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10 caractéristiques de la discipline positive
La discipline positive se distingue de la discipline traditionnelle autoritaire par plusieurs caractéristiques. C’est une discipline bienveillante et démocratique qui considère l’enfant, peu importe son âge, comme un partenaire de la relation. Un partenaire à respecter et dont on reconnaît la dignité. Voici 10 caractéristiques qui apparaissent fondamentales.
1. L’enfant, de la naissance à l’âge adulte, est considéré comme une personne à part entière.
Un lien d’attachement solide se tisse entre l’enfant et l’adulte. Ce lien privilégié permet à l’enfant de construire en lui un sentiment de sécurité, en recevant de l’amour et en vivant avec plaisir des moments de proximité et de disponibilité. Il n’est pas un être imparfait que l’on doit « dresser » correctement pour faciliter son insertion dans la société. Il a en lui un bagage à mettre en valeur, dans un environnement stimulant et riche en possibilités d’exploration. Le respect est donc de mise. Si un comportement dérangeant est observé par l’adulte, la valeur de la personne de l’enfant ne sera pas mise en cause. Le comportement sera jugé dérangeant, mais non la personne. Des paroles comme « Tu n’es pas gentil! » seront évitées. « Ce que tu as fait est inacceptable ! » viendra distinguer le comportement de la personne et de sa valeur inaliénable.
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2. L’adulte est un modèle pour l’enfant.
Ainsi, l’adulte fait tout en son pouvoir pour éviter des comportements brusques, des paroles blessantes, un ton autoritaire, des menaces, des commentaires négatifs. Ce qu’il désire voir apparaître comme comportements chez l’enfant, il tente de les adopter lui-même. Si l’émotion monte en lui lors d’une situation particulière, il tente de retrouver son calme avant d’intervenir. Il tente de « se contenir » pour ne pas laisser déborder ses émotions négatives de colère, ou autres. Si jamais il considère qu’il a fait une erreur, il en parle à l’enfant pour dissiper tout malentendu.
3. L’autonomie et le sens des responsabilités sont des valeurs de base.
L’autonomie est la finalité de l’éducation (Françoise Dolto). L’intervention de l’adulte cherche à développer chez l’enfant l’autodiscipline, c’est-à-dire l’intériorisation des règles et consignes par l’enfant même. Ce dernier devient capable de respecter des limites, car il peut s’expliquer à lui-même les raisons de ces demandes de l’adulte. Sur tous les plans du développement, les valeurs d’autonomie et le sens des responsabilités guident l’adulte dans ses interventions. Ainsi, tout ce que l’enfant peut faire par lui-même est encouragé et ce, jusqu’à ce que le jeune adulte prenne son envol.
4. Le contrôle interne de l’enfant et sa motivation interne sont aussi valorisés.
Au lieu de contrôler l’enfant de l’extérieur et de le motiver par des récompenses et des privilèges, par la peur des punitions, l’enfant est encouragé à développer son contrôle interne en observant les effets bénéfiques de ses actions positives. Le sentiment d’importance, le sentiment de compétence « Je suis capable », ainsi que l’estime de soi se développent dans cet environnement riche en encouragements. Riche aussi en prises de conscience. Comprendre les impacts de ses actions sur les autres et sur l’environnement est important.
5. Les conséquences logiques et naturelles remplacent les punitions.
Ainsi, au lieu de punir l’enfant en lui retirant quelque chose qu’il aime, l’adulte amène l’enfant à assumer les conséquences logiques et naturelles de ses actes. Il l’amène à observer ce qui se passe quand l’enfant se comporte ainsi, voir les effets négatifs et les réparer dans la mesure du possible, en faisant une action positive reliée au méfait. (Voir l’article paru dans Vie de Parents : Punition ou conséquence « Si tu ne fais pas ce que je te demande, tu auras une conséquence! »).
6. L’enfant participe dans la recherche de solutions.
L’enfant est encouragé à donner ses idées pour résoudre les problèmes qui se posent. Il n’est pas soumis à l’autorité rigide de l’adulte auquel on lui demanderait d’obéir. L’adulte n’impose pas de solutions, comme des excuses ou des câlins. Il consulte l’enfant qui est considéré comme un partenaire dans la relation.
7. Des limites claires, constantes, sont expliquées à l’enfant.
Le pourquoi de ces limites est connu de l’enfant. De cette manière, il peut mieux les intérioriser et les appliquer par lui-même, plus il vieillit. L’encadrement est vraiment essentiel pour l’enfant. Il a besoin de savoir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Au lieu de donner des ordres à l’enfant, l’adulte peut le questionner sur la consigne à respecter, sur ce qu’il en comprend pour enrichir la compréhension de l’enfant, au besoin. Les consignes à respecter sont formulées à la positive, c’est-à-dire que l’adulte énonce le comportement attendu au lieu de dire ce que l’enfant ne doit pas faire. Ex. : « Marche! » au lieu de « Ne cours pas! », « Parle doucement! » au lieu de « Ne crie pas! ». (Voir l’article paru dans Vie de Parents « Les 5 C de la parentalité positive, de Geneviève Harvey-Miville, 31 décembre 2018)
8. L’erreur est perçue comme une opportunité pour apprendre.
Ici, nous touchons à une grosse distinction entre une approche autoritaire et une approche positive et bienveillante. L’erreur n’est pas à bannir ni à expier en se culpabilisant. L’erreur est humaine. Et nous pouvons la réparer. Elle fait partie du processus de développement. Elle est à reconnaître comme telle, pour apprendre de ses expériences.
9. Les émotions et sentiments négatifs sont reconnus et acceptés.
Voilà une autre grosse différence! L’enfant n’est pas critiqué ni jugé négativement parce qu’il éprouve en certaines occasions des émotions et sentiments négatifs comme la colère, la tristesse, la jalousie, l’agressivité, etc. L’enfant est reçu dans ce qu’il vit avec empathie et compréhension. Il ne peut faire mal à l’autre ou briser des choses sous le coup de ces émotions et sentiments. Mais il peut les ressentir. L’adulte l’aide à développer une contenance pour éviter de projeter un trop-plein d’énergie sur autrui ou dans l’environnement.
10. L’originalité, la créativité et l’unicité de l’enfant sont valorisées.
Au lieu d’orienter l’enfant vers la conformité, l’adulte encourage ses talents uniques, ses habiletés particulières. En toutes occasions, il cherchera à mettre l’accent sur ce que l’enfant fait d’unique, d’original, de créatif. Il soulignera ses forces. Ainsi, l’encouragement prend tout son sens !
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation.
Références
Maude Dubé, Éducatout, La discipline positive. Date indéterminée
Maude Dubé, Éducatout, 10 principes sur la discipline positive. Date indéterminée.
Jocelyne Petit, Il était une fois le pouvoir, Éditions Isabelle Quentin, 2003.