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Dialoguer et demander le consentement : « es-tu d’accord? »

L’étymologie latine du mot « consentir » vient de « consentire » qui signifie « être d’accord avec ». « Sentire » en latin réfère à « la perception par les sens », donc dans notre langage populaire, ça réfère au mot « sentir ». « Sentir avec l’autre en étant d’accord ». Le consentement signifie avoir un partage sensoriel accepté des partenaires de la relation. Certains apprentissages doivent être intégrés pour respecter le consentement de l’autre ou son contraire, son désaccord. La question « Es-tu d’accord? » a donc une place importante dans le dialogue entre les personnes petites ou grandes. En échangeant avec l’autre, il devient impératif de vérifier par la parole l’accord ou le désaccord de l’autre. Cela constitue un dialogue constructif!

Enseigner le consentement aux petits comme aux grands

Le consentement, comme nous venons de voir, révèle un accord, une acceptation, un assentiment, une adhésion, une entente. Comment se fait-il que nous agissions parfois sans obtenir au préalable le consentement de notre partenaire? Comment se fait-il que nous forcions la note pour imposer nos désirs, nos « fantasmes », notre volonté? Parce que nous n’avons pas appris la nécessité du consentement. Or, dès le plus jeune âge, il importe de sensibiliser les enfants à cette notion de « consentement ». Comment? En les accompagnant dans leurs jeux et dans leurs relations sociales. En mettant des mots sur les malaises ressentis lorsqu’il n’y a pas « consentement ». En apprenant aux jeunes enfants à demander l’accord d’une personne avant de prendre selon son désir. Voilà un pas dans la bonne direction!

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Apprendre que le consentement est un accord et apprendre à demander l’accord de l’autre avant d’agir selon son propre désir

Cet apprentissage peut se faire très jeune quand, par exemple, un enfant désire le jouet de l’autre. Spontanément, il pourrait lui arracher le jouet des mains pour jouir à son tour dudit objet. Or, c’est ici que l’intervention de l’adulte est cruciale!  Enseigner à l’enfant à demander l’accord de l’autre avant de prendre. Et comprendre que, sans l’accord de l’autre, il faudra trouver une autre solution pour satisfaire son désir. Il faudra peut-être assumer la frustration de ne pas combler tout de suite, sur le champ, son désir pressant.  Devoir attendre son tour…Apprendre à composer positivement avec les frustrations auxquelles la vie nous confronte est un apprentissage essentiel. La sensation de frustration est structurante et fondatrice de l’identité d’une personne. À cet effet, voir un article paru dans viedeparents.ca « Les troubles anxieux chez l’enfant : comment les prévenir? Comment accompagner? ». Accompagner l’enfant dans sa recherche d’alternatives pour combler son désir. Donner l’exemple soi-même, comme adulte, en demandant le consentement d’une autre personne avant de prendre un objet ou de la toucher en s’assurant de son accord en posant la question « Es-tu d’accord? ».

Apprendre la réciprocité

Si l’enfant peut lui-même poser ses limites et les faire respecter, il peut apprendre la réciprocité. C’est plus facile pour lui de comprendre que les autres ont les mêmes droits que lui et qu’on ne doit pas transgresser les limites de l’autre.

 

Apprendre à reconnaître un désaccord, un malaise

Sensibiliser les jeunes enfants aux expressions verbales et non-verbales qui manifestent un désaccord, un malaise.

  • « Je n’aime pas ça! »
  • « Je ne veux pas! »
  • « Je ne suis pas d’accord! »
  • « Non! »

Enseigner aux enfants à respecter ces prises de positions ; « Tu as entendu? Il ne veut pas! » Leur apprendre à exprimer eux aussi leur désaccord et leur malaise. Enseigner la signification des réactions non-verbales.

  • Prendre ses distances
  • Reculer
  • Crier
  • Fuir
  • Pousser
  • Figer

Leur apprendre à devenir sensibles aux réactions verbales et non-verbales en développant leur sens de l’observation pour devenir capables de comprendre le désaccord de l’autre et d’exprimer le sien, au besoin.

Les expressions verbales et non-verbales qui expriment un accord sont :

  • « Oui, je veux bien! »
  • « J’aime ça! »
  • Sourire
  • Faire « oui » de la tête
  • Offrir ce que l’autre désire
  • Partager volontairement
  • Tendre les bras
  • S’approcher

Il faut apprendre dès le plus jeune âge que le consentement implique un dialogue continu et qu’un « oui » passager peut se transformer en « non ». Apprendre, donc, à toujours bien observer les réactions verbales et non-verbales. Comme adulte, nommer ces réactions, verbaliser ce que l’on observe, mettre des mots sur les désirs pour bien accompagner les enfants dans leurs apprentissages.

Apprendre le respect des limites

Chaque individu a une « bulle », un territoire à respecter pour ne pas envahir et pour faire respecter son propre territoire. Ici aussi, l’intervention de l’adulte est importante pour sensibiliser les enfants à la « bulle » de chacun en mettant des mots lorsqu’il y a intrusion ou invasion du territoire de l’un ou de l’autre. En répétant, par exemple, les paroles énoncées par un enfant pour manifester un accord ou un désaccord, l’adulte appuie et soutient la prise de conscience dans l’affirmation des limites de chacun et dans le respect que l’on souhaite de ces limites. Apprendre à respecter la distance qui sépare les corps est important. S’approcher de l’autre si on observe des signes d’accord et d’assentiment. Seulement si…

Apprendre à dire « Non! » et à respecter le « Non! » de l’autre

L’adulte peut enseigner très jeune les mots « Arrête! » et « Non! ». Il peut soutenir l’enfant qui exprime un désaccord en verbalisant ce désaccord. Manifester une présence très active dans ces moments où un enfant demande à faire respecter ses limites, dans ces moments où il s’affirme parce que ses frontières corporelles sont envahies.

Éduquer l’enfant signifie aussi de lui parler des abus possibles quand quelqu’un dépasse les limites de l’autre et qu’il n’y a pas consentement.

Parler des parties intimes du corps qui ne doivent pas être touchées ou regardées impunément. Sensibiliser les enfants au sujet de la vigilance qu’ils doivent exercer pour ne pas qu’un adulte touche leurs parties intimes. On fait la différence ici entre les touchers reliés aux soins du corps et les touchers sexuels qu’un adulte ferait pour exciter et satisfaire son désir. Ici aussi, l’enfant doit apprendre très jeune à dire « Non! », « Arrête! ». L’enfant devrait apprendre que lorsqu’on se fait dire « Non! » on vit une certaine déception, une frustration, et, peut-être aussi de la tristesse. Mais ainsi va la vie quand on apprend à respecter ses limites et les limites des autres.

Apprendre que « Mon corps, c’est mon corps! »  Et ce, pour chaque personne

Le corps de l’enfant lui appartient. Personne ne peut le toucher sans son consentement. Aider l’enfant à reconnaître un malaise qu’il ressent ou que l’autre ressent à son toucher. L’adulte prendra soin de verbaliser les messages verbaux et non-verbaux observés pour conscientiser l’enfant.

Aucune marque d’affection ne devrait être forcée chez l’enfant. « Donne un bisou », « Donne un câlin! » devrait se dire « Veux-tu donner un bisou? », « Veux-tu donner un câlin? ». Une pression sociale et individuelle est souvent exercée sur l’enfant pour qu’il manifeste des signes d’affection. Dire à l’enfant qu’il a le choix et qu’il doit s’écouter.

Apprendre à reconnaître les touchers inacceptables

Les touchers inacceptables sont :

  • Qu’un adulte demande de montrer ou de photographier les parties intimes du corps
  • Qu’un adulte veuille toucher, caresser, embrasser les parties intimes du corps
  • Qu’un adulte demande à l’enfant de toucher, de caresser ses parties sexuelles
  • Qu’un adulte force un enfant à regarder des illustrations, des photos, des vidéos à caractère sexuel
  • Qu’un adulte propose des jeux sexuels à l’enfant

Apprendre à parler de son malaise, de son désaccord

Enseigner à l’enfant à se confier à une personne de confiance lorsqu’il a été touché sans son consentement. En parler jusqu’à ce que quelqu’un le croit et le comprenne et dise qu’il va agir pour le protéger. Élargir le cercle des personnes de confiance de l’enfant car, spontanément, l’enfant pense à ses parents. Lui enseigner qu’il y a d’autres ressources fiables. Les nommer.

Apprendre à dénoncer l’abus

Quand on a manifesté un désaccord, qu’on n’a pas donné son consentement et qu’une personne a dépassé nos limites, n’ayant pas respecté nos frontières corporelles, il faut apprendre qu’on doit dénoncer l’abus auprès d’autorités compétentes. Des ressources existent dans l’environnement et elles peuvent grandement être utiles pour nous aider à cheminer. Ici, je vais en nommer quelques-unes mais on doit s’informer dans son milieu de vie respectif pour savoir qui peut nous aider à faire la dénonciation. CLSC, DPJ, police, avocats, info-aide violence sexuelle, centre d’aide aux victimes d’actes criminels, SOS violence conjugale, organismes du programme Espace pour les enfants de 3 à 12 ans.

Conclusion

Tout ce qui est dit dans cet article vaut pour les plus grands, et plus particulièrement quand certains des apprentissages présentés ici n’ont pas été réalisés. Rappelons les apprentissages essentiels pour obtenir le consentement d’une personne petite ou grande :

  • Apprendre à poser la question « Es-tu d’accord? » et à écouter la réponse
  • Apprendre que le consentement est un accord
  • Apprendre à demander l’accord de l’autre avant d’agir selon son propre désir
  • Apprendre la réciprocité
  • Apprendre à exprimer un désaccord, un malaise
  • Apprendre le respect des limites
  • Apprendre à dire « Non! » » et à respecter le « Non! » de l’autre
  • Apprendre que « Mon corps, c’est mon corps! » pour chaque personne
  • Apprendre à reconnaître les touchers inacceptables
  • Apprendre à parler de son malaise et de son désaccord
  • Apprendre à dénoncer l’abus

Si ces apprentissages étaient généralisés dans les familles et dans les milieux de vie, il y a des chances pour que moins d’abus de toutes sortes soient perpétrés. Nos enfants pourraient vivre enfin dans une société où les uns cessent de combler leurs manques en dépassant les limites des autres.

Par Jocelyne Petit Docteure en Sciences de l’Éducation

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