Le déconfinement me fait l’effet d’un souffle que je peux enfin relâcher. Une longue inspiration que je retenais depuis le printemps.
Il n’y a pas de bon ou de mauvais timing pour vivre une pandémie, ni le confinement qui vient avec. Dans mon cas, la vie telle qu’on la connaissait s’est mise sur pause à peine quelques jours après qu’un bébé tout neuf soit passé du creux de mon ventre au creux de mes bras. Mon deuxième. Mon arc-en-ciel.
Alors un beau matin, un isolement du reste du monde s’est ajouté à ma seconde expérience post-partum.
La nouvelle réalité me paraissait si loin de celle de la veille que j’avais l’impression d’avoir accouché il y a longtemps, à une autre époque. À une époque où je n’aurais jamais pensé présenter mon petit dernier à mes proches à travers l’épaisse fenêtre de ma maison. Où je n’aurais jamais fait quelque chose d’aussi insensé que d’empêcher mon grand de s’approcher de ses amis quand on les croisait dans le quartier.
Et puis, chaque jour à 13h, la liste des nouveaux interdits, tout aussi difficilement explicables à un tout-petit les uns que les autres, s’allonge. J’ai alors compris que l’année à venir, celle de mon deuxième congé de maternité tant attendu, ne serait pas comme je l’avais imaginée.
Elle ne serait pas moins tendre. Juste différente.
Mes séances «collé-collé» avec bébé seraient entrecoupées de batailles de dinosaures. Je ne m’assoupirais pas pendant les siestes qui seraient souvent écourtées par une petite voix enjouée de trois ans ou la trame sonore beaucoup trop forte de la Reine des Neiges.
Nous serions trois plutôt que deux dans notre «bulle maman-bébé», et chaque seconde passée avec mes amours me ferait oublier l’extérieur fait d’incertitudes et de sourires dissimulés par des masques froids mais oh combien nécessaires.
Je suis privilégiée d’avoir vécu le confinement si bien entourée, dans la chaleur de ma maison, mais voir la vie reprendre tranquillement son cours apaise mon cœur de maman.
Mes premiers tête-à-tête avec bébé sont doux, mon grand a enfin renoué avec quelques-unes de ses activités préférées, la famille élargie peut enfin se réunir autrement que par conversation vidéo et ma crainte que mes enfants grandissent avec la peur de l’autre et des rapprochements s’est diluée.
Je sais que la crise n’est pas terminée et qu’une menace invisible qui a bouleversé trop de familles flotte malheureusement encore dans l’air.
Mais aujourd’hui, le soleil veille tard, l’air réchauffe ma peau et ma tête se sent un peu plus légère qu’au printemps. Des petites joues rouges dévalent les glissades du parc. Ça sent la crème solaire (et un peu le Purell!).
Puis ma mémoire fait déjà son boulot de me laisser en tête que les plus beaux souvenirs de confinement. Et ça fait du bien. De goûter, juste un peu mais pas trop, à la liberté qu’on avait prise pour acquis et d’oublier, l’espace d’un précieux instant, que le parc animé pourrait de nouveau être orné de tristes banderoles de sécurité.
Par Les Alternatives Éducatives inc. - 30 mars 2018
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