Pendant la grossesse on entend souvent parler de babyblues. En écoutant plus attentivement, on se rend compte que parfois certaines personnes utilisent indifféremment le terme de babyblues pour parler de dépression post partum (DPP) et vice versa. Alors qu’en fait il s’agit de deux phénomènes bien distincts.
Qu’est-ce que le baby blues ?
Le Babyblues, aussi appelé syndrome du 3ème jour, toucherait environs 50 à 80%1,2 des femmes qui accouchent selon l’INSPQ (l’institut de Santé Publique du Québec). Le babyblues est un syndrome transitoire et de courte durée, bénin et qui ne nécessite pas de traitement. Le babyblues serait principalement dû à la chute hormonale qui suit l’accouchement, un processus biologique d’adaptation normal3. La femme serait alors submergée par les émotions, pleurant abondamment. Les crises de larmes sont la plupart du temps liées à des déconvenues mineures. Certaines mères rapportent également parfois un sentiment de tristesse et de lassitude. Ces symptômes apparaissent et disparaissent en général au bout de quelques heures à quelques jours, avec en général un pic au jour 3 et 4 mais ne durent jamais plus de 2 semaines4. Même s’il ne nécessite pas de traitement particulier, il reste évident que la maman continue d’avoir le besoin du soutien du partenaire et de la famille pour traverser cette période.
Qu’est-ce que la dépression post partum (DPP) ou dépression post natale (DPN) ?
La distinction entre babyblues et dépression postpartum a pour la première fois été rapportée dans la littérature en 19685. Elle toucherait entre 10-20%1,9 des femmes qui accouchent. La DPP est une pathologie qui prend en général forme à distance de l’accouchement (en général autour de 4 semaines)4 et peut se poursuivre aussi longtemps que 2 ans6,7,8. Il s’agit d’un état très sérieux de dépression au sens clinique du terme : les femmes ressentent un état de tristesse avancé ou une perte du plaisir associée aux activités quotidiennes, notamment lors des soins prodigués au nourrisson4,9. D’autres symptômes rapportés peuvent inclure de l’anxiété, de l’irritabilité (en général envers le partenaire ou la famille proche) et des pleurs qui peuvent parfois être cachés de l’entourage10.
Quand s’inquiéter ?
Il est important que l’entourage et particulièrement le partenaire et la famille proche soit à l’affût des symptômes décrit ci-dessus. Une nouvelle maman semble lasse, qui a perdu sa joie de vivre, n’a plus envie de se lever tous les matins depuis plusieurs jours, a tendance à accorder moins d’importance à son apparence ou son hygiène, montre des signes de dénigrement de son estime d’elle ou encore un manque d’attachement au bébé sont autant de signes qui peuvent alerter.
Existe-t-il des moyens de prévenir la DPP ? Y a-t-il des facteurs de risques ?
Le facteur numéro 1 influençant l’apparition d’une DPP est l’épuisement. Il est donc important pour de nouveaux parents d’être suffisamment entourés et soutenus, tant d’un point de vue pratique et logistique (aide au ménage, épicerie, préparation des repas…) qu’au niveau psychologique (écoute, empathie…). C’est pourquoi l’entourage et la famille sont des éléments cruciaux dans la prévention de la DPP11.
Par ailleurs, une personne ayant déjà été sujette à une DPP ou tout autre forme de dépression sera plus à risque de faire une DPP. Il conviendra donc de porter particulièrement attention à ces personnes11.
Il a également été démontré également que les femmes présentant des taux d’ocytocine plus faibles ou ayant des difficultés à réguler leur taux d’ocytocine sont plus sujettes aux DPP12,13. De la même manière, il a été prouvé qu’il y a une corrélation directe entre administration d’ocytocine pendant le travail et l’accouchement et DPP12.
Finalement, toute intervention d’urgence non programmée lors de l’accouchement augmente le risque de la maman de faire une DPN14.
Et les hommes dans tout ça ?
Les hommes ne sont pas à oublier dans ces situations. En effet, il a été rapporté qu’environ 4 à 25% des pères seront sujets à une DPP dans les 2 mois suivants la naissance15. Les facteurs de risques comme pour les mères sont des antécédents dépressifs15. En revanche, ils semblent que les risques pour les pères de faire une DPP soient plus élevés en cas de DPP maternelle15 ou lorsque l’enfant présente des troubles du développement16.
Que faire si cela arrive ?
Si vous remarquez une personne de votre entourage présentant ces symptômes, n’hésitez pas à l’aider à trouver du soutien et du réconfort, ainsi qu’à la référer à un psychologue ou un psychiatre qui pourra alors prendre le relais et lui apporter les solutions adaptées.
Sources :
Par Jennifer Galigrasseuil - 28 juin 2017
Certains parents peuvent se sentir rassurés par le fait d’être entourés par les équipes médicales qui sont en mesure de
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