Avant que la situation se détériore et que les choses tournent au vinaigre, il y a lieu pour le parent comme pour l’enfant de s’arrêter pour reprendre son souffle et se recentrer. C’est ce qu’on appelle « le moment d’arrêt ». Quand faut-il l’instaurer? Comment le vivre? Ce sont des questions abordées dans cet article.
Comprendre le développement du cerveau
Le cerveau de l’enfant est en développement. La régulation et la gestion de ses émotions impliquent le cortex préfrontal qui est immature durant la petite enfance. Il est en maturation de 5 à 7 ans jusqu’à la fin de l’adolescence, voire même jusqu’à l’âge adulte (25 ans). L’enfant n’est donc pas capable de contrôler ses émotions car les réseaux cérébraux ne sont pas encore fonctionnels. Il a besoin de l’aide de ses parents pour arriver à prendre du recul dans les situations qui engendrent des émotions plus intenses telles que des conflits, des situations particulières difficiles (déménagement, séparation, naissance, etc.), un trop plein de stimuli, des frustrations quelconques, etc.
Communiquer les buts du moment d’arrêt
Le moment d’arrêt est une pause momentanée que l’enfant et son parent vivent pour retrouver le calme et prévenir l’escalade vers des comportements dérangeants où la désorganisation se manifeste. À cet effet, voir les articles via viedeparents.ca « Moment d’arrêt ou retrait : deux approches différentes, partie 1 » et « Que dire du retrait? Partie 2 »
Réagir promptement. Éviter d’attendre
Dès que la soupe devient chaude, quand les choses se gâtent, avant que la moutarde monte au nez, il convient de ne pas attendre et de réagir rapidement en instaurant un moment d’arrêt. « Non! », « Je n’accepte pas! », « On s’arrête un moment! ».
Pour que l’habitude de s’arrêter se développe harmonieusement, il est préférable de ne pas menacer l’enfant en lui disant que s’il continue, il aura un moment d’arrêt. Formulé ainsi, le moment d’arrêt peut être perçu comme une punition à laquelle l’enfant s’opposera avec des cris « Non! » et des pleurs. Décréter un moment d’arrêt dès les premiers signes précurseurs de la désorganisation. Bien expliquer les buts : retrouver son calme, reprendre son souffle, avoir les idées plus claires, etc. Faire voir à l’enfant les avantages du moment d’arrêt : préserver le plaisir, le bien-être, la sécurité.
Instaurer un moment d’arrêt
S’arrêter en s’assoyant dans un endroit calme et sécuritaire et prendre un court répit (2 minutes de tranquillité) constitue un bon moyen pour vivre un moment d’arrêt. Ce moyen peut être utilisé partout : à l’épicerie, lors d’une visite, à la maison, au parc, au restaurant, etc.
Vécu positivement et présenté positivement, non pas comme une menace ou une punition, le moment d’arrêt favorise le développement de l’autonomie de l’enfant qui apprend à identifier les signes précurseurs de la désorganisation. Peu à peu, il apprend à s’arrêter lui-même avant que la situation s’envenime. Il imite ainsi le parent qui lui enseigne ce moyen pour mieux se contrôler. Prendre de grandes respirations durant le moment d’arrêt peut aussi aider à se recentrer.
Apprendre à reconnaître les signes précurseurs de la désorganisation
Les signes précurseurs de la désorganisation sont nombreux :
Mettre des mots sur ce que le parent perçoit comme signes aide l’enfant à prendre conscience des limites qui commencent à être dépassées. Le moment d’arrêt vient appliquer un frein, mettre un holà! Il installe une barrière pour demeurer dans le plaisir, le bien-être, la sécurité, comme il est dit plus tôt.
Quand l’enfant se désorganise, il se divise contre lui-même et perd ses repères. Il a besoin de son parent pour ne pas se retrouver dans cet état. Et pour cela, le parent doit écouter ses sensations et écouter son intuition.
Écouter ses sensations et écouter son intuition
En observant les signes précurseurs de la désorganisation, le parent ressent des sensations qui lui disent que la soupe devient trop chaude :
À ce moment, sans attendre, le parent écoute son intuition et instaure un moment d’arrêt en invitant l’enfant à se poser dans un endroit calme et sécuritaire pour un bref moment.
Offrir un modèle de contenance
Si le parent attendait pour intervenir, il risquerait de se désorganiser lui-même et ainsi offrir un modèle trop autoritaire ou trop laisser-faire (trop dur ou trop mou). La réaction rapide et constante permet de demeurer dans le « juste milieu ». En fait, le parent assure à l’enfant une sensation de sécurité en s’appuyant lui-même sur cette même sensation.
Diminuer les risques de récidive
Quand l’enfant « perd les pédales », le parent risque lui aussi d’être déstabilisé. Il ne sait plus sur quel pied danser. L’enfant peut percevoir ce manque de solidité. Il aura tendance à récidiver avec un comportement dérangeant qui manifeste son insécurité. L’enfant a besoin d’un modèle stable, solide, ferme. C’est sécurisant pour lui!
Bien doser l’ouverture aux émotions
Plusieurs parents sont soucieux de bien accueillir toutes les émotions de l’enfant, y compris les émotions négatives. Mais l’enfant par lui-même apprend peu à peu le sens des limites. L’ouverture aux émotions doit donc être bien dosée pour éviter l’invasion de celles-ci lorsqu’elles prennent toute la place.
En conclusion
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
Équipe Naître et Grandir, Le développement général du cerveau, avril 2024 (sur le Web)
Catherine Guégen, Le cerveau de l’enfant, 2017 (sur le Web)
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