Pour nous, elles sont Émilie, Vanessa, Peggy-Ann, Stacy, Carolane, Madame Laurette, Nathalie, Alyson, Isabelle, Annie, Nancy, Nadine, Alexis et Renée.
Elles ont tour à tour partagé les émois des premiers pas, des premiers sauts, des premières chutes, des premiers mots, des premières phrases, des premières colères, des premiers pipis dans la toilette, des premières chicanes avec les amis.
Elles sont nos oreilles, nos yeux et nos cœurs quand nous ne sommes pas là.
Elles sont, et de loin, celles en qui j’ai le plus confiance lorsque vient le temps de prendre soin de mon fils, 7h par jour, 5 jours semaine.
Elles sont celles dont les bras prennent le relais des miens lorsque je n’y suis pas, celles dont le cœur immense réussi, je le sais, à apaiser celui tellement neuf, grand et des fois un peu inquiet du plus-si-petit-garçon que je leur confie chaque matin depuis deux ans.
Elles sont mes fées. Celles de mon fils.
Et pas les fées des contes. Parce que leur quotidien n’a rien d’un château de Disney, d’un grand cheval blanc ou d’une forêt d’animaux parlants et tous gentils et polis.
Ces femmes-là sont des fées, des vraies.
Leur château à elles c’est la garderie de mon fils, mais elles ont aussi des consœurs et des confrères partout.
J’ai une admiration absolument sans borne pour ce qu’elles font, jour après jour.
Une admiration sans bornes pour cette vocation qui ne peut que venir du cœur.
Et là, avec ce qui se passe et les circonstances que tout le monde connaît, je peux évidemment leur lever mon chapeau, OK fine, mais j’ai surtout envie de leur lever mes deux mains en gigantesque high five distancé et infini, et de leur dire : wow.
Laisser son enfant à quelqu’un, jour après jour, c’est un peu comme déposer son cœur en garantie pis retenir son souffle toute la journée en espérant qu’il batte aussi bien sans nous qu’avec nous. Moi, j’ai la chance inouïe de respirer librement. Parce que je sais que mon fils est déposé et heureux et surtout, qu’il continue de grandir aussi bien grâce à elles. À nous aussi évidemment, mais c’est normal tsé, on l’a mis au monde.
Pendant les 3 mois du printemps sans garderie, pas une journée ne s’est terminée sans que mon fils parle de Nathalie, d’Isabelle, d’Annie, des amis, de son local.
Chaque fois qu’on a dessiné les gens qu’il aimait, les fées y étaient.
Chaque fois qu’on passait devant une cour d’école vide, il m’expliquait.
« La garderie est fermée maman. Bientôt, je vais y retourner. Je serai content. »
Ces femmes-là nous accueillent, tous les matins, avec le sourire.
TOUS. LES. MATINS.
Je ne connais pas leur vie à l’extérieure, mais je sais que toutes ont, bien évidemment, une vie bien remplie en dehors de celle où elles amusent/éduquent/ chicanent/ consolent/débarbouillent/félicitent mon fils. Et là je ne parle que du mien évidemment. Parce que vous l’aurez compris, il n’est pas tout seul dans sa garderie. Faqu’on peut aisément reprendre la formule amuse/éduque/ chicane/console/débarbouille, et la multiplier par 10.
Sérieux? S’pas rien.
Pis le plus beau dans tout ça, c’est qu’elles ne gèrent pas juste les minis, elles gèrent aussi (et j’ai envie de dire SURTOUT) les grands à l’autre bout desdits minis.
Les pires de tous : LES PARENTS. Croyez-moi, si les éducatrices étaient des fées de contes de fées, les parents seraient très clairement les sorciers grugeurs d’énergie pour rien.
Parce que tsé, on va se le dire, dans son habitat naturel, le parent est un être inquiet qui pense que le monde tourne autour de son enfant. La pauvre fée doit donc non seulement gérer l’humeur parfois assez OK du petit qui vient d’arriver, mais doit aussi devenir psychologue et soupape à inquiétudes pour les parents.
En plus
… du masque qu’elles ont de collé dans le visage à longueur de journée
… du souci des bulles (c’était tellement plus simple quand elles étaient en savon)
… de l’hypervigilance du repérage d’une éventuelle esquisse de morve sous l’un des 10 petits nez qu’elles ont à surveiller
… et de la peur de voir leur nez à elles se mettre à couler aussi.
Mais ça, on ne le voit pas.
Parce que tous les matins, quand on arrive, ce sont des yeux rieurs et des bras grands ouverts qui nous attendent.
Nous ne sommes pas dans un conte de fées.
Les parents ne sont pas des sorciers.
Et les éducatrices n’ont pas de baguettes magiques.
Dans notre histoire à nous, nous sommes des humains qui vivent la même époque.
Qui, au lieu d’attendre que l’orage passe, apprenons aux petits à jouer dans l’eau.
Qui, sans le dire, saluent la collaboration d’un côté comme de l’autre.
Qui, depuis le masque, parlent avec les yeux plus que jamais.
Mesdames, je ne sais pas si vous vous marierez.
Mais je sais que vous avez beaucoup d’enfants et qu’avec vous, ils vivent heureux.
Et ça, s’pas rien.
Merci.
* Vous aurez compris que ce texte est uniquement au féminin parce qu’il s’agit de notre réalité à nous. Or, je sais qu’il existe aussi beaucoup d’éducateurs et je serai ravie que vous traduisiez pour vous-mêmes le mot fées en fés puisque tout ceci s’adresse aussi à eux.