Je suis née stressée.
Pleiiiiiine de doutes.
Pis surtout, SURTOUT. Coupable de toutte.
En vieillissant, on apprend à doser. Pas tout, mais certaines choses.
Si je suis restée en dents de scie pour bien des choses, y a ben fallu que j’me slack la culpabilité à un moment donné. Et, thanks God, j’ai pris le temps d’apprendre ça avant de devenir maman.
Parce que OOOOOH MAMMA que ça allait revenir au galop.
Mais plus difficile à gérer cette fois parce que hors de moi, et dedans en même temps.
PAS SIMPLE.
Coupable parce qu’il est malade, coupable parce qu’il pleure, coupable parce qu’il a froid, coupable parce que je ne comprends pas tout, et encore moins le monde dans lequel il est né, coupable parce que je fais des erreurs, etc., etc.
La pandémie, c’est vertigineux, pour tout le monde.
Parent pas parent.
Privilégié ou non.
Jeune ou pas.
Seul ou accompagné.
C’est vraiment intense.
Pour une rare fois, tout le monde vit avec la même épée au-dessus de la tête, avec le même doute sur l’épaule qui, dès que ça semble aller mieux, dès qu’on lâche la garde un chouïa, se fait un malin plaisir de nous chuchoter à l’oreille « SALUUUUUUT JE SUIS TOUJOURS LÀÀÀÀÀÀ ».
On ne sait jamais sur quel pied on dansera le jour suivant.
Où on sera? Et comment?
On met un masque ou pas? On se voit ou pas?
Est-ce qu’on vient de se voir pour la dernière fois avant des mois?
Et nos enfants ils seront où? Avec qui?
Et surtout, qu’est-ce qu’on leur dira cette fois?
Rassurer et être là pour nos minis. Comme toujours, évidemment.
Mais c’est souvent difficile d’être là pour nous-mêmes en même temps.
Pis tsé, mine de rien, on la vit nous aussi cette angoisse-là.
Dans quelle époque on les a mis au monde? À quoi ressemblera leur vie? Combien de temps y serons-nous pour leur mettre la main sur l’épaule quand tout déboule?
Personne ne le sait ça.
Et finalement, on réalise qu’on se posait les mêmes questions avant.
Étrangement, je réalise que mon mood est à peu près le même que celui que j’avais enceinte et les premiers mois de vie de mon fils.
Cette incapacité ABSOLUE d’avoir une quelconque notion du temps.
Cette incapacité ABSOLUE de relativiser une situation qui, NON, ne durera pas 198 ans.
Je pense à toutes ces nuits où je me suis levée 18 fois, d’abord enceinte pour faire pipi, puis ensuite avec bébé pour allaiter.
Toutes ces fois où j’ai regardé, complètement désemparée, un objet échappé par terre, derrière ce ventre GIGANTESQUE qui m’empêchait de ramasser quoi que ce soit.
Toutes ces fois où mon fils a traversé des phases viscéralement irritantes et raisonnablement ingérables : les 876 réveils toutes les nuits pour boire de l’eau, les crises systématiques pour prendre le bain, les combats de lutte pour mettre une couche/un habit de neige/des bottes/NAME IT, le refus catégorique d’entrer dans la voiture pour partir de la garderie, etc.
Toutes ces fois où, complètement dépassée, j’ai été convaincue qu’à partir de maintenant, ma vie ne serait QUE ÇA.
Eh.
Ben.
Non.
Peu importe le temps que ça durait, je finissais toujours par regarder derrière, me dire « HEP BOBOY HEIN? C’t’ait pas simple ça. » et me rappeler que non, je ne suis pas responsable de tout et que, parfois, faut être patient et savoir regarder loin. Très loin.
Je le sais que c’est long.
Je le sais qu’on est tanné.
Et je le sais qu’on a l’impression que ça ne finira jamais.
Je le sais parce que je le pense aussi. Souvent.
Je le sais qu’on est fatigué.
De jongler avec du sable.
De courir dans l’eau.
De nager dans la vase.
De ne rien comprendre.
Pis de se sentir coupable, PAREIL.
Mais je le regarde lui.
Avec ses 3 ans et sa main si rassurante sur mon épaule.
Je le regarde lui qui me dit « C’est la vie maman » après avoir accidentellement vidé la moitié de son bain sur le plancher, parce que trop emballé par les plongeons de ses schtroumpfs.
Je le regarde lui pis je sais qu’il a raison.
Je le regarde lui pis je me rappelle ce qu’il m’a appris.
À regarder loin loin loin devant pis proche proche proche en même temps.
À vivre tout à la seconde où ça se passe.
Je le regarde lui pis je sais qu’il a raison.
C’est la vie.
La nôtre en tout cas.
Et qu’on le veuille, ou non.
On ne le sait pas ce qui arrivera demain.
Faque tant qu’à y être, on va laisser venir en s’armant de doudous, de biscuits au chocolat pis de ce qu’on a de plus précieux : NOUS.
Le reste viendra.
Et quand on pourra enfin regarder derrière, on se dira « HEP BOBOY HEIN? C’t’ait pas simple ça. »
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