée. À ce moment, le médecin de famille est la meilleure porte d’entrée pour avoir accès à des services publics (psychologie, psychoéducateur, psychiatre, pédiatre, orthophoniste, etc.).