Nicola Vachon

À l’école j’arrivais pas à me brancher sur ce que je voulais faire plus tard. Je me tannais de toute mais toute m’intéressait. J’aurais pu devenir architecte ou pilote ou sauveteur ou designer de jeu vidéo. Comme si j’arrivais jamais à entrer une fois la porte ouverte. Même chose avec les gens. Un problème d’engagement me direz-vous. J’ai pas ben ben changé. J’ai pris quelques décisions, faut ben. Aujourd’hui, je roule ma bosse, ou devrais-je dire mon cube, comme je peux. Je poigne des coins le fun pis des grands bouttes plattes. J’aurais pu continuer à flotter dans ce joli petit aquarium toute ma vie en regardant pensivement mon propre reflet avec un latté. J’aurais pu, mais je suis devenu papa. Et j’ai réalisé assez vite que cette porte-là, une fois ouverte, t’es déjà rendu de l’autre côté, et qu’en te retournant, tu réalise que la porte a disparue, et qu’elle rit de toi.

J’aurais jamais pensé me faire brasser comme ça. J’aurais jamais pensé aimer comme ça. Je suis le genre de papa qui chaque fois qu’il se fait appeler papa réalise qu’il est papa. Je sais pas si un jour ça va me venir naturellement. Peut-être pas.

Que représente la famille pour vous :

Quelque chose qu’on bâtit dans le roc. Ça prend de la dynamite mais après ça bouge plus. Un port d’attache. Une montagne. On grimpe dessus, on campe dessus, on chie dessus, on se pète la yeule dessus. Un montagne qui se fait passer dessus aller-retour par toutes les conditions météorologiques imaginables sans broncher. Sans partir. Elle reste là. La famille c’est un cours intensif sur l’amour et sur soi.

Dites-nous pourquoi vous désirez collaborer avec Vie de Parents? :

J’aime écrire. Mais je laisse rarement de la place à ça dans ma vie. Être parent c’est le plus grand bouleversement de ma vie. J’en reviens comme pas, et j’en reviendrai probablement jamais. Comme je disais à mon fils qui avait peur de faire caca: «Faut que ça sorte».