De nos jours, les jeunes enfants sont confrontés à notre système de santé. Ils doivent parfois aller consulter à l’urgence de l’hôpital. D’autres fois, ils peuvent être hospitalisés ou encore voir un de leurs proches être hospitalisé. Comment les accompagner dans ces moments plus difficiles où la maladie s’installe chez eux ou chez un proche? C’est à cette question que nous allons tenter de répondre dans cet article en proposant des interventions aidantes.
Parler le vocabulaire du corps, le vocabulaire des sensations
Parler avec des mots que l’enfant connaît : « mal », « bobo », « microbe », « maladie », « fragile », « faible », etc. Parler des sensations qu’il aura durant une intervention : piqûre, sensation de peau tirée, sensation de froid et de chaud, sensations de brûlure, sensation de douleur. Dire combien de temps approximativement durera la sensation : une minute, deux minutes dix minutes, etc.
Parler vrai. Éviter de banaliser les sensations ressenties
Toujours dire la vérité sur ce qui sera ressenti. Éviter de dire « Ça ne fera pas mal! ». Décrire les interventions à venir avec des mots simples. Prévenir l’enfant de ce qui va arriver pour lui ou pour un proche.
Parler de réparation du corps et de récupération de l’énergie
Donner espoir que le but visé est positif, qu’on va réparer le corps là où il a mal et qu’après on va avoir une belle énergie qui vient de la guérison, qu’on va avoir plus de force.
Parler de ce qui change dans les habitudes de vie à cause du mal ressenti par l’enfant ou par un proche
Parler du besoin de repos pour guérir qui engendre plus de distance dans les relations. Parler de la contagion possible. Dire quand les habitudes de vie seront reprises. Parler de ce qu’on peut faire et ne pas faire selon les circonstances.
Trouver des moyens de communication durant l’absence due à l’hospitalisation
Aujourd’hui, les moyens de communication sont nombreux et variés : visites à l’hôpital, rencontre virtuelle, courriels, téléphones, dessins, cartes de souhait, etc. Choisir des moyens de communication adaptés à l’âge de l’enfant pour garder le contact avec les personnes chères. L’enfant hospitalisé peut craindre que son absence attriste ses proches. Garder le lien aussi vivant que possible par différents moyens de communication. Garder avec l’enfant la communication ouverte au niveau de ses besoins à lui.
Parler de l’évolution de la maladie et du processus de guérison
Tenir l’enfant au courant du processus de guérison qui s’opère en lui ou chez un proche. Mettre des mots sur les nouvelles sensations : plus d’énergie, plus de force, moins de douleur, etc. Faire remarquer les nouvelles habiletés qui se développent avec le temps.
Utiliser des livres d’enfants pour parler de l’hospitalisation et du fonctionnement du corps
S’informer dans les librairies et les bibliothèques des ressources qui existent qui parlent de l’hospitalisation et du fonctionnement du corps. Celles-ci permettent d’aborder le sujet avec l’enfant et de répondre à ses questions.
Utiliser du matériel ludique pour jouer l’hospitalisation et la maladie
Trousse médicale, trousse de premiers soins présentent des objets reliés aux soins de santé. L’enfant peut reconnaître des instruments utilisés pour lui ou pour un proche. Il peut jouer au docteur et, de ce fait, ventiler certaines anxiétés reliées à la situation. En observant son jeu attentivement, l’adulte peut aider l’enfant à « recadrer » certaines perceptions. Avoir une peluche ou une poupée malade dont il faut prendre soin aide l’enfant à comprendre ce qui se passe pour lui ou pour un proche. Jouer avec un habit de médecin, d’infirmier ou d’infirmière, jouer avec un stéthoscope,etc. , ça permet de transposer dans le jeu ses perceptions et, s’il y a lieu, ses anxiétés.
Parler des issues possibles selon la gravité de la maladie
Encore une fois ici, parler vrai et parler simple. On sait que la mort fait partie de la vie et que la maladie est parfois grave. L’enfant ou la personne proche peuvent finir leur vie, à cause de la maladie. Valoriser tous les petits moments positifs vécus dans l’ici-maintenant. En profiter au maximum. Apprécier avec l’enfant ce que la vie offre malgré la limite qui est donnée à la vie. Permettre à l’enfant hospitalisé de socialiser avec d’autres jeunes et de s’amuser peu importe l’issue de la maladie.
Verbaliser les sentiments et émotions tout au long du processus
Tristesse, peur, colère, ennui, isolement, anxiété, solitude, abandon, etc. Se montrer sensible et bien observer l’enfant. Son corps parle par l’attitude qu’il adopte. Vérifier avec l’enfant ce que vous percevez. L’enfant peut être sensible aux émotions de ses proches. Le questionner à ce sujet et adopter une attitude empathique et compréhensive.
Préparer l’hospitalisation
Si possible, préparer l’hospitalisation en allant visiter les lieux avec l’enfant : les chambres, l’aire de jeux, la salle d’opération, etc. Si la visite n’est pas possible, utiliser des images qui illustrent le type d’environnement que l’enfant fréquentera.
Utiliser la musique pour calmer l’enfant
Selon les goûts musicaux de l’enfant, lui suggérer d’écouter ses musiques préférées et relaxantes avant certains examens ou certaines interventions.
Donner à l’enfant un collier de courage et un diamant de force
Trouver des symboles qui rejoignent l’enfant. Ces symboles peuvent l’aider à garder espoir dans le processus de guérison. Il s’identifie à ces symboles et peut développer une attitude positive devant l’épreuve.
Conclusion
Voilà donc quelques idées pratiques pour aider l’enfant à vivre une hospitalisation ou à voir un proche dans cette situation. La clef de l’intervention est la parole liée au corps partagée en toute honnêteté, la sensibilité aux émotions des gens en présence, la concentration sur l’ici-maintenant pour jouir de la vie, malgré l’épreuve.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
Catherine Dolto-Tilich, L’hôpital, Éditions Gallimard Jeunesse Giboulées, 2021
Mon encyclopetit du corps humain, Éditions Petits Génies, 2020
Par Fondation les petits trésors - 28 septembre 2022
Vous souvenez-vous d’avoir joué avec un coin-coin lorsque vous étiez enfant? Entre amis ou en famille, il s’agissait d’un moment...
Lire l'articlePar Jocelyne Petit - 9 septembre 2024
Plusieurs parents recourent à un service de garde pour leur enfant. Que ce soit en garderie privée, en Centre de...
Lire l'articlePar Jocelyne Petit - 12 novembre 2024
L’étymologie latine du mot « consentir » vient de « consentire » qui signifie « être d’accord avec ». « Sentire » en latin réfère à « la perception...
Lire l'article