Il fait sombre, les lumières sont tamisées.
Je suis couchée sur le dos, vêtue d’une jaquette et de chaussettes, mon conjoint à mes côtés.
Ils entrent dans la pièce, ils sont deux, gantés.
Il fait froid.
Je reconnais le Dr, expérimenté, mais rencontre pour la première fois la résidente, néophyte à mes yeux.
On m’incline, la tête à 8 heures et les pieds à 2 heures.
Elle se place derrière moi, son sarreau me frôle le visage.
Lui, reste en retrait, il monitore.
Êtes-vous prête Mme?, me dit-elle…
Puis, sans préliminaires, sans aucune douceur ni compassion, elle entre rigoureusement ses doigts dans mon bassin et tire de toute ses forces, tentant de faire bouger les fesses de bébé.
C’est très douloureux. C’est insupportable.
Ses doigts s’enfoncent encore plus loin, elle va me trancher la peau si elle continue j’en suis sûre.
Elle tire encore et encore, sans prévenir, elle s’acharne, je gémis.
Elle s’arrête finalement.
Il me demande si tout va bien. Non «ça ne va pas bien». Ce n’était pas ce qu’on m’avait expliqué, ce dans quoi je m’étais engagée.
On décide de tout arrêter.
Ce fut ma version. Du moins, c’est comme ça que je l’ai vécue, c’est le souvenir que j’en ai. Rien de positif. Je me suis laissée aveugler par une possibilité d’éviter la césarienne. Je la redoutais. Par expérience, mon corps ne réagit pas très bien aux interventions chirurgicales. J’avais peur.
La version ne fut en rien ce à quoi on m’avait préparée:
Lorsque le bébé se présente par le siège, il est possible de pratiquer une version, c’est-à-dire tenter de retourner le bébé en douceur afin que sa tête se trouve dans la meilleure position possible pour le travail et l’accouchement.
Pour modifier la position du bébé, le médecin va placer ses mains sur votre ventre, puis pousser le bébé en douceur. Les manipulations effectuées sont externes uniquement. Elles peuvent être légèrement inconfortables.
J’ai vécu tout le contraire.
Évidemment, je ne recommande pas cette intervention. Était-ce le «power trip» d’une élève devant son professeur qui voulait à tout prix réussir l’examen? Qui sait…Lors de ma deuxième grossesse j’ai rencontré un médecin spécialisé en la matière avec qui j’ai eu une longue discussion à propos de la version. Il m’a expliqué que le succès de cette méthode repose sur la confiance, l’ambiance, la patience, la douceur, des valeurs qui, à mon avis, sont à l’opposé de la mentalité véhiculée dans nos hôpitaux. Je généralise évidemment. J’ai également rencontré des personnes extraordinaires.
Mais, j’ai appris à mes dépends que l’on ne peut pas forcer la nature.
Ah oui, pour ceux ou celles que ça intéresse, il ne s’est jamais retourné mon Bébé 1. Il est né par césarienne, car toujours en siège lors de mon arrivée à l’hôpital, une dizaine de jours suivant la version. Il est âgé d’un peu plus de trois ans aujourd’hui et si vous le connaissiez, vous comprendriez que jamais il ne se serait retourné sans qu’il en ait décidé ainsi! «Prêt, pas prêt j’y vais» ne sera jamais sa devise. Il est plutôt du type «Prêt, très prêt, très très prêt j’y vais»!
Par Équipe Vie de Parents - 12 juin 2017
La version est un terme utilisé par les médecins pendant la grossesse, pour indiquer… une version!
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