ARTICLE
Que dire du retrait? Partie 2
Voici la partie 1 en référence
Le retrait est une méthode de discipline connue qui consiste « à retirer un enfant d’une situation qui provoque un comportement inadéquat et à l’installer dans un endroit calme et sécuritaire. Il est alors éloigné des stimulations qui peuvent maintenir ou favoriser le comportement indésirable ». (1) Cette méthode date depuis fort longtemps. Et comme elle a été pratiquée de manière autoritaire souvent, elle a été critiquée et des opposants s’y sont objectés. Ceux-ci perçoivent que l’enfant peut se sentir isolé, abandonné sur le plan émotionnel, qu’il peut même être oublié par l’adulte et demeurer longtemps retiré puisqu’il ne dérange plus et que l’activité en cours peut se poursuivre sans lui. Les opposants considèrent que le retrait entretient un cycle négatif, qu’il nuit à l’estime de soi de l’enfant. L’attention de l’adulte est captée de manière négative. L’enfant peut se sentir exclus et rejeté. (2) Ces sentiments négatifs vécus par l’enfant peuvent nuire à la relation avec l’adulte. Le retrait vécu dans une discipline autoritaire peut être interprété par l’enfant comme une menace, une provocation, une punition. Bien que plusieurs parlent de cette mesure comme une de dernier recours, dans les faits, cette mesure devient une mesure automatique utilisée fréquemment. En lisant la description de ce qu’est le retrait, on voit bien la ressemblance avec le moment d’arrêt. Ce qui est différent, c’est l’approche de l’adulte. Dans un cas, elle est démocratique et bienveillante et dans l’autre cas, elle est autoritaire.
Publicité
Les différences profondes entre les 2 approches :
- Accompagner l’enfant dans la gestion de ses émotions pour qu’il développe la maîtrise et l’autorégulation plutôt que de le laisser seul aux prises avec des émotions envahissantes.
- Considérer que l’erreur est humaine et normale, qu’elle fait partie du processus de développement et qu’elle peut être réparée plutôt que dramatiser l’erreur, vouloir l’éradiquer.
- Adopter une attitude bienveillante et respectueuse plutôt qu’une attitude autoritaire rigide.
- Orienter vers le positif de la résolution du problème plutôt que de mettre l’accent sur la faute commise.
- Prendre une distance face à sa propre émotion comme adulte plutôt qu’agir sous le coup de l’émotion comme la colère.
- Comprendre le problème avec l’enfant plutôt que l’accuser, le culpabiliser, l’humilier.
- Adopter un regard compréhensif et descriptif de l’erreur plutôt qu’un regard hostile, accusateur.
- Accepter tous les sentiments humains, positifs et négatifs plutôt que de rejeter les sentiments négatifs.
- Donner des outils à l’enfant pour se maîtriser plutôt que le punir et le menacer de le punir.
- Considérer le respect de l’enfant et de son estime de soi comme prioritaires plutôt que l’acculer au pied du mur et le dominer.
- Bref, adopter une approche de discipline positive et démocratique plutôt qu’une approche autoritaire.
On voit bien qu’il s’agit ici d’une question d’approche beaucoup plus que d’une question de vocabulaire. Si le besoin se fait sentir de trouver un nouveau vocabulaire, c’est que beaucoup d’expériences vécues du retrait l’ont été avec l’approche autoritaire qui n’est pas démocratique et bienveillante.
Il faut aussi dire que ce n’est pas évident, comme adulte, de garder son sang-froid quand la moutarde monte au nez ! Les vieilles expériences vécues de l’approche autoritaire remontent à la surface et s’imposent d’elles-mêmes. D’où l’importance, tant pour l’adulte que pour l’enfant, de prendre un moment d’arrêt pour ne pas intervenir sous le coup de l’émotion envahissante. Respirer par le nez, prendre une pause, prendre du recul pour ensuite être en mesure d’aider l’enfant, de l’accompagner dans le développement de ses habiletés sociales.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
(1)Stéphane Deslauriers, psychoéducatrice, Équipe Naître et grandir, Discipline : le retrait, Juin 2020.
(2)Jocelyne Petit et CPE Joli-Cœur, Moment d’arrêt, bon ou pas bon (Le fameux retrait), Octobre 2018, fiche 8.