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Quand tu manques la chance de te taire
On a tous une amie, collègue ou voisine qui s’est déjà fait demander elle en était à combien de mois de grossesse sans même être enceinte. Cette histoire d’horreur, on l’a tous entendue ou vécue. On a peut-être même été l’instigateur/trice de ce malaise. Moi je l’ai vécu, à l’époque où j’étais sur une diète stricte. Troublée et complexée par mon physique, j’avais de la difficulté à m’accepter et ce trouble s’est reflété sur mon alimentation. J’étais donc très mince et fragile. C’est pourtant à cette époque, dans la mi-vingtaine, que je me suis fait demander au travail « quand est-ce que ton congé de maternité débute ?». Les éclats de rire de ma collègue m’ont entraînée dans un fou rire. IMPROBABLE! J’avais les joues creuses et le ventre plat. Mes vêtements avaient trompé mon interlocuteur, m’avait-on dit. J’ai donc pris la situation à la légère. Heureusement!
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La deuxième épopée a été moins joyeuse. J’étais enceinte de plusieurs mois, une belle grosse bedaine ronde. Tout mon poids de grossesse se trouvait dans cette bedaine. Pour vous mettre en contexte, je fais 5pi10 et j’ai la carrure qui va avec. Je me souviens que très jeune, je pleurais en cachette lors de mes compétitions de patinage artistique, parce que dans mon léotard multicolore et pailleté, je ne ressemblais en rien à mes amies. Plus grande que les autres, plus carrée que les autres, plus grosse que les autres. Bref, un complexe qui part de loin. Ça fait que j’ai beaucoup d’inquiétude avec l’éducation de ma fille car je souhaite lui épargner ces troubles ou ce manque de confiance en soi. On veut clairement que nos enfants grandissent sans maux, et surtout ne pas leur transmettre les mêmes que les nôtres.
Donc, cette fameuse fois-là, émotivement instable par les hormones de grossesse – certaines se reconnaîtront – j’étais déjà à fleur de peau. Non! J’étais en fait un délicat pétale de rose que le moindre commentaire écorchait comme du papier sablé. Ma belle-mère vient à la maison, je vous épargne les raisons de sa visite (couper la barbe de mon chum. Non elle n’est pas coiffeuse, ni expérimentée), ce qui me rend déjà irritée. Cette femme est l’opposée de moi : j’aime qu’on m’écoute, j’aime qu’on respecte mes choix, mes opinions et j’aime qu’on me suggère les choses et non qu’on me les impose. Tsé quand tu manques la chance de te taire, c’en était une belle occasion. Dans sa maladresse, consciente ou non, ma belle-mère s’est mise à faire un portrait de mon bébé à sa naissance. Une conversation que j’adore avoir avec mon conjoint, mais pas avec ma belle-mère. Selon elle, ma fille devra porter dès ses premiers mois du linge plutôt grand, car le linge de «bébé» ne lui fera pas. J’avais donc à prévoir d’acheter le linge en conséquence, ou du moins elle me proposait d’en acheter elle-même (allô les froufrous et le rose nanane). Déjà, je pense comprendre pourquoi elle me dit ça, mais de se le faire dire maladroitement et sans le moindre remord, ça a suffi à déclencher une torrent de larmes : j’étais trop grande et trop grosse pour mettre au monde un petit enfant et SURTOUT ma famille était elle aussi trop corpulente pour que ma fille soit petite. Ayoye ! Est-ce qu’on venait de critiquer ma fille même pas encore née? Est-ce qu’on venait de critiquer ma famille? Et est ce qu’on venait de me critiquer? Oui! La réponse est oui! Ma belle-mère avait déjà son préjugé face à cet enfant. Mon chum s’est insurgé, je me suis fâchée, elle a quitté et j’ai pleuré.
Conséquemment, ce commentaire, pour certains banal, venait de me toucher exactement là où j’avais mal et où mes plus grandes peurs se cachaient. Alors que pour cette femme, c’était tout à fait approprié et correct d’émettre cette pensée. Toute cette péripétie me prouve en fait à quel point les gens jugent, que nos générations sont différentes et qu’il est plus souvent qu’autrement avantageux de réfléchir avant de parler. Plus facile à dire qu’à faire je l’accorde. Il est acceptable de donner son opinion et de divulguer ses pensées à autrui, mais est ce qu’on peut laisser le jugement de côté? À défaut d’être blessants ou offensants, soyons donc respectueux et délicat à travers nos commentaires.
Rédaction :
Maman Rock
Mise à jour : 13 décembre 2017
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