Tu le sais, lorsque j’ai appris ta situation récente, ça m’a énormément touché. En fait, je dirais même que de te savoir à risque d’accoucher prématurément m’a plus que rentré dedans, ça m’a complètement démolie… Mon amie, ma chère amie, j’aurais tellement voulu t’épargner tous ce stress et ces maux que je connais trop bien. Bien naïvement, je vous croyais, mes amies proches, immunisées face à la prématurité; je l’avais vécu suffisamment pour vous prémunir. Statistiquement, j’avais fait notre part!
Savoir que tu risquais, à 27 semaines de grossesse seulement, d’accoucher d’une heure à l’autre, puis d’une journée à l’autre, m’a refait vivre toutes les émotions que j’avais vécues, 4 ans plus tôt, et que j’avais bien enfouies au fond de moi. Je savais trop bien comment tu pouvais te sentir… sentir que ton corps te lâche, sentir que tu perds le contrôle sur la situation, sentir une grande incompréhension, te sentir tellement impuissante et, surtout, t’inquiéter pour l’avenir de ce petit être à naître. Mon amie, je n’ai pas été là avec toi physiquement, mais sache que j’ai été avec toi en pensée, du moment où tu as perdu tes eaux jusqu’à maintenant et que je continuerai à t’appuyer dans cette épreuve.
Je dois te dire que tu m’impressionnes! Tu as fait preuve d’une grande rationalité, là où je me perdais dans mes émotions. Tu as gardé ton calme, tu es restée concentrée sur le positif. Je te savais très forte, mais tu l’étais encore plus que je croyais!
Comme moi, tu as eu la chance de garder ton petit au chaud plusieurs semaines précieuses. Mais tu connaîtras aussi la prématurité et la néonatalité. Sache qu’il est normal que tu aies parfois envie de pleurer, sans trop savoir pourquoi. Avec du recul, je crois avoir compris pourquoi, malgré le parcours de mes enfants qui allait bien, j’avais constamment envie de pleurer; c’est tout simplement parce que ce n’est pas naturel de séparer une mère de son nouveau-né. Ce n’est pas normal de devoir téléphoner à l’hôpital à 3 heures du matin pendant qu’on se demande, en tirant son lait, comment va son bébé… parce que, contrairement à ce qu’on peut penser et contrairement à ce que tu vas te faire dire, on ne se repose pas à la maison en faisant de belles nuits de sommeil paisibles lorsqu’on a un bébé hospitalisé. Tu te sentiras parfois impuissante, en fait, beaucoup trop souvent. Parfois tu ne comprendras pas tout ce qui se passe. Si tu es comme moi, tu ne poseras pas trop de questions au corps médical, de peur de ne pas être prête à entendre les réponses. Mais comme je te connais, je pense que tu auras cette force, cette force de poser des questions, de comprendre et de faire face rationnellement. Tu sentiras que ton rôle de mère est réduit à faire les soins de bébé (selon un horaire établi), à le bercer (encore selon l’horaire des infirmières) et que ton instinct maternel n’a pas sa place, mais ce n’est pas vrai, tu dois écouter ta voix intérieure de maman et te faire confiance. Ton rôle de mère, bien que très différent d’une naissance normale, est tout autant, sinon plus important.
Les prochaines semaines seront des montagnes russes, mon amie. Et je serai là pour toi. Que tu aies envie de me raconter ta journée au chevet, les petites victoires du quotidien ou les reculs qui font mal, que tu aies envie de pleurer sans t’expliquer ou de faire complètement autre chose pour te changer les idées. Aie confiance, ils sont impressionnants nos petits prémas! Je t’aime!
Maman Pieuvre
Par Équipe Vie de Parents - 12 juin 2017
On parle de prématurité lorsque le bébé naît avant 37 semaines, donc avant terme (la grossesse dure normalement 40 semaines).
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