Pour se faire écouter de nos enfants, nous avons parfois tendance à utiliser le chantage, en menaçant de punir si l’enfant ne comble pas nos désirs ou n’écoute pas la demande, ou encore en leur promettant une récompense s’ils se soumettent.
« Je compte jusqu’à 3…sinon… »
« Si tu fais ceci, tu auras droit à cela! »
« Si tu ne fais pas ceci, tu n’auras pas cela! »
Ces interventions sont à éviter. Pourquoi?
Ces interventions sont à éviter parce qu’elles soumettent l’enfant, lui imposent notre volonté de manière autoritaire, lui ordonnent d’obéir, sinon….Elles représentent un contrôle externe exercé sur l’enfant qui est mené « par le bout du nez ».Elles situent l’enfant à l’extérieur de lui-même. Elles le décentrent. Et comme il tient au lien d’attachement avec l’adulte qui en prend soin, il y a des chances qu’il accepte, non pas parce qu’il a compris quoique ce soit, mais parce qu’il veut échapper à la menace et à l’insécurité qu’elle provoque en lui. Il peut très bien aussi s’y opposer, selon son stade de développement, pour affirmer son identité, son indépendance. Nous sommes alors quittes pour une lutte de pouvoir qui peut prendre des chemins bien tordus et malsains. Dans ces interventions, l’adulte occupe une place où il est supérieur à l’enfant pour que ce dernier abdique sa volonté et se plie aux exigences.
La discipline positive nous oriente ailleurs
La discipline positive nous invite à changer de ton et à considérer l’enfant comme une personne à part entière, un « sujet » en développement continu, à respecter. Elle nous invite à faire appel au raisonnement de l’enfant en développant sa capacité d’attention et sa collaboration. Elle se soucie de l’image que l’enfant se fait de lui-même, à partir de notre regard que l’on cherche à garder bienveillant et positif. Ainsi, l’enfant peut s’accomplir avec une bonne estime de soi.
La discipline positive cherche à augmenter le contrôle interne de l’enfant sur ses actions
Pour que l’enfant devienne autonome et qu’il ait le sens des responsabilités, au lieu de répondre de manière automatique à « la carotte », comme récompense, ou au « bâton », comme punition, on cherchera à accroître sa motivation intrinsèque. En lui faisant remarquer le plaisir ressenti dans les relations sociales, quand il adopte des comportements appropriés aussi. L’autodiscipline devient une valeur importante dans cette approche.
Exprimer ses sentiments, ses besoins et ses désirs de manière directe
L’adulte ne passera pas par la menace ni le chantage. Ex. : « Je suis pressée, ce matin. Je manque de temps. J’ai besoin qu’on fasse vite pour s’habiller. Je n’aime pas être en retard! » L’adulte manifeste donc clairement ses attentes.
Donner des choix à l’enfant
Ex. : « Est-ce que tu le fais toi-même ou tu as besoin d’aide? », « Est-ce que tu ranges les blocs ou les voitures en premier ? », « Est-ce que tu me donnes la main droite ou la main gauche pour traverser la rue? », « Est-ce que tu viens par toi-même ou c’est moi qui viens te chercher? »
À ce titre, voici un exemple vécu. Un enfant de 3 ans bouge ses jambes, alors qu’il est couché pour la sieste. C’est comme un jeu pour lui : relever ses jambes et les abaisser. Mais ça l’empêche de se calmer pour dormir. L’adulte lui dit : « Est-ce que tu peux calmer tes jambes toi-même ou tu as besoin d’aide? ». L’enfant répond : « J’ai besoin d’aide! ». L’adulte pose alors ses mains sur les jambes de l’enfant et les masse doucement. Il se retire ensuite et l’enfant s’endort. Que pouvons-nous retenir d’une telle expérience ?
Au lieu de contraindre l’enfant physiquement contre sa volonté, l’adulte lui a donné des choix. En évitant la contrainte, la menace, le chantage, la punition, la récompense, et en donnant des choix à l’enfant, le problème s’est résolu.
Expliquer les séquences des évènements
Ex. : « Nous commencerons par ranger la salle de jeux. Après, nous aurons la collation avant d’aller jouer dehors! ». Cette intervention qui situe l’enfant dans la séquence des évènements est beaucoup plus agréable à entendre que « Si tu ne ranges pas tes jouets, tu n’auras pas la collation et nous n’aurons pas le temps d’aller jouer dehors! ».
Verbaliser les émotions, les besoins et les désirs de l’enfant
Ex. : « Tu aurais aimé rester au parc plus longtemps! Tu as du plaisir quand on vient ici! Nous reviendrons demain, c’est certain, si la température nous le permet. Je vois que tu aimes ça beaucoup!! »
Démontrer de l’empathie, de la compréhension avant de frustrer l’enfant. La frustration est nécessaire à intégrer pour l’enfant, mais s’il se sent compris et accepté, il aura plus de facilité à bien se comporter.
Éviter le chantage alimentaire
Ex. : « Si tu ne manges pas toute ton assiette, tu n’auras pas de dessert! », « Si tu ne manges pas tes légumes, tu seras puni ! ». Il est de beaucoup préférable que vous offriez des aliments de qualité, y compris pour le dessert et que vous laissiez l’enfant déterminer lui-même la quantité dont il a besoin. (Voir l’article paru dans Vie de Parents «Le refus de manger et les caprices alimentaires : que faire? »
Se calmer avant d’intervenir lorsqu’on est sous l’emprise d’émotions fortes
Plutôt que d’avoir recours au chantage, l’adulte pourra s’isoler un moment pour reprendre son contrôle de lui-même. Il peut le dire à l’enfant ; « J’ai besoin de me calmer avant de te parler! ». Bien respirer, se ventiler, prendre un temps pour soi pour mieux intervenir. Le chantage apparaît souvent dans des moments où l’adulte est tendu.
Souligner les comportements appropriés qui sont plus difficiles pour l’enfant à adopter
Lorsque l’adulte perçoit que l’enfant fait des efforts pour mieux se comporter, le souligner en disant que c’est bien apprécié, est une intervention positive qui peut encourager l’enfant à collaborer davantage.
Conclusion
« Je compte jusqu’à 3 » peut donner un temps à l’enfant pour comprendre la demande et se repositionner de lui-même face à elle, en acceptant la frustration inhérente à la limite qui lui est donnée. C’est le « Sinon… » qui fait basculer l’intervention vers la menace. Si l’adulte disait ; « Je compte jusqu’à 3 pour te donner le temps de réfléchir… », c’est déjà plus positif et constructif! L’enfant est respecté. On fait appel à son raisonnement (réfléchir), on peut enchaîner ensuite, si l’enfant ne vient pas, « Est-ce que tu viens par toi-même ou tu as besoin d’aide ? ». On donne alors des choix. Le ton demeure neutre et cordial. L’attitude est bienveillante. Le langage non-verbal est déterminé mais non rigide. On peut ainsi s’en sortir plus facilement !
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Référence
Équipe Naître et grandir, Intervenir : le chantage, juillet 2019.
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