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Le désir sexuel, ça ne vient pas tout seul!
À de nombreuses occasions, j’ai pu entendre des choses comme : «j’aime mon chum, ça devrait être naturel de faire l’amour»…oui et non. Dans un premier temps, amour et sexualité ne vont pas toujours de pair, et deuxièmement, même lorsque les deux conditions sont réunies, le désir sexuel n’est pas nécessairement présent en tout temps, à toutes les périodes de la vie et sur commande. Je le dis et le répète, le désir sexuel n’est pas un interrupteur que l’on peut simplement mettre à ouvert ou fermé. C’est un peu plus complexe que cela, tout comme l’être humain est beau et complexe à la fois.
Les gens qui viennent me voir pour un manque ou une absence de désir ressentent une souffrance face à la situation. Parfois, ils craignent la dissolution du couple, d’autres fois ils craignent de ne pas être «normaux». Un des problèmes que je perçois est l’imaginaire collectif de ce qu’est être normal. Nous sommes bombardés d’images sexualisées, de téléséries dans lesquelles les gens veulent beaucoup et tout le temps. Je ne crois pas non plus qu’il existe de film pornographique dans lequel nous voyons un homme dire à sa conjointe: «pas ce soir chérie, je suis fatigué». Évidemment, on passerait à côté du but. L’idée est que nous mettons l’emphase sur la performance et on en vient à angoisser de ne pas représenter ce modèle irréaliste. La première question à se poser est donc: «quelle sexualité ai-je envie de vivre?», puis «qu’est-ce que ma normalité à moi?». Tel que mentionné précédemment, si notre ressenti est en incongruité avec notre réalité, il devient important d’aborder la situation. Bien souvent, on s’adapte à une dynamique plus ou moins satisfaisante ou simplement, moins on le fait, moins on en a envie.
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La sexualité est à la base une chose belle et naturelle (lorsque pratiquée par deux personnes consentantes bien sûr!), mais elle demande cet élan qu’est le désir sexuel.
Le désir sexuel est «naturel», mais il varie chez les individus pour diverses raisons (bio-psycho-sexologique). Il est parfois très fort, par exemple dans la phase passionnelle des débuts amoureux, mais peut être plus faible dans les périodes de grands stress, quand la routine devient trop rigide ou pendant et après une grossesse (etc.!). N’oublions pas que dans le terme «relation sexuelle», le mot relation est d’égale importance au mot sexuel. Lorsque la «satisfaction relationnelle» est plus ou moins bonne ou que «l’acte sexuel» n’est pas tellement satisfaisant, l’envie de connecter intimement à l’autre peut diminuer.
Ce qu’il faut retenir c’est que le désir sexuel est aussi influençable qu’un ado de 14 ans. Si nous voulons l’influencer positivement, il faut poser les bonnes questions, ouvrir les discussions et surtout, lui faire une place. Le métro-dodo-boulot et le stress qu’il engendre peuvent venir diminuer notre ouverture à la sexualité. Pour avoir un désir, il faut consciemment inclure l’intimité à notre horaire surchargé, sinon il ne viendra pas souvent ou il va passer en coup de vent. Il ne s’agit pas de rendre le tout mécanique, mais si on ne s’oblige pas à avoir des discussions plus intimes avec son partenaire, si on ne règle pas les petits conflits, si on ne s’accorde pas de moments privilégiés, le désir risque de s’estomper. Il faut que je rappelle aussi que la séduction interpelle le désir. Le désir se nourrit partiellement de mystère et de nouveauté. Donc, tentez de séduire et/ou séduire à nouveau votre partenaire par de petites attentions, en prenant soin de vous, en vous envoyant des textos aguichants. Sortez du «pourras-tu passer acheter du lait». Amenez de petits éléments nouveaux, ne serait-ce que de faire les premiers pas différemment ou faire l’amour dans une autre pièce, à un autre moment. Retrouvez-vous dans des situations inhabituelles qui vous feront voir l’autre d’un œil différent.
En résumé, détendez-vous, diminuez les exigences et recentrez-vous sur vos propres besoins. Le désir a une part «naturelle», mais peut être influencé par différents facteurs et varier d’une période de la vie à une autre, ce qui est tout à fait normal. Lorsque le désir nous semble difficile d’atteinte, il faut commencer par déterminer les facteurs causals et poser des actions concrètes pour améliorer notre réalité. Se connecter à sa sexualité peut être le prérequis pour connecter à une sexualité conjugale. Le désir ne vient pas seul et il doit être entretenu. Si vous avez besoin d’aide dans cette démarche, n’hésitez pas à consulter un sexologue!