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Moment d’arrêt ou retrait : deux approches différentes Partie 1
Voyons en détails les différences entre les deux approches sous-jacentes à ces pratiques. La discipline positive nous oriente davantage vers « un moment d’arrêt » que vers « le retrait » lorsque l’adulte demande à l’enfant de cesser l’activité en cours pour se tranquilliser après un incident quelconque.
Les buts du moment d’arrêt:
- Permettre à l’enfant et à l’adulte de se calmer
- Refaire le point (selon l’âge)
- Retrouver son sang-froid
- Apprendre à gérer ses émotions
- Faire comprendre à l’enfant les limites de l’interdit
- Prendre conscience du débordement d’énergie dans le moment présent
- Prendre une pause
- Penser à des solutions au problème qui se pose
- Penser à des moyens pour réparer l’erreur, s’il y a lieu
- Prendre du recul
- Développer la capacité d’autorégulation, en apprenant à régler et maintenir un équilibre interne, en dépit des évènements extérieurs (Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin d’aide pour ce faire car son cerveau est en voie de développement)
- Se recentrer
- Se réorienter vers une attitude positive
- Prendre du temps pour soi
- Apprendre à reconnaître quand les limites sont dépassées pour développer « l’inhibition » qui permet de s’arrêter avant que la situation dégénère
- Prévenir les escalades
- Apprendre à maîtriser ses impulsions
- Aider à dénouer l’impasse émotionnelle
L’approche de l’adulte dans une discipline positive
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L’approche de l’adulte est chaleureuse, bienveillante et respectueuse. Si l’adulte est lui-même touché émotivement, il pourra dire à l’enfant « Prenons un moment d’arrêt pour nous calmer, chacun de notre côté. Nous trouverons ensuite une solution au problème! ». De cette manière, l’énergie positive circule encore, malgré l’incident en cours. L’adulte donne ainsi l’orientation et il donne espoir que l’on va se sortir du problème, qu’il y a des solutions. L’adulte joue un rôle d’accompagnement de l’enfant pour atteindre les buts visés par le moment d’arrêt. Il est un modèle pour l’enfant. Il maîtrise lui-même ses émotions. Il peut offrir à l’enfant plus jeune un objet de transition, comme une peluche douce, pour l’aider à se calmer. L’approche est préventive et constructive. L’enfant doit sentir que, suite au moment d’arrêt, le plaisir est au rendez-vous.
Le ton de l’adulte a avantage à être posé et non menaçant. Il ne s’agit pas d’une punition. L’adulte essaie de comprendre ce que l’enfant tente d’exprimer en agissant comme il l’a fait. Il pourra le verbaliser lors du retour après le moment d’arrêt.
Quand proposer un moment d’arrêt ?
Un moment d’arrêt peut être instauré quand l’adulte sent que la tension monte pour un enfant ou pour des enfants entre eux. Quand il observe des signes de désorganisation tels que des tiraillements excessifs, des cris, des poussées, des bousculades, des gémissements, des pleurnicheries, des pleurs, de la surexcitation, etc. Bref, quand la soupe devient chaude et que la moutarde monte au nez. L’adulte demande alors de s’arrêter, de s’asseoir en silence pour penser à son affaire et se réorienter vers une attitude positive. Cette mesure est applicable en toutes circonstances, à la maison, en visite, au supermarché, au restaurant, dans un parc, etc. L’endroit choisi doit être confortable et sécuritaire pour l’enfant et ne pas lui faire peur.
Quelle est la durée du moment d’arrêt ?
La durée du moment d’arrêt est brève. Dans mon langage à moi, comme parent, j’appelais le moment d’arrêt avec mes enfants, « 2 minutes de tranquillité ». Cette durée suffisait généralement à dénouer l’impasse pour reprendre pied et être prêt à se réorienter. Quand l’enfant vieillit, on peut le consulter sur le moment où il sent qu’il est prêt, soit à discuter de ce qui s’est passé, si c’est important, soit à reprendre ses activités, si c’est anodin. Si l’émotion n’est pas encore maîtrisée, le moment d’arrêt peut se prolonger mais on devrait retenir qu’il est bref. L’accueil de l’adulte est chaleureux au retour du moment d’arrêt. Et plus l’adulte remarque et verbalise les comportements positifs de l’enfant, surtout ceux reliés à la maîtrise de ses émotions, plus l’attention positive ainsi obtenue par l’enfant l’encourage à bien se comporter et à ne pas dépasser les limites et les interdits, donc, à vivre moins souvent des moments d’arrêt.
Comment faire le retour après un moment d’arrêt ?
Il est important d’éviter les longues discussions pour éviter d’accorder beaucoup d’attention au comportement négatif. S’il s’agit d’un petit incident, le retour est bref. Quelques mots pour verbaliser ce qui s’est passé et ce qui est compris de la situation. Et l’enfant retourne au jeu. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un comportement plus dérangeant, l’adulte se met à la hauteur de l’enfant, ne force pas le contact visuel et se place à côté de l’enfant, si c’est confrontant pour ce dernier et, avec un ton de voix apaisant, il aide l’enfant ou les enfants à résoudre leur problème, en vivant le processus de résolution de problème présenté dans l’article « Comment aider les enfants à résoudre leurs conflits? », dans Vie de Parents. Ce processus se présente en 6 étapes que je rappelle ici :
- Se calmer (Enfant(s) et adulte)
- Nommer les sentiments (« Tu étais fâché! »)
- Comprendre le problème (En posant des questions « Raconte-moi ce quoi s’est passé? »
- Reformuler le problème (« Dans le fond, tu voulais…. »)
- Demander des solutions aux enfants (« Quoi faire pour que ça aille mieux ? Quoi faire pour réparer? »)
- Encourager les enfants (« Bravo! Tu as réussi à résoudre le problème! »)
Le moment d’arrêt rejoint la première étape de ce processus de résolution de problème. Il s’agira ensuite de faire un retour en vivant les étapes 2 à 6.
Voici la suite (partie 2) juste ici!
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation