« Si tu ne fais pas ce que je te demande, tu auras une conséquence ! »
De nos jours, le mot « conséquence » est plus populaire que le mot « punition ». Pourtant, tant que l’intervention de l’adulte demeure « autoritaire » et qu’elle cherche à dominer l’enfant, il s’agit d’une punition déguisée en conséquence. Comment faire vivre à nos enfants de vraies conséquences logiques et naturelles ? Et ce, peu importe leur âge !
Éviter les menaces
Quand nous formulons nos interventions sur le ton de la menace du genre, « Si tu ne fais pas ceci, tu n’auras pas cela! », nous adhérons, à notre insu bien souvent, à une approche éducative autoritaire où on a « le gros bout du bâton ». On cherche inconsciemment à soumettre l’enfant à notre volonté, à le contraindre en nous imposant et en l’acculant au pied du mur, en quelque sorte. Nous ordonnons à l’enfant d’obéir, sinon, il passera « un mauvais quart d’heure ».Les demandes formulées sous la forme de menaces engendrent des punitions, non pas des conséquences.
Pour éviter les menaces, il s’agit de se mettre du côté de l’enfant qui désire quelque chose et de dire ; « Pour obtenir ce que tu désires, on a besoin de…. » ou encore « Pour avoir ceci, nous avons besoin de cela (tranquillité, collaboration, attention, calme, écoute, etc.). Voici quelques exemples :
Modifier notre approche éducative
Pour énoncer des conséquences, nous avons besoin de modifier notre approche éducative pour la rendre plus démocratique. À ce moment, l’enfant n’est pas menacé ni dominé. On ne lui retire pas ce qu’il aime le plus pour le punir. Il devient un partenaire de la relation que l’on respecte et que l’on accompagne, comme adulte, dans le développement de son raisonnement et de sa prise de conscience des conséquences de ses actes, par l’expérience. Le pouvoir de l’adulte est partagé avec l’enfant qui développe le sien au fil des ans, en imitant les modèles adultes auxquels il s’identifie et s’attache. Nous avons besoin de réorienter notre pensée éducative pour arrêter de contrôler l’enfant et de le contraindre, arrêter de tenter de le saisir pour lui donner une leçon (2), pour plutôt le guider et l’accompagner dans son développement vers la maturité, le faire cheminer. Punitions et récompenses appartiennent au système social autocratique avec des pouvoirs dominants (1). « La punition doit être remplacée par le développement du respect mutuel et de la coopération. » (1, p.60). Ça fait des années que l’on parle de l’approche autoritaire comme étant révolue. On n’a qu’à remarquer que la première édition du livre cité date de 1964 ! Et pourtant, cette approche a la « couenne dure », elle est coriace car, dans nos pratiques, elle demeure, probablement parce que nous l’avons connue comme enfant. Nous avons accepté de changer le vocabulaire, en appelant « conséquence » ce qui est en réalité une « punition ». La punition atteint l’enfant dans sa dignité et ne manifeste pas du respect. Elle n’a pas de lien direct avec le comportement observé. Le sentiment négatif vécu peut détériorer la relation avec l’adulte (2). *Lisez cet article en complément sur viedeparents.ca : Passer de la punition à la conséquence.
Modifier la perception de l’erreur
En adoptant une discipline positive et bienveillante, l’erreur n’est plus « un mal à éliminer, à expier » qui donne un mauvais sentiment, qui humilie, dont il faut se sentir coupable. L’erreur devient une occasion d’apprentissage. Elle fait partie du processus pour se développer sur le plan social. L’enfant se fortifie en la réparant, en redressant son tort pour apprendre le respect. Il a droit à l’erreur mais il doit en assumer les conséquences. Cette attitude lui permet d’apprendre à faire des choix et à les assumer. L’attitude de l’adulte est donc respectueuse, indulgente et empathique (3).
Faire assumer la conséquence plutôt que donner une punition
Voici un exemple tiré du livre cité (1).
« Alex, 10 ans, oublie son lunch. Cela fait plusieurs jours qu’il l’oublie. Maman lui apporte à l’école et le sermonne à chaque fois. »
Laisser Alex assumer la conséquence de son geste serait de le laisser vivre « la faim » pour qu’il en tire un enseignement de son expérience. Comme il est touché lui-même, dans son corps, il peut prendre conscience de son erreur. Il y a de fortes chances qu’il ne la répète pas. Lui laisser vivre la conséquence de ses choix l’encouragerait à devenir capable de prendre soin de lui-même, de développer son autonomie. Faire pour lui et lui servir un sermon, en punition, ne règle pas le problème. En compensant l’erreur d’Alex, la maman ne favorise pas l’apprentissage de son fils. De plus, les sermons moralisateurs empoisonnent la relation et deviennent des obstacles à la communication. La tension devient palpable. Le sens des responsabilités de l’enfant n’est pas développé. L’enfant peut trouver là des raisons de se braquer contre l’adulte.
Pour trouver une conséquence naturelle, il s’agit souvent de se demander « Qu’arrivera-t-il si je n’interviens pas ? »(1). Et alors, au lieu de faire pour l’enfant, on le laisse assumer la conséquence. Dreikurs (1) donne aussi l’exemple d’un enfant qui traîne, le matin et finit par manquer son autobus pour se rendre à l’école. Ce manège se répète. Quelle serait, selon vous, une conséquence naturelle ? L’auteur suggère de laisser le jeune marcher à pied par ses propres moyens pour se rendre à l’école. Une punition serait de le priver de son émission préférée; ce qui n’a aucun lien avec le geste posé. Et ce qui entretient du ressentiment et de la méfiance dans la relation. En effet, plus l’enfant montre ce qu’il aime, plus on le punira en le privant de ce qu’il apprécie. La punition cherche à faire vivre à l’enfant un déplaisir. Ceci peut augmenter sa colère et son désir d’opposition (3).De plus, la punition est donnée le plus souvent sous le coup de l’émotion de l’adulte, comme la colère, la déception, l’impatience, etc. Alors que la conséquence implique que l’adulte contrôle ses émotions et se contient.
La conséquence a un lien avec le comportement observé :
Il s’agit parfois de demander à l’enfant : « Que faire pour que ça aille mieux? », ou encore « Que faire pour réparer? ». L’enfant participe à ce moment à la recherche de solutions pour régler le problème. Il donne des idées qui peuvent devenir des conséquences des actions posées.
Faire observer aux enfants les conséquences de leurs actes
Faire aussi observer aux enfants les conséquences heureuses de leurs choix est un bon moyen d’améliorer les comportements dérangeants. En communiquant une énergie positive, l’enfant en vient qu’à comprendre qu’il peut obtenir une belle attention de l’adulte. On renverse ainsi la vapeur du négatif au positif !
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
(1)Rudolf Dreikurs, Le défi de l’enfant, Éditions Robert Laffont, 1972.
(2) Geneviève Harvey-Miville, Passer de la punition à la conséquence, Vie de Parents, 5 octobre 2018
(3)Nancy Doyon, Conséquences ou punition?, SOS Nancy, 3 novembre 2016
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