En 2019, qui pourraient bien être nos super héros? Des politiciens puissants, des artistes renommés, des entrepreneurs prospères, des intellectuels notoires? À chaque fois que je pense à un de ces grands hommes au parcours professionnel impressionnant, je me dis que, avec tout ce qu’ils ont accompli dans le cadre de leur travail, ils ne doivent certainement pas avoir eu le temps d’avoir des enfants. Eh bien non, coup de théâtre, ils ont presque tous des enfants! Ensuite, je me dis qu’ils ne les ont certainement pas élevés, leurs enfants, qu’ils avaient certainement une femme à la maison ou une nounou pour faire ça, pas le choix. Et puis, je suis un peu de mauvaise foi et je me dis : « Pfff. Facile de diriger un pays quand tu n’as pas à te demander ce que tu vas manger pour souper et que tu n’es pas stressé d’arriver en retard à la garderie ».
Alors, au risque d’avoir l’air un peu cul-cul, pour moi, les superhéros des temps modernes, ce sont tous ces pères de famille qui se dépensent corps et âme pour concilier travail-famille et pour élever leurs enfants eux-mêmes. Et ce, au risque de subir les regards désapprobateurs de leurs collègues et amis qui croient encore que les enfants c’est une affaire de femmes et que l’homme est un Dieu tout-puissant qui décide de tout. Ces pères qui s’investissent pleinement dans leur famille, qui en sont partie prenante, qui ne sont pas de simples corps non identifiés gravitant en périphérie de celle-ci. Pis ce n’est pas pour faire ma smatte, mais mon chum en fait partie, de ces pères-là.
Des pères qui prennent congé de leur travail quand le petit est malade. Des pères qui vont porter leurs enfants à la garderie, qui discutent avec l’éducatrice et qui se tapent des commentaires parfois déplaisants dans le style : « Jérôme a un trou dans ses mitaines. Il faudrait vraiment les changer » accompagnés d’un regard soutenu et culpabilisant dans le genre « Comment se fait-il que ce ne soit pas encore fait? ». Des pères qui gèrent les crises de bacon. Des pères qui sont, eux aussi, pas toujours cool, car ils doivent, eux aussi, mettre des limites aux enfants et non simplement les chatouiller cinq minutes à leur retour du travail le soir. Des pères qui changent les couches la nuit. Des pères qui annulent une sortie avec les amis pour aller à l’urgence avec le petit. Des pères qui diminuent leur implication au travail pour être plus disponibles pour leur famille (ben oui, ça se peut, pis vous savez quoi, on n’en meurt pas.). Des pères qui vont aux rencontres de parents à l’école, qui font les lunchs et qui font réviser les tables de multiplication. Des pères qui ont du régurgit sur l’épaule et de la purée de carottes dans les cheveux. Des pères qui font l’épicerie avec un bébé qui pleure et un trois ans qui crie. Des pères qui regardent la météo pour savoir si demain matin il faudra mettre le manteau d’hiver ou le manteau de printemps.
Vous êtes mes super héros, car vous contribuez à redéfinir les rôles parentaux, à créer de nouveaux modèles pour vos fils et vous permettez à vos femmes de s’épanouir, elles aussi, dans leur milieu de travail.
En espérant que je n’aurai bientôt plus à vous voir comme des superhéros parce que vous serez devenus… la norme.
Par Fannie Robert - 13 janvier 2020
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