En collaboration avec Camps Odyssée
Bien que peu d’études sur le sujet aient été conduites, la communauté du tourisme d’aventure, celle des camps et celle des adeptes du plein air s’entendront probablement pour dire que de pratiquer des activités en pleine nature offre des bénéfices sur le plan personnel du participant. Déterminer quels sont ces bénéfices est un dossier épineux en soit et on peut supposer que le tout peut varier en fonction de la nature de l’activité, de la façon de l’encadrer et de la philosophie de la compagnie ou du pourvoyeur offrant le service. Il est donc d’autant plus difficile de déterminer comment on peut atteindre des bénéfices, considérant que ceux-ci ne sont pas bien définis.
À ce sujet une étude intéressante est parue en 2010 sur l’effet d’une approche centrée sur les forces dans l’encadrement d’une activité de plein air éducative. Selon l’étude, cette approche permettrait aux participants d’apprendre davantage puisqu’ils sont conscients de leurs habiletés propres et des opportunités qui s’offrent à eux. Ils verraient un effet positif sur les relations interpersonnelles et sur leurs capacités à surmonter des défis physiques (Passarelli et al, 2010).
Il est bien beau de dire qu’une telle approche est intéressante, mais qu’est-ce qu’une approche centrée sur les forces ? Voici un exemple concret qui peut aider à cerner le tout. Un élève en maths qui est très fort en addition, mais qui a encore de la difficulté avec la multiplication a deux avenues possible: avec une méthode plus traditionnelle, on le dirigera vers des problèmes de multiplication pour travailler directement sur la faiblesse ; avec une méthode centrée sur les forces, on pourra le placer en équipe avec un élève fort en multiplication pour que les deux travaillent à un problème où additions et multiplications sont présentes à différents niveaux. L’élève plus fort peut aider l’élève plus faible en multiplication (d’ailleurs, ils sont conscients de leurs forces et faiblesses) et l’élève plus faible peut s’occuper des additions faisant partie du problème. Résultat : problème probablement résolu, haut niveau de motivation chez les deux élèves, entrée en relation avec l’autre facilitée, bref, beaucoup de bénéfices !
Ici un problème persiste : les effets positifs dénotés au cours de l’étude auraient-ils étés les mêmes au sein d’un groupe participant à une activité éducative courante (autre que par le plein air) tout en employant la même approche ? En d’autres mots, le « plein air » est-il responsable des effets bénéfiques sur l’apprentissage ? Les tenants de l’étude s’appuient sur le fait que l’activité dite de « plein air » offre des défis physiques, sociaux et d’apprentissage différents et possiblement plus engageants que ceux que l’on retrouverait dans le cadre d’une vie « normale ». C’est pourquoi l’étude est intéressante et ouvre la porte à d’autres recherches sur le développement personnel en nature et sur la façon d’y arriver.
Il y a encore fort à faire dans le domaine, mais de telles études sont encourageantes. Reste à diriger le tout pour que tous travaillent ensemble !
La diversité des écrits universitaires sur le domaine du plein air est impressionnante. Plusieurs sont orientés vers les bénéfices attendus des expériences en nature, mais les approches utilisées et les philosophies de départ sont souvent très différentes. Un heureux problème !
L’auteur de cet article est Vincent Noel. Vincent travaille à Minogami depuis 2004, et est guide Broadback depuis cinq ans. Il est l’auteur du blogue Dedans par dehors qui traite des impacts du plein air dans le développement de la personne. Après avoir effectué une technique en tourisme d’aventure à Gaspé et un baccalauréat en éducation physique à l’Université de Sherbrooke, il amorce une maîtrise en psychopédagogie sur le développement identitaire des jeunes adultes en contexte d’expédition à l’Université Laval.
Rédaction :
Camps Odyssée, Vincent Noël
Mise à jour : 5 juillet 2017