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L’entrée au secondaire : tout un défi!
Le passage du primaire au secondaire peut occasionner beaucoup de pression pour le jeune et pour ses parents. Faire le choix d’une école n’est pas si simple, surtout si on délaisse l’école publique pour aller dans une école privée. Différentes démarches sont nécessaires. Voici un aperçu de ce que représente ce défi pour le jeune et pour ses parents. Des pistes d’interventions aidantes seront suggérées aux parents pour accompagner au mieux leur enfant.
Les différentes démarches
Le tout commence durant la cinquième année scolaire de l’enfant. Eh oui! Aussi tôt! Au printemps, s’annoncent des portes ouvertes dans différentes écoles. Visiter les écoles susceptibles de répondre aux besoins du jeune prépare celui-ci pour le grand saut qu’il fera après sa sixième année, Nous discuterons plus loin des moyens à se donner pour faire le meilleur choix pour l’enfant.
Avant ces visites en présentiel, les visites virtuelles peuvent être utiles en allant sur les sites Internet, Facebook, sur les blogues des différentes écoles qui retiennent l’attention de l’enfant et de ses parents. Prendre connaissance des différents programmes offerts et aussi des différentes activités parascolaires. Celles-ci, en effet, représentent un excellent moyen pour s’intégrer à un groupe dans le nouveau milieu, pour se faire des amis et ainsi développer une appartenance à l’école.
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Des soirées d’information sont aussi organisées dans certaines écoles. Y participer peut éclairer le choix du jeune et de ses parents.
L’étude du dossier de l’enfant commence par l’examen de ses bulletins de quatrième et de cinquième année. Cette étude sera complétée par l’examen des résultats scolaires obtenus en sixième année.
Certaines écoles font passer à l’enfant un examen d’admission à l’automne de la sixième année. Cet examen porte sur différentes matières (français, mathématiques, habiletés logiques, culture générale). Des ressources existent pour bien préparer le jeune à cet examen d’admission et pour diminuer possiblement son stress. Il faut s’assurer que le jeune participe pleinement au processus et qu’il fait des choix qui lui conviennent car il pourrait volontairement ou inconsciemment rater l’examen d’admission ou moins bien performer.
Parfois, des entrevues et auditions sont organisées pour compléter le dossier du jeune et analyser sa capacité à réussir le programme dans lequel il s’est inscrit.
Vient ensuite l’attente des résultats d’examens d’admission et de la décision de l’école d’accepter ou de refuser la candidature du jeune. Cette étape est très stressante pour l’enfant et pour ses parents. Nous y reviendrons.
Le vécu du jeune
Le jeune entre au secondaire. Il passe d’un milieu où il était le plus grand de l’école à un milieu où il est le plus petit. C’est plutôt déstabilisant! Il va sans dire. De plus, ce changement marque son entrée dans l’adolescence avec tout ce que ça implique. À cet effet, voir l’article paru dans Vie de Parents « L’adolescence ou le complexe du homard ».
Dans ce nouveau milieu, plus grand que l’école primaire qu’il est habitué de fréquenter, il peut avoir peur de se perdre, peur de se retrouver seul aussi. Car il n’est pas certain que ses amis du primaire suivent le même parcours que lui et fassent le même choix d’école. Pour certains, tous ces bouleversements (nouveau milieu, nouveaux professeurs, nouveaux amis, nouvel horaire de cours, l’adolescence, etc.) sont très excitants. Pour d’autres, c’est plutôt angoissant!
Beaucoup de changements ont lieu en même temps. Ça demande une capacité d’adaptation assez grande. Certains appréhendent le changement. Ils développent alors une angoisse de performance. Ils craignent d’échouer à l’examen d’admission et dans leur future vie scolaire. Ils craignent aussi de décevoir leurs parents. Ils craignent d’être jugés « pas bons ». Certains peuvent même avoir un discours intérieur invalidant « Je ne réussirai pas! », « Je ne suis pas bon! », « Je n’arriverai pas à répondre aux attentes de mes parents! », « Je vais échouer! ». Une forme d’auto sabotage s’installe et vient leur rendre la vie difficile. Des manifestations physiques peuvent venir manifester leur malaise et leur inconfort (maux de tête, maux de ventre, nausées, etc.).
Quand l’angoisse de performance prend le dessus sur eux, leurs sentiments prennent des proportions démesurées. Le stress, l’anxiété, l’angoisse sont ressentis dans toute leur ampleur. L’imaginaire vient grossir les défis auxquels ils font face. Il faut les aider à dégonfler ces fantasmes invalidants.
Et quand vient la réponse de l’école, à savoir s’ils sont admis ou pas, la déception se fait sentir s’ils essuient un refus. Encore là, papa, maman seront d’un grand secours pour absorber le choc.
Accompagner le jeune
Accompagner le jeune est la clef du succès dans cette étape de vie à franchir. Premièrement, lors de toutes les étapes de la démarche présentée ici, il convient de se centrer sur les besoins de l’enfant, ses attentes, ses passions, ses désirs, ses rêves, ses intérêts spontanés, ses forces tout en reconnaissant ses limites. Le faire parler aide à orienter le choix de l’école et le choix du programme, ainsi que le choix des activités parascolaires. Ces choix sont super importants car ils font du projet le projet du jeune et non celui de ses parents.
Tout au long du processus, manifester de la présence dans un intérêt soutenu qui porte à questionner le jeune sur son vécu, ses perceptions, ses sensations. Lors de la visite d’une école, ces discussions aident après coup à se situer. Observer comment le jeune parle de son entrée au secondaire à d’autres personnes, comme ses amis, ses grands-parents, etc. Des indices pourront être décelés quant à son adhésion réelle au projet.
Aider le jeune à retrouver sa confiance en soi en lui parlant de ses réussites passées, de ses habiletés présentes, de ses qualités. Surtout lorsque le doute s’empare de lui. Discuter tout au long de ses craintes et de ses espérances. Valider son vécu en manifestant une compréhension. « Je comprends que tu te sentes ainsi! ». Éviter de banaliser les peurs de l’enfant en disant, par exemple, « Ce n’est rien! », « Ce n’est pas grave! ». Écouter les inquiétudes. L’enfant choisit-il vraiment l’école privée? Accepte-t-il de se faire de nouveaux amis qui, comme lui, arrivent dans un nouveau milieu?
Diminuer ses attentes de performance en tentant de ne pas transférer sa propre anxiété comme parents. Éviter de faire pression sur le jeune en jugeant sa valeur selon les résultats scolaires qu’il obtient. Communiquer l’estime, la fierté, la confiance, l’amour indépendants des succès scolaires. Rassurer le jeune sur ses capacités réelles peu importe les réponses aux demandes d’admission. Dissocier la valeur personnelle de l’enfant de sa performance aux examens.
Diminuer le perfectionnisme. À cet effet, voir l’article publié dans Vie de Parents « Le perfectionnisme : qualité ou défaut? ». Considérer l’échec d’admission comme un signe que le milieu ne convenait pas aux besoins et intérêts de l’enfant. L’échec est possible et normal. Il fait partie du processus d’apprentissage avec les essais/erreurs qu’il comporte. Relativiser la peur de l’échec. Aider l’enfant à rebondir et à développer de la résilience devant l’échec.
Prendre tout son temps pour vivre tous les changements que cette étape de vie implique. Dans le même sens, prendre son temps pour visiter les écoles secondaires. Ne pas en faire un « sprint ». Et faire au fil des jours des activités relaxantes (respirations, yoga, massages, etc.).
Recourir à certaines ressources au besoin pour se donner une meilleure chance de réussite. :
- Dès la quatrième, recourir à un tuteur pour améliorer les résultats scolaires de l’enfant qui manifeste un besoin d’aide.
- Avant l’examen d’admission, revoir avec le jeune les matières de base (le français, les mathématiques, les habiletés logiques, la culture générale).
- Recourir à l’organisme « Succès Scolaire » pour vivre une simulation d’un examen d’admission et pour faire des exercices gratuits en ligne pour mieux se préparer.
- Recourir à l’organisme « Alloprof » pour obtenir le répertoire de révision de la cinquième année du primaire.
- Consulter viedeparents.ca avec sa section dédiée aux parents d’ados!
Bien explorer les installations des écoles avec le jeune : salles de classe, gymnase, bibliothèque, cafétéria, vestiaires (montrer comment utiliser un cadenas), toilettes, laboratoires. Prendre des notes après chaque visite : points forts, points faibles, sensations éprouvées lors de la visite. Faire un tableau comparatif et consulter l’enfant sur le choix qui lui convient le mieux.
Conclusion
Le rôle des parents dans cette étape de vie cruciale est super important. Ce qu’ils communiquent comme valeurs vient colorer tout le processus. L’angoisse de performance est moins présente si l’enfant se sent accepté inconditionnellement et s’il se sent respecté dans ses choix et ses aspirations. Ainsi, les modèles que représentent les parents pour l’enfant déterminent beaucoup comment le processus se vit.
Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
Références
François Royer, L’anxiété de performance dans la transition à l’école, (sur le Web)
Patricia Therrien, 8 trucs pour accompagner votre enfant qui entre au secondaire, (sur le Web)
Université de Sherbrooke, Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale, Préparer l’entrée au secondaire, 2020, (sur le Web)
Ordre des conseillers et des conseillères d’orientation du Québec, Espace parents : Transition primaire-secondaire, (sur le Web)
Succès Scolaire, Examen d’admission secondaire 2024 : guide de préparation, (sur le Web).