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Assumer son imperfection
Je travaille pas mal. Dans le sens de pas mal beaucoup.
La question de base était de savoir s’il était possible d’avoir un enfant dans ce contexte. Mes parents travaillaient pas mal beaucoup eux aussi. Je me suis donc dit: « why not? »
Comme beaucoup, j’imaginais des vacances sur une plage à faire des châteaux, à arbitrer des concours de « bombes » dans la piscine, je me voyais acheter les fournitures scolaires, plastifier les livres, aider aux devoirs, assister aux récitals et aux spectacles de ballet, lire les journaux intimes, avoir des anecdotes plates à raconter sur l’heure du lunch comme les autres, et j’en passe (mon imagination était fertile).
Je me suis donc lancée tête baissée dans ce projet. La grossesse a été difficile, tant physiquement qu’émotionnellement. Il fallait jongler avec les contraintes professionnelles et l’impitoyable jugement des autres: « tu vas pas allaiter? tu prends pas un an de congé? tu manges des cretons? » Vraiment, cela laissait présager le pire…
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Quand ma fille est née, bien que je me sois rapidement sentie investie d’un immense devoir, j’ai éprouvé beaucoup de difficulté à « décrocher » du travail. J’ai continué de répondre à mes courriels, à participer aux activités de bureau, à me tenir informée.
J’ai recommencé à travailler quelques mois après mon accouchement, laissant ma fille aux soins des éducatrices. Dans le cadre de mon travail, je suis souvent appelée à passer des nuits à l’extérieur de la ville, à travailler à des heures inhabituelles. Ma fille semble aussi confortable en ma compagnie qu’avec ma mère, ma belle-mère, son père, ses éducatrices, madames à l’épicerie…
Pour pallier à mon sentiment de culpabilité, je m’occupe des déplacements vers la garderie, d’acheter les vêtements et les trop nombreux jouets, de préparer les gâteaux pour les célébrations, de passer du temps à 4 pattes à jouer à pas grand-chose… à faire ce qu’une VRAIE mère doit faire.
Pourquoi est-ce que je me sens jugée? Pourquoi est-ce que je me juge moi-même? Le rôle de mère, dans sa définition traditionnelle, n’a peut-être pas évolué à la même vitesse que l’accession des femmes au marché du travail. Une mère, c’est une mère. Mais en même temps, comment vouloir atteindre l’équité homme-femme dans des professions qui requièrent un apport considérable en temps et en énergie?
Vous pensez que j’ai une réponse, hein? J’en ai pas! Je retiens toutefois quelque chose de ce qui m’arrive. J’ai porté beaucoup de jugements sur différentes mères, pour différents motifs. La vérité, c’est que c’est difficile pour certaines d’être mère, qu’il n’y a pas de manuel d’instructions, pas nécessairement d’ « instinct » maternel. Respectons nos choix personnels et ceux des autres qui diffèrent de nos opinions.
Assumons notre imperfection.
Ma fille, sa mère l’aime. Elle devrait s’en tirer…
Rédaction :
R-Mom, Cette mère qui travaille trop
Mise à jour : 10 août 2017
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