En collaboration avec Camps Odyssée
La question est bonne et pas toujours facile à répondre. Évidemment, la réponse la plus simple serait: quand l’enfant sera prêt. Mais certains enfants ont besoin de se faire motiver un peu. Avouons-le aussi, ce sont les parents qui ne sont pas prêts et même plus précisément, les mamans. Mais ça se comprend, puisqu’envoyer notre enfant dans un milieu qu’on ne connaît pas trop avec des gens qu’on ne connaît pas, ce n’est pas toujours facile à faire. Parfois, juste de laisser son enfant dans la cour d’école est difficile et on fait le piquet sur le bord de la clôture en attendant que la cloche sonne. Alors laisser notre enfant au camp, sans nous, sans le voir, sans lui parler, sans avoir le compte-rendu de la journée, ça peut se révéler tout un défi.
Les meilleures personnes pour s’occuper d’un enfant sont certainement ses parents. Mais la relation entre un moniteur et un campeur ne peut pas être vécue avec un parent. Disons-le, les enfants sont plus fonceurs et plus performants dans les cours de natation lorsque le parent n’est pas sur le bord de l’eau à lui communiquer ses craintes! Malgré tout le bien qu’on leur veut, les enfants ont aussi besoin de vivre en se détachant de leurs parents pour sociabiliser par eux-mêmes, devenir plus autonomes et débrouillards.
Donc, à la question, à quel âge devons-nous envoyer notre enfant au camp, il faut se demander si nous sommes prêts à le faire. Il faut être prêts à l’encourager au projet, à lui faire voir l’aventure du bon côté, à leur montrer que nous ne sommes pas inquiets et que nous sommes fiers qu’il puisse vivre cette expérience. Les plus aventuriers commenceront à 4 ans alors que d’autres seront prêts à 7 ans. Vous pouvez également, dans le doute, commencer par un séjour d’une semaine. Vaut mieux que l’enfant reparte du camp enthousiasme et déçu que ce soit déjà terminé, plutôt que de récupérer un enfant qui avait hâte au retour de ses parents. Nous préférons que nos enfants nous ignorent à notre arrivée et qu’ils préfèrent rester «collés» à leur moniteur plutôt que l’inverse. Il faut aussi partir avec l’idée que tout ne sera pas comme nous voulons que ce soit. Ils ne mangeront pas comme à la maison, ils ne se laveront pas aussi bien qu’à la maison et feront peut-être exprès d’oublier de se brosser les dents quand le moniteur fera le rappel au groupe. Ils voudront peut-être porter leurs bottes de pluie même s’il fait soleil et porter le même chandail pendant trois jours de suite. Mais ils seront heureux et fiers de pouvoir faire leur choix et prendre leurs propres décisions, bref, développer leur autonomie.
Mes enfants me le démontrent aussi régulièrement, ils sont beaucoup plus malades avec leur maman qu’avec n’importe qui d’autre. Il faut donc se dire qu’avec les équipes d’infirmiers du camp, ils seront entre bonnes mains et guériront sûrement beaucoup plus vite. À leur retour, ils auront les ongles sales, leurs vêtements seront en boule dans leur valise, il manquera peut-être un bas et il n’aura probablement pas touché au livre qu’il aura mis dans ses bagages ou rien écrit dans le journal de bord que vous lui aurez fourni. Il aura les yeux fatigués, mais plein d’étoiles et plusieurs aventures à raconter. Le pincement au cœur que vous avez eu lorsqu’il vous avait demandé de partir du camp et de le laisser aller avec son groupe se transformera en une grande fierté lorsque vous le retrouverez «grandi».
J’ai de la difficulté à répondre clairement à la question, mais je peux vous dire que mon plus vieux a commencé ses séjours au camp à 5 ans. À 4 ans, je ne le sentais pas prêt et ne l’étais pas moi non plus. Ma deuxième, aventurière dans l’âme et très autonome a commencé à 4 ans et quelques semaines. Et ma dernière commencera certainement à 4 ans également. Et quand ma fille chante la chanson du camp avant de s’endormir le soir, que mon fils joue au moniteur de camp, qu’ils se construisent un rabaska avec des chaises, qu’ils mettent leurs plumes du clan sur leur tête, que ma fille associe tous les toutous de licornes des magasins à la licorne magique du camp Trois-Saumons, je me dis que j’ai pris la bonne décision et qu’ils étaient prêts pour aller au camp. Mon plus vieux hésite toujours à allonger son séjour à 2 semaines, mais j’ai confiance, il sera bientôt prêt. Et moi, j’apprendrai sûrement à « profiter » de ces vacances d’enfants sans me demander le soir s’ils dorment bien, le midi s’ils ont aimé ce qu’ils ont mangé, s’ils sont allés faire l’escalade ou s’ils ont bien mis des chaussettes dans leurs bottes de pluie et leur manteau de pluie lorsqu’il pleuvait! J’apprends à me détacher et à leur faire confiance. Je sais que je les retrouverai grandis au bout de ces merveilleuses semaines au camp.
L’auteur de cet article est Amélie Spain. Amélie travaille pour les camps Odyssée depuis 1996. Ayant gravi tous les échelons de monitrice à Directrice de camp, elle est maintenant Directrice Générale adjointe. Sa passion pour les camps l’a menée au baccalauréat en récréologie. Mère de trois enfants, elle comprend ce que le camp change dans une vie, d’autant plus que c’est au camp qu’elle a trouvé sa voie. (Des faits : campeuse de Mino. Mino de 1996 à 2002 : ravitailleuse, monitrice, coordonnatrice administrative, animatrice instructeur, coordonnatrice pédagogique, 2002 à 2004 Bourg-Royal : Directrice adjointe et Directrice. Puis, service clients, coordonnatrice des programmes ou pédagogiques selon l’année, puis Directrice Générale adjointe. Finalement, maman de trois enfants de 5,8 et 10 ans).